Vacances lors de la dictature espagnole, rétrospective sur Katsushika Hokusai, visions artistiques de l’apocalypse depuis des siècles… Ces sept expositions en Europe sont à inscrire parmi les immanquables de votre agenda culturel de rentrée.
De Berlin à Bilbao en passant par Paris et Göteborg, l’été se poursuit avec des expositions captivantes sur divers sujets culturels, artistiques et de société. Entre réflexions sur notre monde et contemplation d’un univers créatif, les parcours immersifs nous plongent dans de passionnants mondes.
Vamos a la playa – Vacances sous Franco au Museum Europäischer Kulturen (Berlin, Allemagne)
Le Museum Europäischer Kulturen consacre une exposition sur l’essor du tourisme de masse sous la dictature espagnole à l’occasion du 50ème anniversaire de la mort de Francisco Franco. Dans l’Espagne des années 1960, ruinée par la guerre civile et l’autarcie, Franco ouvre le pays aux visiteurs étrangers pour relancer l’économie. La construction d’hôtels et d’infrastructures attire rapidement des vacanciers séduits par les plages, les prix bas et l’image pittoresque d’un mode de vie “authentique”. Ces séjours deviennent alors une vitrine positive qui masque la répression politique en cours. Sous le titre “Vamos a la playa. Vacances sous Franco”, huit artistes européens interrogent cette contradiction à travers installations multimédias, photographies et collages. L’exposition réunit pour la première fois deux volets présentés en 2024 en Catalogne et propose une réflexion sur la mémoire collective et l’impact, conscient ou non, de ces voyageurs sur l’image de l’Espagne franquiste. A découvrir jusqu’au 7 décembre 2025.
Paul Poiret, la mode est une fête au Musée des Arts Décoratifs (Paris, France)
Plongez dans l’audace et l’élégance de Paul Poiret (1879-1944) au Musée des Arts Décoratifs. L’exposition signe la première grande rétrospective parisienne consacrée à ce visionnaire qui, au début du XXᵉ siècle, a révolutionné la Haute Couture en libérant le corps féminin du corset. De la Belle Époque aux Années folles, le parcours dévoile près de 550 pièces – robes, accessoires, dessins, parfums et objets décoratifs – retraçant l’univers foisonnant du créateur. On y découvre son goût pour la fête, les arts décoratifs et la gastronomie. Autant de facettes qui ont façonné son influence durable sur la mode contemporaine, de Christian Dior à Alphonse Maitrepierre. Un rendez-vous incontournable, jusqu’au 11 janvier 2026, pour les amoureux de mode et d’histoire.
Hokusai (1760-1849), chefs-d’œuvre du musée Hokusai-kan d’Obuse au musée d’Histoire de Nantes (France)
Le musée d’Histoire de Nantes poursuit son dialogue avec le Japon et signe une exposition inédite dédiée à Katsushika Hokusai, maître absolu de l’ukiyo-e (1760-1849). En partenariat avec le musée Hokusai-kan d’Obuse, près de Nagano, l’événement réunit des centaines d’œuvres, dont certaines jamais montrées en Occident. Plutôt qu’une biographie, le parcours explore les grandes obsessions du peintre : la nature, l’eau et la vague, le mont Fuji, mais aussi les beautés d’Edo et les acteurs de kabuki. Une section met en lumière ses séjours à Obuse (1842-1848) et les spectaculaires plafonds décorés pour les chars et le temple Ganshō-in. Au-delà des estampes iconiques, l’exposition dévoile des dessins et des peintures rares, offrant une vision plus intime d’Hokusai et de son univers foisonnant. Un dialogue artistique qui fait écho au pacte d’amitié liant Nantes et le château d’Osaka, à contempler rapidement avant le 7 septembre 2025.
19ème Exposition internationale d’architecture – Intelli gens. Naturel. Artificiel. Collectif. à Venise (Italie)
Venise accueille la 19ème Biennale d’architecture jusqu’au 23 novembre 2025, placée sous la direction de l’architecte-ingénieur Carlo Ratti. Le fondateur du Senseable City Lab au MIT, connu pour son travail sur les villes intelligentes, imagine une exposition-manifeste sur l’adaptation face à un monde en crise climatique et démographique. A la Corderie de l’Arsenal, le visiteur entre dans un récit en quatre temps : d’abord la tension planétaire, puis trois parcours sur l’intelligence naturelle, artificielle et collective, avant une conclusion aux Artiglierie explorant l’espace comme ressource pour la Terre. Dans les Giardini, l’Arsenale et d’autres quartiers, prototypes, installations et projets collaboratifs envahissent la ville, transformant Venise elle-même en laboratoire vivant. Avec un dialogue inédit entre pavillons nationaux et projets de recherche, l’événement se veut catalyseur d’idées concrètes, visant à repenser l’architecture comme outil d’action globale.
Kiefer / Van Gogh à la Royal Academy (Londres, Angleterre)
Cet été, la Royal Academy crée la rencontre inattendue : Anselm Kiefer (1945) face à Vincent van Gogh (1853-1890). Jusqu’au 26 octobre 2025, les galeries Gabrielle Jungels-Winkler se transforment en terrain de dialogue entre deux géants habités par la matière et la lumière. On y voit les ultimes toiles de Van Gogh (1890) côtoyer les œuvres monumentales et inédites de Kiefer, nourries par près de soixante ans de fascination pour le maître postimpressionniste. Un voyage qui démarre adolescent, lorsque Kiefer suit les pas de Van Gogh en Europe, et s’étend jusque dans ses recherches contemporaines mêlant mythologie, philosophie et science. Cette première exposition à explorer ce fil invisible entre leurs univers, conçue avec le Musée Van Gogh d’Amsterdam, déploie trois salles où l’histoire, l’émotion et la couleur se répondent.
Apocalypse : du Jugement dernier à la menace climatique au Musée des Beaux-Arts de Göteborg (Göteborg, Suède)
Et si la fin du monde avait toujours obsédé les artistes ? C’est la question que pose le Musée des Beaux-Arts de Göteborg avec l’exposition Apocalypse : du Jugement dernier à la menace climatique, présentée jusqu’au 18 janvier 2026. En un parcours spectaculaire, cinq siècles de visions apocalyptiques défilent. “Des représentations Renaissance et baroques du Jugement dernier côtoient des scènes romantiques de destruction évocatrices, des images inquiétantes du symbolisme, des dystopies modernes et de la science-fiction” explique le site du Musée. Les œuvres convoquent guerres, volcans, glaciers en fonte, mais aussi nos peurs actuelles : crise climatique, intelligence artificielle, accélération technologique. Peintures, sculptures, gravures et vidéos se croisent pour raconter l’histoire de nos angoisses collectives – du sacré à l’écologique. Avec un focus sur l’Europe et les pays nordiques, l’exposition révèle combien la fascination pour l’effondrement nourrit aussi l’imaginaire et la créativité.
Barbara Kruger: Another day. Another night. au musée Guggenheim de Bilbao (Bilbao, Espagne)
Le Musée Guggenheim Bilbao dévoile la première grande rétrospective en Espagne de Barbara Kruger, figure emblématique de l’art engagé depuis plus de cinquante ans. Son langage visuel – mots tranchants en noir, blanc et rouge – interroge sans détour l’identité, le désir, la vérité et le pouvoir. Entre slogans cultes et images choc, Kruger détourne l’esthétique publicitaire pour provoquer le regard et stimuler la conscience. “Ton corps est un champ de bataille” ou “J’achète, donc je suis” résonnent encore aujourd’hui comme des coups de poing visuels, questionnant la société de consommation, le genre et le contrôle social. Une plongée captivante dans l’univers d’une artiste qui ne cesse de défier les conventions et d’ouvrir le débat, à explorer jusqu’au 9 novembre 2025.
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Photo à la Une : Barbara Kruger: Another day. Another night. Vue d’installation, Musée Guggenheim Bilbao, 24 juin – novembre 9, 2025. © Courtoisie de l’artiste, Sprüth Magers et David Zwirner