La Nouvelle Capitale d’Égypte, un projet ambitieux au milieu du désert, émerge lentement. Cette méga-cité de 270 kilomètres carrés redéfinit le futur urbain égyptien, avec des infrastructures ultramodernes et une vision audacieuse. Véritable oasis du 21e siècle, le projet mêle modernité, durabilité et progrès.
En 2015, l’Égypte lançait un projet titanesque, celui de la Nouvelle Capitale, une mégapole située à une trentaine de kms à l’est du Caire, et s’étendant sur 270 kilomètres carrés au cœur d’une plaine désertique. Huit ans plus tard, ce rêve futuriste prend forme et ambitionne de révolutionner le mode de vie égyptien. Estimé à 60 milliards de dollars, ce projet pharaonique décidé par l’homme fort du pays, le président Al-Sissi, comprend 21 quartiers résidentiels, 25 quartiers dédiés à l’activité économique et gouvernementale, ainsi que des infrastructures ultramodernes.
Dès la fin 2023, une grande partie de l’administration gouvernementale amorcera une lente transition hors du Caire. Dans ce mouvement, l’impensable prend déjà forme au cœur du désert : un vaste parc, des lacs artificiels, près de 2000 établissements d’enseignement, un centre d’innovation technologique, près de 700 établissements hospitaliers et cliniques, plus de 1000 lieux de culte, un stade pouvant accueillir 90 000 spectateurs, ainsi que des hôtels dont le nombre total de chambres devrait atteindre 40 000. Cette métamorphose s’accompagne d’infrastructures ultramodernes, incluant des exploitations solaires, une ligne ferroviaire électrique pour relier Le Caire, ainsi qu’un tout nouveau terminal aéroportuaire international.
À la base de ce projet grandiose se trouve la nécessité de désengorger la capitale égyptienne actuelle, le Caire, avec son trafic urbain incessant et ses bâtiments vieillissants coûteux à rénover. Le Caire, abritant plus de 21 millions d’habitants, soit un cinquième de la population égyptienne en croissance constante, devenait intenable. Pour contrer cette tendance, l’Égypte a depuis les années 70 lancé un programme de villes nouvelles visant à attirer la population vers des cités plus modernes.
La révolution des villes nouvelles
En 2018, alors que la population du pays atteignait les 100 millions, le gouvernement a annoncé une quatrième génération de villes nouvelles, mettant l’accent sur des technologies respectueuses de l’environnement et des services publics intelligents, avec des espaces verts et des infrastructures d’enseignement de pointe.
New Alamein, sur la côte méditerranéenne, est un exemple de cette initiative, visant à créer un centre urbain de 3 millions d’habitants. Au total, en septembre 2021, pas moins de 37 villes nouvelles étaient en projet ou en développement en Egypte, tandis que 24 villes existantes étaient en phase de rénovation.
De Dubaï à la Chine
Initialement conçu par des urbanistes de Dubaï dans les années 2000, le projet de la Nouvelle Capitale a rapidement été pris en main par l’armée égyptienne. En 2016, la Chine est devenue le partenaire privilégié de l’Égypte pour ce projet colossal.
En deux ans, la China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) a signé deux accords majeurs. Le premier concerne la construction des principaux édifices gouvernementaux, notamment le bureau du Président, le complexe du parlement, et un centre de conventions et d’expositions. Le deuxième contrat octroie à la CSCEC l’intégralité du quartier d’affaires central, comprenant 20 immeubles de bureaux, 5 immeubles d’appartements, 2 hôtels de luxe et la fameuse Tour Iconic, la plus haute d’Afrique, culminant à 385,8 mètres.
En route vers l’avenir
La Nouvelle Capitale ambitionne de surpasser Le Caire à bien des égards. Un nouvel aéroport, capable de traiter 300 passagers par heure, est en construction, ainsi qu’un musée archéologique, un quartier des arts et de la culture, et bien d’autres infrastructures. Cependant, la question demeure : qui vivra dans cette métropole futuriste ? Avec des appartements démarrant à plus de 80 000 dollars, la Nouvelle Capitale semble inaccessible pour de nombreux Égyptiens, favorisant principalement les investisseurs aisés.
Pour faciliter son accessibilité, un monorail de 35 kilomètres reliera bientôt la Nouvelle Capitale au Caire. Siemens supervisera le réseau électrique, tandis qu’Atos collaborera avec les autorités égyptiennes pour créer une smart city verte, favorisant les paiements sans contact. La sécurité sera assurée par un réseau de 6000 caméras doté d’un système de surveillance de pointe fourni par Honeywell. Enfin, Schneider Electric équipera les toits des immeubles de panneaux solaires pour promouvoir l’énergie renouvelable.
Malgré ses ambitions, la Nouvelle Capitale fait face à des critiques, notamment en ce qui concerne son impact économique et financier. Néanmoins, le projet continue d’insuffler de nouveaux projets dans le pays, comme le réseau de chemins de fer à grande vitesse prévu sur 2000 kilomètres, avec la ligne du Nord desservant la Nouvelle Capitale, prévue pour 2025.
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