Bryan Johnson, l’homme qui ne voulait pas vieillir

« Je suis un athlète professionnel du rajeunissement » : c’est en ces termes que se décrit Bryan Johnson, un businessman américain de 47 ans, qui tente par tous les moyens de retrouver son éclat de jeunesse.

 

Remonter le temps biologique. L’Américain presque quinquagénaire se veut être un véritable objet scientifique dans sa quête de rajeunissement. Compléments alimentaires à outrance, routine chronométrée quasi militaire, injection du sang de son fils de 18 ans, chirurgie… Bryan Johnson semble convaincu qu’il peut inverser le vieillissement des cellules de son corps et retrouver toute la fraîcheur de sa prime jeunesse. Une ambition encore secrètement rêvée par bon nombre de personnes et devenue obsessionnelle et éthiquement questionnable.

 

Une phase de dépression

 

Son parcours est pour le moins ambivalent. Bryan Johnson grandit à Springville dans l’Utah dans un milieu modeste et sous l’égide de la communauté des mormons, un mouvement religieux issu du christianisme. Son père avocat, souffrant de toxicomanie, est radié du barreau. Ses parents divorcent lorsqu’il a trois ans. A 19 ans, il quitte l’Amérique pour l’Equateur pour devenir missionnaire. Marqué par l’extrême pauvreté du pays, le jeune homme reviendra aux Etats-Unis deux ans plus tard et achèvera ses études à l’université de Brigham Young et à l’université de Chicago.

 

Titulaire d’un MBA en business, Bryan Johnson lance plusieurs entreprises avant même de souffler ses 30 bougies, mais sans grand succès. « J’avais ce désir irrésistible d’essayer d’améliorer la vie des autres. Alors, j’ai pensé à devenir un entrepreneur, à gagner beaucoup d’argent avant mes 30 ans. Puis, grâce à cet argent, à gagner du temps libre pour faire quelque chose d’utile » déclare le businessman lors d’une conférence.

 

 

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En 2007, il fonde Braintree, une solution de gestion des paiements internationaux pour les entreprises qui attire rapidement les investisseurs. Bryan Johnson touche le gros lot en 2013 lorsque sa société est rachetée par PayPal pour 800 millions de dollars. Malgré ce pactole, l’homme, père de trois enfants, est sujet à des pensées noires, une profonde dépression, de l’anxiété et une importante prise de poids.

 

Inverser le temps

 

Désormais multimillionnaire, l’homme d’affaires se recentre sur lui-même. C’est à cette époque qu’il commence à réfléchir sur le concept de vie éternelle. L’objectif est d’optimiser au maximum son existence et d’amener l’humanité dans une sphère supérieure. Il fonde Kernel en 2016, une société de casques qui mesurent les signaux électromagnétiques et hémodynamiques produits par le cerveau.

 

De plus en plus auto-convaincu qu’il peut stopper les effets du temps sur le corps et la santé, il entame en 2021 le fameux Projet Blueprint. Deux millions de dollars sont investis chaque année pour permettre à Bryan Johnson, entouré d’une équipe de 30 personnes, de redevenir jeune.

 

 

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Le protocole a débuté par une batterie de tests permettant d’analyser ses 78 organes et des prélèvements de sang, de salive, de selles et d’urine. S’ajoutent à cela divers examens, entre IRM, échographie et test de méthylation de l’ADN. En bref, des centaines de mesures sont réalisées sur son corps à intervalles fréquents. Tout est passé au crible. Dans une vidéo publiée sur sa chaîne Youtube (1,37 millions d’abonnés), il indique vouloir être « la personne la plus connectée du monde ».

 

Toutes ses données ont ensuite été comparées à celles d’un protagoniste en bonne santé âgé de 10, 20, 30 et 40 ans. Les médecins autour de lui ont dès lors mis au point un algorithme qui permettrait de rajeunir le corps du richissime américain. « Nous avons rassemblé toutes les données, élaboré des lignes directrices cliniques et mis en œuvre les divers protocoles. […] Mon mode de vie quotidien est le résultat de ce processus » explique-t-il au magazine anglais GQ.

 

Une routine ultra protocolaire et des actions délirantes

 

 

Ce qu’il doit manger (des recettes vegan), quand il doit dormir, quelle dose de sport quotidien il doit faire, quel complément alimentaire prendre… Toute sa vie est rythmée par le Projet Blueprint. Levé à 5h du matin, il ingère des dizaines et des dizaines de gélules et prend ses repas (les mêmes tous les jours) à 7h, 9h et 11h, avant de jeûner jusqu’à son coucher entre 20h30 et 21h30. Dans toutes ses interviews, et malgré ce que l’on pourrait croire, l’homme de 47 ans se dit heureux de cette routine protocolaire et se sent plus en forme que jamais.

 

Comme l’indique British GQ, « les tests de condition physique ont révélé qu’il avait le corps d’un jeune homme de 18 ans. Il a ralenti son rythme de vieillissement de 28 %. Et il a inversé son âge épigénétique – l’équivalent de son ADN lorsqu’il est mesuré – de plus de cinq ans. » Il  prétend rajeunir de 7,5 mois tous les 12 mois, gagnant 4,5 mois d’espérance de vie.

 

 

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Des résultats plutôt impressionnants mais qui découlent d’autres actions beaucoup plus excessives et moralement plus questionnables que ces rituels quotidiens ultra calibrés. En mai 2023, Bryan Johnson choque le monde en se transfusant le plasma et le sang de son propre fils, alors âgé de 17 ans. Il stoppe ces injections, dont le principe a déjà été condamné par les autorités de santé américaines, en raison d’effets peu concluants et inexistants. Celui qui voulait à tout prix rajeunir est prêt à tout. Même à se… rajeunir le pénis.

 

Adulé par certains, critiqué par d’autres : la méthode de l’ « athlète professionnel du rajeunissement »,  comme il se décrit, ne fait pas du tout l’humanité sur la scène scientifique. Certains experts dénoncent notamment la batterie de tests hors normes qui fausserait les résultats, et pointent du doigt les éventuels effets secondaires encore inconnus. D’autant plus que la lubie de Bryan Johnson est florissante en termes de business, avec la commercialisation de produits qui rapportent gros à l’heure où les cures de jouvence sont très recherchées.

 

Ce qui est sûr, c’est que l’avenir envisagé par Bryan Johnson, où les gens vivront jusqu’à 120 ou 150 ans, est difficilement envisageable dans les conditions actuelles, excessivement formalisées et onéreuses.

 

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Photo à la Une : © DR

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