Charles Aznavour, la gloire éternelle après des débuts semés d’embûches

Il aurait eu 100 ans cette année. Charles Aznavour est au cœur d’un biopic réalisé par Grand Corps Malade et Mehdir Idir et interprété par l’acteur Tahar Rahim. L’occasion de revenir sur un destin mythique, porté par une voix unique en son genre et des chansons qui reflètent à elle seules le patrimoine musical français.

 

C’est un film événement. Mercredi 23 octobre, le biopic Monsieur Aznavour est sorti en salle. Réalisé par le slameur, poète et auteur Grand Corps Malade et le réalisateur et scénariste Mehdi Idir, ce film d’un peu plus de deux heures met en avant Tahar Rahim dans le rôle principal. L’acteur, connu pour ses films Un prophète (2009), Samba (2014), Désigné coupable (2021) ou encore la série Le Serpent (2021), livre une performance impressionnante. Il réussit le pari fou de rentrer dans la peau de Charles Aznavour grâce à un travail acharné sur sa voix (l’acteur n’étant pas doublé), sa gestuelle et ses émotions. Car la vie du chanteur n’a pas été faite que de strass et de paillettes.

 

Bien au contraire. Comme souhaité par Charles Aznavour lui-même, proche de Grand Corps Malade qui lui avait fait part de son idée de biopic avant son décès en 2018, le film s’axe sur les débuts de l’artiste. Des débuts difficiles, racontés avec justesse par les deux réalisateurs soutenus par la famille du défunt chanteur.

 

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L’espoir et la volonté d’y arriver

 

C’est à Paris, en 1924, que Charles Aznavour naît de parents arméniens. Ceux-ci avaient fait une halte en France dans l’attente d’un visa pour les Etats-Unis. La famille, qui avait accueilli une petite fille un an plus tôt, reste finalement dans l’Hexagone. Elle ouvre un restaurant dans le 5ème arrondissement où le père, un ancien baryton, chante pour les exilés d’Europe centrale et d’Europe de l’Est aux côtés de la mère comédienne. C’est ainsi dans un foyer fréquenté par de nombreux artistes que Charles grandit.

 

Quelques années plus tard, alors qu’il manifeste son envie d’être acteur, ses parents l’inscrivent à l’École des enfants du spectacle. Alors adolescent, il est engagé au Casino de Paris et à l’Alcazar de Paris. Le chanteur et comédien en herbe y voit Maurice Chevalier et voue une grande admiration à Charles Trenet.

 

Alors que la guerre éclate, Charles entre dans une compagnie de théâtre qui donne des spectacles dans la zone occupée. Pendant cette période sombre, la famille cache des Juifs et des Arméniens dans leur appartement parisien.

 

Après plusieurs scènes avec le pianiste et tête pensante de l’École du Music-Hall Pierre Roche, il participe à une émission de la RTF et rencontre Edith Piaf. Ils partiront, tous ensemble, aux Etats-Unis. Le succès est plus ou moins au rendez-vous : Charles Aznavour fait un tabac avec les chansons qu’il écrit, interprétées par d’autres artistes, mais sa propre carrière de chanteur peine à décoller.

 

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Très proche de Piaf, il vit dans son ombre pendant huit ans, étant à la fois sa première partie et son bras droit. Au début des années 50, alors que Gilbert Bécaud met en musique ses textes, Charles commence à flirter avec le succès. Mais ce dernier est controversé, les critiques lui reprochant sa voix voilée trop peu puissante, sa petite taille et sa gestuelle surprenante. Dans un même temps, il est victime d’un grave accident de voiture. Il échappe à la mort malgré des prédictions médicales peu réjouissantes après quatre jours de coma.

 

Au Maroc pourtant, en 1953, il connait enfin les sincères applaudissements du public. Après une tournée en Afrique du Nord, il est embauché au Moulin-Rouge pendant quelques mois.

 

De petits cachets en petits cachets, de scène de seconde zone à trop peu d’estrades prestigieuses, Charles Aznavour se fait une place instable qu’il doit sans cesse légitimer tant il ne fait pas l’unanimité. En 1960, il signe malgré tout dans la maison de disques Barclay.

 

A 36 ans, il est enfin adoubé pour sa chanson Je m’voyais déjà, qui dépeint le portrait d’un artiste qui trime pour réaliser son rêve. Après des années de galère et deux divorces, son travail et sa passion payent enfin.

 

C’est de cette vie que parle essentiellement le biopic Monsieur Charles. D’une gloire qu’il faut mériter et prouver, d’une détermination qui ne doit pas se mêler au désespoir et d’un acharnement résilient pour enfin être dans la lumière.

 

Le succès, enfin

 

La suite, on la connait. Il enchaîne les tubes dans les années 60, avec plusieurs titres qui restent gravés dans les annales : Les Comédiens (1962), Hier encore (1964), For Me Formidable (1964), La Bohème (1965) ou encore Emmenez-moi (1967).

 

Ses chansons sont nostalgiques, mélancoliques, pleines de vécu, parfaitement écrites et véritablement universelles. L’amour, l’amitié et le Paris d’hier l’inspirent. Bon nombre de titres sont d’ailleurs interprétés en plusieurs langues pour parler à tous. Neuf au total. Il met New York à ses pieds et s’installe définitivement en haut de l’affiche.

 

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En 1972, sa chanson engagée Comme ils disent traite de l’homosexualité et dévoile tout l’engagement de Charles. S’en suivent Les Plaisirs démodés, Mes emmerdes, The old fashioned way et She, qui se classe numéro 1 des ventes au Royaume-Uni. Au total, plus de 1200 chansons d’Aznavour sont offertes au public.

 

Plusieurs drames le bouleversent  les années suivantes. D’abord le décès de son fils Patrick en 1976, alors âgé de 25 ans. Mais aussi le tremblement de terre qui frappe l’Arménie en 1988 et retire la vie de plus de 50 000 personnes. S’il n’a pas connu le pays, cette catastrophe le ramène à ses origines. Sous son impulsion, la chanson Pour toi Arménie réunit des dizaines d’artistes dans l’objectif de reverser les fonds à des associations solidaires. Divers thèmes sociaux, politiques, environnementaux et sociétales sont abordés avec finesse par l’artiste tout au long de sa carrière, qui s’est aussi illustré dans des dizaines de films.

 

Si Aznavour se fait plus rare sur scène à partir des années 2000, même s’il poursuit  les tournées, il continue de s’investir dans la musique à travers le monde, de nouer des collaborations avec de grands noms de la chanson et de s’engager pour plusieurs causes.

 

Charles Aznavour s’est éteint le 1er octobre 2018, à 94 ans, mais continue de vivre dans le cœur de ses fans multigénérationnels.

 

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Photo à la Une : © DR

Fashion, hotels, gastronomy, jewelry, beauty, design... Pauline Duvieu is a journalist specializing in luxury and the art of living. Passionate about the high-end spheres that arouse emotion, she loves to describe the creations of the houses and tell the stories of the talents she meets.

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