Repetto, le fabricant de chaussons de danse et de chaussures, perd l’auteur de sa relance. La marque a annoncé hier dans un communiqué le décès de son président et propriétaire, Jean-Marc Gaucher, survenue mardi, à l’âge de 70 ans.
« C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès brutal de Jean-Marc« . Ce sont les mots sobres et pudiques de sa femme, Catherine Gaucher, citée dans le communiqué de Repetto.
Décrit comme un « amoureux de la vie« , cet homme d’affaires originaire de Montreuil, à vécu » the american dream » à la française.
De rien…. à tout
Jean-Marc Gaucher est issu de la classe ouvrière. Avec un père ouvrier, puis chauffeur de taxi et une mère maraîchère, il quitte l’école à 15 ans et enchaîne les petits boulots.
Grand amateur de sport et en particulier de course de fond à haut niveau, il se fait repérer par le patron de Reebok et devient en 1983 distributeur exclusif des produits de la marque en France. Travailleur et téméraire, il jongle entre son poste dans l’entreprise de baskets et un travail en parallèle comme preneur de son chez TF1.
La chance lui sourit neuf ans plus tard, quand il devient PDG de la filiale française de la marque britannique ainsi que vice-président international.
Et tout s’accélère ensuite pour le jeune homme, qui se fait un nom tout seul et devient businessman, presque du jour au lendemain.
En 1999, Jean-Marc Gaucher reprend Repetto, alors au bord du dépôt de bilan et en devient dès lors le président directeur général. Animé par une volonté très forte de mettre en avant le savoir-faire à la française, il apporte une seconde vie à la Maison, fondée en 1947 par la créatrice éponyme, Rose Repetto.
Très vite, il se fait un nom dans le secteur du luxe, aussi bien dans l’hexagone qu’à l’international. Précurseur et toujours à la recherche de nouvelles opportunités, il a l’idée au début des années 2000 d’associer sa marque à de grands créateurs tels que Issey Miyake en 2000, Yohji Yamamoto en 2002 ou encore Karl Lagerfeld en 2009, dans le cadre de collaborations exclusives, qui démultiplient la notoriété de Repetto à travers le monde.
Son objectif à long terme ? Un renouvellement constant des collections pour créer de la rareté et de l’exclusivité, tout en restant sur la même base des souliers à semelles plates, qui rappellent les ballerines des danseuses classiques.
En 2013, la Maison de souliers française se voit décerner le label d’Etat “Entreprise du patrimoine vivant” par le ministère de l’Économie et des Finances. Créé en 2005, il distingue les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels, jugés d’excellence.
Père de trois enfants, il délègue peu à peu ses responsabilités à l’une de ses filles, Charlotte Gaucher-Holmann. Elle est nommée directrice générale adjointe en 2022, tandis que Laurence Levy, une ex L’Oréal, devient directrice générale. Jean-Marc Gaucher continuait toutefois de présider la société. Aujourd’hui, Repetto c’est 700 000 paires de de ballerines vendues chaque année, 250 salariés et plus de 140 boutiques à travers le monde, dont 36 en France.
Homme d’affaires et philanthrope
Au fil des décennies , Jean-Marc Gaucher a fait évoluer son entreprise, et lui avec. En 2007, pour les 60 ans de Repetto, il crée la fondation Danse pour la vie. L’objectif de cette association est de soutenir des écoles de danse et des enfants n’ayant pas ou très peu accès à des activités artistiques. Elle soutient des établissements aux quatre coins du monde, à Cuba, en Haïti, en Afrique du Sud, au Brésil, en Ukraine ou en Irak.
Mais il ne s’arrête pas là. Engagé dans la préservation du savoir-faire textile, l’homme d’affaires inaugure en 2012 l’École de formation des métiers du cuir de Repetto dans le sud-ouest de la France. Beaucoup de choses y sont enseignées aux apprentis, notamment la célèbre technique de la Maison, le cousu-retourné. Depuis sa création, l’école a formé plus de 600 élèves aux différents métiers du cuir.
Jean-Mac Gaucher aura marqué son époque et plusieurs générations, aussi bien par sa générosité qu’avec son talent d’entrepreneur autodidacte.
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