Disparition de l’Aga Khan IV : retour sur la vie du guide religieux, milliardaire et philanthrope

Le prince Karim al-Hussaini, dit Aga Khan IV, est décédé le 4 février, laissant derrière lui des millions d’ismaéliens nizârites qui seront désormais guidés par son fils Rahim Al-Hussaini. Considéré comme le descendant direct du prophète Mahomet, ce dernier était plus qu’un chef spirituel pour cette branche de la religion musulmane. Entre son héritage d’une fortune colossale et ses actions philanthropiques, nombreuses étaient les activités du citoyen britannique et portugais.

 

« Son altesse le prince Karim Al-Hussaini, Aga Khan IV, 49e Imam héréditaire des musulmans chiites ismaéliens et descendant direct du prophète Mahomet (que la paix soit avec lui), est décédé paisiblement à Lisbonne le 4 février 2025, à l’âge de 88 ans, entouré de sa famille » a indiqué sur X sa fondation, le Réseau Aga Khan de développement (AKDN).

 

Le chef spirituel des Ismaéliens, une branche spirituelle de l’islam

 

Né en 1936 à Genève de l’union entre le prince Ali Khan et l’aristocrate et socialite britannique Joan Yarde-Buller, Karim al-Hussaini étudie à Harvard lorsqu’il est désigné à l’imamat ismaélien nizârite en 1957, année du décès de son grand-père Mahomed Shah. Son père est écarté de la succession après un mariage tumultueux avec l’actrice américaine Rita Hayworth.

 

En tant que 49ème imam de la communauté ismaélienne nizârite (un groupe de musulman chiite) et 49ème descendant du Prophète Mahomet, il guide alors les 12 à 15 millions de fidèles répartis à travers le monde, notamment en Asie centrale et du Sud, en Afrique et au Moyen-Orient. Le Portugal était le point d’ancrage de sa communauté dès 2015 et sera donc le lieu de ses funérailles.

 

 

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L’islam n’est pas une confession « de conflit ou de désordre social, c’est une religion de paix » racontait-il dans un entretien à l’AFP en 2017. Son objectif était de dialoguer pour un islam plus ouvert et de créer des ponts entre les diverses confessions et les cultures dans le but que chacun puisse vivre en toute sérénité et dans un respect mutuel.

 

Chef spirituel adoré, le prince Karim a utilisé l’héritage familial pour de bonnes œuvres. Un héritage estimé à 13 milliards d’euros d’après les fourchettes les plus hautes, ce qui fait de la dynastie des Aga Khan l’une des 10 familles royales les plus riches du monde selon le magazine Forbes. Île privée aux Bahamas, domaines de prestige et jets font ainsi partie de son patrimoine.

 

Des investissements pour aider et développer la société

 

L’héritier a investi une grande partie de sa fortune pour aider son prochain. Il a créé et dirigé The Aga Khan Development Network, l’AKDN, qui revendique 96 000 employés à travers le monde, et consacre environ un milliard de dollars par an aux activités de développement à but non lucratif. Entre la lutte contre la pauvreté, l’éducation, la sante, l’urbanisme et la formation, l’Aga Khan IV a fait preuve d’une immense philanthropie, qui a profité à des personnes de toutes les religions. C’est aussi à travers des infrastructures que Karim al-Hussaini a participé à la vie de la société, à l’instar de son grand-père, qui, avant lui, créa hôpitaux, logements ou coopératives bancaires.

 

 

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L’AKDN mène des actions au Pakistan, en Inde, au Bangladesh, en Afghanistan, au Tadjikistan, dans la république kirghize, au Kenya, en Côte d’Ivoire, en Ouganda, en Tanzanie, en Egypte ou encore au Tadjikistan. Cette entité a permis de créer en 2005 un parc de 30 hectares dans le centre historique du Caire sur un dépotoir où aucun promoteur immobilier ne voulait investir, ou encore le cofinancement d’un barrage de Bujagali en Ouganda, inauguré en 2012.

 

En Italie, l’Aga Khan est connu pour sa contribution au développement de la Costa Smeralda, une côte au nord de la Sardaigne. Il a investi dans les infrastructures touristiques, métamorphosant la région en une destination touristique populaire. Dans les années 60, il a fondé Porto Cervo, créé un important port touristique, inauguré le Yacht Club Costa Smeralda, et lancé la compagnie aérienne Alisarda, qui deviendra plus tard Meridiana puis Air Italy.

 

En France, la Fondation a participé à la sauvegarde et au développement du domaine de Chantilly grâce à un investissement de 70 millions d’euros de 2005 à 2020. La rénovation du musée vivant du cheval, la renaissance de l’hippodrome, la reprise des grandes écuries à la suite d’Yves Bienaimé ou encore la construction de l’hôtel 5 étoiles du Jeu de Paume sont autant de travaux réalisés grâce à l’AKDN.

 

La culture et les chevaux

 

De multiples départements ont par la suite été créés. En 1984, une branche dédiée au développement économique est lancée : le Fonds Aga Khan pour le développement économique (AKFED). Forte de sa solide gouvernance, cette division génère des recettes annuelles de pas moins de 4,5 milliards de dollars. Une autre agence d’AKDN, nommée l’Aga Khan Trust for Culture (AKTC),  est dédiée quant à elle à la culture et à l’art. En 2010, cette dernière a permis de restaurer les murs en terre de la mosquée Djingareyber de Tombouctou, datant du XIVe siècle. Quatre ans plus tard, un musée d’art islamique, le Musée Aga Khan, a ouvert à Toronto au Canada. L’Aga Khan a par ailleurs créé en 1977 le Prix Aga Khan d’Architecture récompensant les projets architecturaux novateurs des sociétés musulmanes.

 

 

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L’Aga Khan IV était aussi renommé pour ses chevaux, une passion familiale dont l’origine remonte au XIXème siècle quand l’Aga Khan III a fondé une écurie en Irlande. Depuis 1926, le concours hippique Aga Khan Trophy se tient ainsi chaque mois d’août à Dublin. L’écurie Aga Khan de chevaux de course participe encore aujourd’hui aux courses hippiques de plat. En 2021, ses huit haras comptaient 190 poulinières. Parmi ses champions, on trouve Siyouni, le meilleur cheval de course en Europe, dont le prix de la saillie 2024 était de 200.000 euros.

 

Rahim Al-Hussaini succède à Karim Al-Hussaini

 

Titulaire de la Grand-Croix de la Légion d’honneur française et Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres en France (qui ne sont que deux distinctions parmi les dizaines reçues), l’Aga Khan a eu quatre enfants. Zahra, Rahim, et Hussain sont nés de son premier mariage avec le mannequin britannique Sally Crocker-Poole, tandis qu’Aly est né en 2000 d’une seconde union avec la juriste allemande Gabriele zu Leiningen, dont il a divorcé en 2004.

 

Rahim Al-Hussaini, Aga Khan V © Réseau Aga Khan de développement

 

Conformément à la tradition, le fils aîné Rahim Al-Hussaini est devenu le 50ème imam héréditaire des musulmans chiites ismaéliens comme le voulait son père, décédé le 4 février dernier à l’âge de 88 ans.

 

Rahim Al-Hussaini prend le nom d’Aga Khan V. Discret et doté d’un bon sens des affaires. Etudiant à Phillips Academy et à l’IESE Business School de l’Université de Navarre, mais aussi diplômé en littérature comparée de l’Université Brown, le prince Rahim a rejoint l’AKDN à la fin de ses études. On peut alors imaginer que le fils poursuivra l’œuvre de son père lors de son règne.

 

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Photo à la Une : Karim al-Hussaini, Aga Khan IV © Réseau Aga Khan de développement

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