Le 14 avril, l’entreprise Blue Origin a envoyé une fusée New Shepard dans l’espace pendant une dizaine de minutes. A son bord, un équipage entièrement féminin composé de la chanteuse Katy Perry et de la femme de Jeff Bezos, Lauren Sanchez. Un vol qui n’a pas manqué de faire réagir le public à travers le monde.
Alors que les femmes ne représentent que 15% des personnes ayant voyagé dans l’espace, Blue Origin, l’entreprise spatiale du patron d’Amazon vient d’envoyer six femmes à plus de 100 kilomètres d’altitude, le lundi 14 avril. En combinaison bleue, l’équipage est monté à bord d’une fusée pour un vol qui se voulait – en théorie – historique.
Une expédition 100% féminine
Teasée depuis plusieurs mois, la 11ème expédition de Blue Origin s’est déroulée le 14 avril. La fusée New Shepard a décollé en milieu de journée (heure française) vers l’espace, à plus de trois fois la vitesse du son. La capsule a franchi la ligne Kármán, la limite internationalement reconnue de l’espace à 100 km au-dessus de la Terre, avant de se détacher pour flotter en apesanteur puis de retourner sur le sol terrestre à l’aide de parachutes.
Pendant 11 minutes, l’équipage a pu vivre cette expérience unique et admirer la terre vue du ciel, le tout capturé en vidéo pour garder un souvenir de ce moment marquant. Plus qu’une simple mission spatiale réussie, l’expédition a été ultra médiatisée en raison des astronautes en herbe présentes dans la fusée.
L’équipage se voulait uniquement féminin pour promouvoir les femmes et inspirer les jeunes générations. Parmi elles, Lauren Sanchez, la femme de Jezz Bezos, le fondateur de Blue Origin. C’est d’ailleurs elle qui a choisi les autres membres de la mission. En tête d’affiche, et pour apporter de la visibilité internationale sur l’expédition, on trouvait la chanteuse Katy Perry, qui a déclaré à l’Associated Press : “c’est un moment important pour l’avenir de la navigation spatiale commerciale, pour l’humanité en général et pour toutes les femmes ».
La journaliste Gayle King, la productrice de films Kerianne Flynn, la militante contre les violences sexuelles et chercheuse en bioastronautique Amanda Nguyễn et l’ancienne scientifique de la NASA, entrepreneure et avocate mondiale des sciences, Aisha Bowe faisaient, elles aussi, partie de la mission. Ces six femmes qui opèrent dans des secteurs différents ont toutes eu l’ambition de mettre en lumière la cause féminine et de montrer aux jeunes filles que les rêves n’avaient pas de limite.
“Chacune de ces femmes est une conteuse d’histoires qui utilisera sa voix, individuellement et collectivement, pour canaliser l’expérience qui a changé sa vie aujourd’hui afin de créer un impact durable qui inspirera les gens de notre planète pendant des générations. Merci à cet équipage remarquable d’avoir inspiré tant de personnes au cours de leur voyage historique vers les étoiles et retour” a déclaré Phil Joyce, vice-président principal de New Shepard.
Un vol vivement critiqué
Une chose est sûre : l’expédition de Blue Origin a créé le débat. Si une part du public a loué l’avancée du tourisme spatial et cette mise en avant des femmes, de nombreuses célébrités et des internautes ont dénoncé l’aspect financier et surtout écologique d’une telle mission spatiale.
Certains ont dénoncé un “caprice” d’ultra riches qui se servent de la cause féministe pour assurer une opération d’auto-communication et une lubie personnelle. L’actrice Olivia Munn a déclaré dans une interview : “Ça coûte tellement d’argent d’aller dans l’espace alors qu’en ce moment beaucoup de personnes ne peuvent même pas se payer des œufs […] L’exploration spatiale devait permettre d’approfondir nos connaissances et d’aider l’humanité […] Qu’est-ce qu’elles vont faire là-haut pour améliorer la situation ici ?”.
La question climatique a aussi largement été mise sur le table. En effet, selon le site TreeHugger, un lancement de fusée génère en moyenne 93 tonnes de CO2, soit 15 tonnes pour chacune des six passagères. Plus concrètement, chaque membre a consommé en 11 minutes l’équivalent de l’empreinte carbone d’un français moyen pendant un an et demi. Un bilan très salé qui a suscité de vives critiques de la part de la sphère écologiste et de quelques célébrités qui se sont publiquement exprimées, comme la mannequin Emily Ratajkowski sur Tiktok.
“Cette mission spatiale, c’est la fin des temps. C’est au-delà de la parodie. Vous dites que vous vous souciez de la Terre, et vous montez dans un vaisseau spatial construit et financé par une entreprise qui détruit la planète. Regardez l’état du monde, et pensez à toutes les ressources qui ont été consacrées à l’envoi de ces femmes dans l’espace. Quel était le but recherché ? Je suis littéralement dégoûtée” a-t-elle mentionné. Et les critiques se poursuivent largement dans les espaces commentaires des réseaux sociaux, où les memes moqueurs et dénonciateurs ont fleuri.
@emrata♬ original sound – Emrata
Alors que l’entreprise a réaffirmé ses engagements et fait valoir la vocation de la mission, la membre d’équipage Gayle King a, elle aussi, défendu l’expédition. “L’espace, ce n’est pas un choix à faire. C’est une question de complémentarité. Et ce n’est pas parce qu’on fait quelque chose dans l’espace qu’on enlève quoi que ce soit à la Terre. Ce qu’on essaie de faire dans l’espace, c’est d’améliorer les choses ici, sur Terre. Blue Origin veut trouver un moyen de transférer les déchets dans l’espace afin de rendre notre planète plus propre”.
Autant d’arguments qui ne semblent pas avoir convaincu les internautes mais qui alimentent le débat de ce sujet très controversé.
Lire aussi : Air France dévoile sa nouvelle cabine luxueuse La Première
Photo à la Une : © Blue Origin