En 2025, Franck Provost célèbre un demi-siècle de carrière dans la coiffure, un parcours fulgurant commencé en toute humilité et ayant mené, au fil du temps, à un véritable empire de la beauté. Derrière son nom gravé sur les vitrines partout dans le monde, se cache un entrepreneur visionnaire, à la fois artisan du cheveu et homme d’affaires aguerri, qui a su imposer sa marque dans un univers ultra-concurrentiel. Aujourd’hui, à l’aube d’un nouveau cycle porté par son fils Fabien, la Maison Provost n’a jamais été aussi prête à séduire une nouvelle génération de clientes et de talents. Une belle manière de prouver qu’un demi-siècle de coiffure peut rimer avec éternelle modernité.
Ce fils de militaire, pupille de la Nation, n’était à priori pas destiné à devenir une figure majeure de la coiffure mondiale. Pourtant, de son premier salon ouvert à Orgeval en 1975, il bâtira un empire de plus de 3 300 salons répartis dans 35 pays. Artisan passionné et entrepreneur visionnaire, il aura su conjuguer excellence technique et sens des affaires, jusqu’à devenir un nom familier inscrit sur les vitrines du monde entier.
Autodidacte, travailleur acharné, Franck Provost se distingue dès ses débuts par une technicité rare et une attention quasi obsessionnelle portée aux attentes des clientes. Champion de France en 1976, puis Champion du Monde de coiffure en 1977, il intègre rapidement les coulisses du show-business. En coiffant une animatrice télé, il entre dans la sphère médiatique, puis devient le coiffeur attitré de Catherine Deneuve, Mireille Darc, Sharon Stone et bien d’autres. En 1979, il inaugure son salon iconique au 61 avenue Franklin Roosevelt à Paris, devenu une adresse incontournable. Anecdote savoureuse : à l’aéroport de Roissy, il coupe un jour les cheveux d’une passagère qui s’avère être… une princesse du Moyen-Orient.
Dès les années 1980, Franck Provost comprend que la coiffure peut s’industrialiser sans perdre son âme. Il lance des franchises avec une promesse audacieuse : démocratiser la coiffure haut de gamme. Ce positionnement « luxe accessible » devient sa marque de fabrique. En 1990, il fonde Studio, une agence qui lie coiffure et télévision (notamment via Sacrée soirée). En 1995, il ouvre sa première franchise, amorçant un développement international piloté par Marc Aublet à la direction des opérations. Les salons Provost s’installent à Tokyo, Dubaï ou Sydney, avec un savoir-faire à la française qui séduit une clientèle exigeante.
En 2008, l’entrepreneur crée le groupe Provalliance, aujourd’hui leader européen de la coiffure. Avec 17 enseignes (Jean-Louis David, Maniatis, Saint-Algue…), un chiffre d’affaires de plus de 500 millions d’euros et quelque 18 000 collaborateurs, le groupe repose sur un subtil équilibre entre rigueur, créativité et ancrage local. Un modèle qui résiste aux crises et s’adapte aux nouvelles attentes, comme la montée du « Do It Yourself » ou la digitalisation des services.
Souhaitant transmettre son savoir, Franck Provost fonde en 2000 son Académie Internationale, puis la Provélite Académie en 2008. Formation continue, excellence technique et transmission du geste sont au cœur de son approche. Côté innovation, il est à l’origine du célèbre Balayage 2 Ors, toujours très demandé. Son fils Fabien, ancien sportif de haut niveau devenu directeur artistique du groupe, insuffle aujourd’hui une nouvelle dynamique : virage digital, réseaux sociaux, salons connectés et gammes plus naturelles. Et sa fille Olivia Provost est directrice de la communication.
Dans un secteur de plus en plus polarisé – entre low-cost (des salons comme Tchip ou Coiff&Co) et ultra-luxe (des Maisons comme David Mallett, John Nollet, Delphine Courteille, Christophe Robin ou encore Sarah Guetta) – la Maison Provost reste fidèle à sa ligne : qualité constante, accessibilité maîtrisée, excellence française. Pour Fabien, « le défi est de rester dans la confiance, tout en intégrant les tendances. Les clientes veulent du style, mais aussi de l’écoute et de l’efficacité ».
À l’aube de ce nouveau cycle, la marque explore de nouveaux territoires : salons hybrides mêlant bien-être et beauté holistique, diagnostic capillaire via intelligence artificielle, produits végan et sans silicone, attention portée aux cheveux texturés longtemps oubliés.
Rarement un nom n’aura autant incarné un métier. Comme Chanel pour la couture ou Alain Ducasse pour la gastronomie, Franck Provost a transformé la coiffure en un art de vivre à la française. Et alors que la relève est assurée par la nouvelle génération, l’histoire continue de s’écrire, entre tradition assumée et modernité conquérante. Rencontre avec Franck Provost.
INTERVIEW
Luxus Magazine : Quel est votre tout premier souvenir lié à la coiffure ?
Franck Provost : Je me souviens d’une de mes toutes premières coupes : j’avais demandé à un ami de venir pour une coupe. J’ai commencé à droite, puis à gauche… et au final, j’ai tellement rééquilibré que tout est devenu très court. C’étaient mes débuts, avec toute l’innocence et l’enthousiasme du jeune apprenti [Rires].
Luxus Magazine : Quelle a été la décision la plus audacieuse ou risquée de votre carrière ?
Franck Provost : Ouvrir mon tout premier salon. À l’époque, on se fait toute une montagne de l’administratif, du management… On emprunte, on prend des risques. C’était un vrai pari, d’autant plus que Saint-Germain-en-Laye était encore considérée comme la province. Mais une fois que la machine est lancée, tout s’enchaîne : un salon, puis deux, puis trois… et l’aventure commence vraiment.
Luxus Magazine : Y a-t-il une rencontre ou un moment clé qui a changé votre trajectoire ?
Franck Provost : Oui, plusieurs. Au départ, ce sont des collègues coiffeuses qui m’ont encouragé à intégrer un club, le Cercle des Arts et Techniques. On y faisait des concours, ça m’a donné le goût du défi et le déclic pour me perfectionner. Ensuite, des rencontres marquantes ont jalonné mon parcours : Jean-Pierre Foucault, avec qui j’ai eu l’opportunité de travailler pour Sacrée Soirée à la télévision, Marc Aublet pour le développement du business, et bien sûr, de nombreux artistes.
Luxus Magazine : Comment passe-t-on d’un salon en France à un empire international ?
Franck Provost : Il faut bien s’entourer, savoir écouter, et avancer avec des personnes de confiance. Ce sont les rencontres, les opportunités, le travail et aussi une part de prise de risque. On est porté par les événements, par les hommes et les femmes qui nous accompagnent. Ce n’était pas un plan au départ, mais les choses se sont construites au fil du temps. C’est pour moi une belle aventure humaine.
Luxus Magazine : A quoi ressemblera Quelle sera, selon vous, la coiffure de demain ?
Franck Provost : La coiffure de demain sera plus douce et axée sur le soin. On s’éloigne des coupes très géométriques et rigides que l’on faisait autrefois, pour aller vers davantage de souplesse et d’harmonie. Les couleurs sont plus chatoyantes, les balayages plus présents. Les clients viennent aussi pour passer un vrai moment de bien-être, pour se faire chouchouter. C’est là que se fera la différence : la qualité du service est essentielle.
Luxus Magazine : Vos enfants travaillent à vos côtés : comment se passe la transmission ?
Franck Provost : La transmission s’est faite naturellement, dans la confiance et la continuité. J’ai eu la chance de travailler pendant plus de 30 ans avec mes enfants, c’est un vrai bonheur et une grande fierté. Olivia a longtemps œuvré au développement du marketing et de la communication du groupe avant de prendre la tête de la marque Niwel Beauty. Fabien poursuit l’aventure à mes côtés en faisant vivre l’héritage familial avec authenticité et passion.
Luxus Magazine : En 50 ans, qu’est-ce qui n’a jamais changé dans votre approche du métier ?
Franck Provost : Ce qui n’a jamais changé, c’est la passion. Elle m’anime depuis le premier jour et ne fait que grandir avec le temps. J’aime profondément ce métier, le contact humain, le fait de rendre les gens heureux. Ce qui me porte aussi, c’est d’avoir construit une véritable famille autour de moi : mes proches, mais aussi mes collaborateurs. Travailler ensemble, transmettre, créer du lien, c’est ce qui donne du sens à tout ce que j’ai construit.
Luxus Magazine : Quel message aimeriez-vous transmettre à la nouvelle génération de coiffeurs ?
Franck Provost : Aujourd’hui, il y a énormément d’opportunités pour les jeunes qui veulent s’investir. On leur donne toutes les clés pour réussir : des parcours, des formations, des outils. Mais au-delà de ça, il faut s’intéresser aux autres, savoir les écouter, être curieux, créatif, toujours en veille sur les tendances. Et surtout, il faut être passionné car c’est cette passion qui fait la différence.
Quand j’ai démarré, on me disait déjà que c’était trop tard. Mais la roue tourne, toujours. Avec la passion, on n’a jamais l’impression de travailler, c’est ça, le vrai moteur [Rires].
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Photo à la Une : Courtoisie de Franck Provost