Jeux Paralympiques : un combat pour l’inclusion et l’accessibilité

Quelques semaines après la fin des Jeux Olympiques de Paris 2024, les festivités sportives reprennent dans la capitale. Du 28 août au 8 septembre, les épreuves des Jeux Paralympiques vont animer la Ville Lumière sous les yeux du monde entier. Pour donner le coup d’envoi, Thomas Jolly a, une nouvelle fois, frappé fort avec une cérémonie d’ouverture empreinte d’émotions. Un événement porteur de valeurs d’unité et d’inclusion qui rappelle que le chemin reste encore long pour intégrer davantage les porteurs d’un handicap.

 

Il est difficile de réitérer un succès aussi marqué. Orchestrée par Thomas Jolly, la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 avait largement séduit le monde entier.

 

Malgré quelques polémiques inévitables, l’événement avait, dans son ensemble, été salué par la presse française et internationale, allant même jusqu’à être qualifié de « plus grande cérémonie de l’histoire ».

 

Loin de se reposer sur leurs lauriers, Thomas Jolly et ses équipes ont dû imaginer une nouvelle performance à la hauteur de la première pour célébrer le début des Jeux Paralympiques, le mercredi 28 août.

 

Un spectacle poétique

 

Le fil rouge était clair : conserver l’esprit festif des JO, qui avait tant plu le 26 juillet dernier, tout en sensibilisant à la cause du handicap. Baptisée « Paradoxe », la cérémonie de trois heures a su mêler moments poétiques et messages d’unité.

 

Sous une météo nettement plus clémente que lors de la première cérémonie d’ouverture, 140 danseurs, dont 16 en situation de handicap, et 4 400 para-sportifs ont participé à la fête.

 

 

 

 

L’emblématique place de la Concorde,  a été choisie pour être le décor de l’événement, avec son magnifique obélisque trônant au centre de la scène.

 

Au fil des différents tableaux orchestrés par Thomas Jolly, le chorégraphe suédois Alexander Ekman, et le compositeur Victor Le Masne, la diversité des corps a été mise en lumière avec onirisme.

 

Parmi les moments forts de la soirée, la prestation du chanteur Lucky Love a particulièrement ému le public. Atteint d’agénésie depuis sa naissance, l’artiste d’origine lilloise a grandi sans son bras gauche.

 


Lors de son passage, Lucky Love a interprété sa chanson Masculinity, adaptée pour l’occasion en My Ability (Ma capacité en français). Entouré d’une troupe de danseurs, le jeune homme a livré une performance tout en délicatesse qu’il a conclue en enlevant sa veste de costume, dévoilant son bras unique.

 

Cette image emblématique de la soirée n’a pas manqué de faire le tour des réseaux sociaux, grâce aux spectateurs charmés par le talent et le charisme du chanteur.

 

 

Des Jeux qui peuvent encore progresser

 

Si l’ambiance était à la fête et à l’inclusivité mercredi soir, certains n’hésitent pas à rappeler que les Jeux Paralympiques ont encore une importante marge de progression pour accueillir tous les handicaps.

 

Lors de sa création en 1948, cette compétition sportive visait à accélérer la rééducation des vétérans devenus paraplégiques et à leur redonner leur dignité. D’abord réservés aux blessés de guerre, les Jeux Paralympiques ont peu à peu inclus des sportifs en situation de handicaps variés.

 

En 2024, pour leur 17e édition, les Jeux se composent de 549 épreuves dans 22 sports. Cette diversité d’épreuves, supérieure de 200 épreuves à celle des Jeux Olympiques, est due aux différentes catégories conçues pour s’adapter aux para-athlètes. De manière générale, le spectre du paralympique comprend les handicaps physiques, sensoriels et mentaux.

 

C’est cette dernière catégorie qui est cependant sujette à débat. Les personnes en situation de handicap mental ne représentent que 5 % des sportifs participant aux Jeux, soit 120 athlètes sur les 4 400 autres compétiteurs de handisport.

 

Des chiffres qui peinent à évoluer d’une édition à l’autre : « La difficulté, c’est qu’on a une seule classe un peu fourre-tout, celle des déficients intellectuels, qui exclut de fait les personnes déficientes intellectuelles avec un sur-handicap », a déclaré Marc Truffaut, président de la fédération française chargée des athlètes avec un handicap intellectuel (sport adapté).

 

 

Les athlètes porteurs de trisomie 21 et ceux porteurs de troubles autistiques se retrouvent ainsi exclus de la compétition. La participation de Marie Graftiaux, nageuse atteinte de trisomie 21, s’est par exemple limitée à son rôle de porteuse de la flamme. En 2023, elle avait décroché six médailles d’or et cinq d’argent en 12 courses lors des Virtus Global Games, compétition internationale dédiée aux sports adaptés.

 

Interviewée après sa rencontre avec Emmanuel Macron le lundi 9 octobre 2023, la sportive s’est exprimée sur son souhait de pouvoir un jour concourir aux Jeux Paralympiques : « C’est mon rêve d’y être, je me battrai à la vie à la mort pour y arriver. »

 

 

La question de l’accessibilité

 

Si l’essence-même des Jeux Paralympiques est évidemment le sport, l’événement permet également de donner une visibilité nécessaire au handicap.

 

Autant que le sujet de l’inclusivité, celui de l’accessibilité doit être mis sur le devant de la scène. Alors que 15 % de la population mondiale est en situation de handicap, de nombreuses grandes villes, à l’instar de Paris, ont encore beaucoup de chemin à faire pour garantir la conformité des espaces publics.

 

Une réalité qui continue d’être dénoncée par de nombreuses organisations dans l’espoir d’interpeller les décideurs : « Des corrections ont été apportées du côté des transports, notamment pour les avions et les trains, afin de permettre aux visiteurs de venir aux Jeux. Des progrès ont été faits : une flotte de 1 000 taxis adaptés aux personnes en fauteuil a été mise en place, ainsi que des navettes entre les gares et les sites de compétition pour permettre aux personnes à mobilité réduite de se déplacer », relève Pascale Ribes, présidente d’APF France handicap, lors d’un entretien avec le journal La Croix. « Mais ces dispositifs ne sont que des solutions palliatives : l’accessibilité doit être planifiée via un plan d’action, et ce même lorsque les Jeux seront terminés ! »

 

Bien que tardive, la prise de conscience liée à l’accueil des Jeux 2024 à Paris permet enfin d’accélérer les choses. Alors que l’aménagement des stations de métro reste le défi le plus complexe à ce jour, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, s’est montrée ouverte à la question deux jours avant la cérémonie d’ouverture.

 

Elle a ainsi proposé à l’État et à la ville de Paris un projet estimé à 20 milliards d’euros pour étendre l’accessibilité pour les personnes handicapées à toutes les lignes de métro parisiennes. Un plan ambitieux, bien qu’il ait laissé la Mairie de Paris perplexe, tout comme les membres de l’APF-France Handicap.

 

« L’intention est évidemment louable. Mais il ne faudrait pas qu’elle reste au stade de l’effet d’annonce », a ainsi déclaré Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité de l’association APF-France Handicap.

 

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Photo à la Une : © Paris 2024

Passionate about art in all its forms, Charline Point is a young journalist driven by fierce curiosity and a keen appetite for culture. After several years in press relations, Charline decided to take up a career in journalism. Her favorite subjects are travel, gastronomy, cinema and fashion.

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