Depuis des siècles et des siècles, l’homme est fasciné par l’horreur, le macabre et l’obscur. Mais se raconter des histoires d’épouvante n’a pas rassasié son appétit pour l’effroi. Au XIXème siècle, une attraction fait son apparition qui réunit le conte et l’expérience immersive. Il s’agit de la fameuse maison hantée, qui suscite encore aujourd’hui la peur lors de la période d’Halloween.
Nous sommes le 31 octobre. Costumes effrayants et marathon de films d’horreur viennent rythmer cette période de terreur. Et si les plus petits prennent leurs seaux en forme de citrouille pour récolter des bonbons dans leur quartier, les plus grands vivent Halloween dans les attractions. La maison hantée est sans doute la plus connue des parcs. Son histoire ne date pas d’hier. Depuis la nuit des temps, l’idée que des esprits résident dans les demeures anciennes et familiales galvanise et terrorise le public.
Un attrait pour le macabre
Alors que la maison hantée est ancrée dans l’imaginaire pour certains et la réalité pour d’autres, ce phénomène a été matérialisé dans une attraction unique en son genre au XIXème siècle. En 1802, Marie Tussaud expose à Londres, des sculptures de cire de personnages français décapités, comme Robespierre, Louis XVI et Marie-Antoinette. Ces masques mortuaires figurent dans son exposition la « Chambre des horreurs », toujours associée au musée de cire qui a perduré depuis.
Les films d’horreur encouragent cet attrait pour la peur, comme Le Manoir du diable (1896), qui peut être considéré comme le premier film d’horreur, et La Caverne maudite (1898), Fantômas (1913) ou encore Les Vampires (1915).
Plusieurs théâtres se mettent alors à dévoiler des représentations macabres. En 1915, une fête foraine anglaise inaugure l’une des premières maisons fantômes, une attraction précurseure qui renforce le désir d’horreur chez les gens. Il s’agit de la maison hantée d’Orton et Spooner, qui proposait un mélange d’appareils mécaniques, d’effets sonores, de jets d’air, d’éclairage inquiétant et d’acteurs costumés pour effrayer les visiteurs. Tous les sens des spectateurs sont exacerbés.
Dans les années 1920 et 1930, les parcs et fêtes foraines intègrent ces attractions lugubres, notamment avec des chariots qui transportent des visiteurs dans des tunnels obscurs autour de scènes effrayantes. C’est ce que l’on appelle les dark rides.
L’essor des maisons hantées lors de la Grande Dépression
Le concept de maison hantée est réellement apparu lors de la Grande Dépression américaine, qui a débuté en 1929. A cette époque, les farces des jeunes prennent des proportions ingérables pour les parents. Ces derniers redécorent alors leurs sous-sols en lieu d’horreur pour distraire les plaisantins, dont les espiègleries ont dégénéré en acte de vandalisme, d’harcèlement et de dommages matériaux. En 1933, des jeunes ont par exemple renversé des voitures et scié des poteaux téléphoniques. Le Black Halloween était né.
Si certaines villes ont décidé de stopper cette fête, d’autres ont choisi d’organiser des activités pour canaliser les facétieux. Outre les collectes de bonbons et les défilés de costumes, les maisons hantées commencent alors à devenir ultra populaires. Des organisations plus importantes prennent part à ce phénomène et construisent des espaces hantés payants pour récolter des fonds.
Des décors et des scénarios de plus en plus élaborés
A partir du milieu du XXème siècle, les attractions envahissent tout le territoire américain. Les films d’horreur sont de plus en plus présents dans les cinémas, avec des personnages emblématiques comme Dracula, Frankenstein et la Momie. Ces derniers sont au cœur de bon nombre d’attractions.
Le Manoir hanté de Disneyland, ouvert en 1969, vient assoir la réputation de ce type d’attraction. Fruit de près de deux décennies de réflexion, ce haut lieu de la peur connaît un succès rapide et élève d’un cran le concept.
Dans les années 70, la United States Junior Chamber (« les Jaycees ») est de plus en plus célèbre et collecte des fonds grâce à ses maisons. Tout comme Knott’s Berry Farm et Liberty University, qui participent à l’émergence des adresses hantées. De nouveaux films dans les années 80 contribuent à leur évolution, tels que Vendredi 13, Shining, Les griffes de la nuit, Evil Dead, Halloween et Le Retour des morts-vivants.
Les maisons hantées se professionnalisent, un drame dans une maison hantée du New Jersey (un incendie tuant huit adolescents) ayant arrêté net les activités trop peu encadrées. Des règlementations sont prises pour accentuer la sécurité. Les organisations bénévoles laissent alors place aux entités plus cadrées avec un budget accru.
Les maisons hantées de nos jours
Aujourd’hui, les maisons hantées sont présentes dans tous les parcs et fêtes foraines, mais il en reste encore beaucoup existant de façon indépendante.
Selon Larry Kirchner, président de la Haunted House Association, un groupe commercial pour les exploitants de maisons hantées, leur nombre s’établissait à 2700 aux Etats-Unis en 2016. Une grande attraction peut rapporter jusqu’à trois millions de dollars pendant la saison d’Halloween et l’industrie vaudrait 300 millions de dollars selon un rapport de la NBC.
De nouvelles formes d’horreur sont apparues et renouvellent le phénomène. On peut ainsi citer la prison hantée de Statesville, la ferme de la peur en Pennsylvanie et l’Asile d’Eloïse dans le Michigan.
Toujours plus immersives, aidées par la technologie, ces expériences conçues pour traumatiser ont un boulevard de possibilités pour continuer d’exister dans le temps. Les escape game interactifs, les casques de réalité virtuelle afin d’immerger complètement le visiteur dans une scène horrifique et les tableaux personnalisés selon les peurs de chacun sont le futur de la maison hantée traditionnelle. Sans parler du tourisme de l’épouvante, avec des circuits organisés sur des lieux réputés maudits. L’horreur n’a pas dit son dernier mot…
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