Saviez-vous que l’apéritif était lié à l’histoire médicale, la colonisation et l’antiquité ? Pratiqué non sans plaisir depuis des siècles, l’apéro est une tradition française réunissant toutes les générations. A pratiquer avec modération bien sûr.
Afterwork, anniversaire, Noël, vacances, vendredi soir en bord de mer, samedi avant une soirée… Toutes les raisons semblent être bonnes pour prendre l’apéritif. Le fameux « c’est l’heure de l’apéro ! » est d’ailleurs entré dans le vocabulaire des français. Retour sur l’histoire de ces quelques heures de convivialité et de partage autour d’un verre et de quelques délices salés.
L’apéro en remède contre les maux
La tradition remonte à l’Antiquité. A l’époque des Romains, boire était une pratique pour préparer l’organisme aux grands banquets. Olivier Poels, dans sa chronique Les papilles de la Nation sur Europe 1, indique qu’on « buvait des décoctions d’herbes et de plantes, dans son coin. Certaines avaient même des vertus laxatives » en prévision de ces festins douloureux pour l’estomac. Ces boissons deviennent alors des essences à base de vin et de miel. Le mot Apéritif vient d’ailleurs du latin « aperire » signifiant « ouvrir ». Ouvrir non pas une bouteille mais les pores de la peau pour éliminer les toxines du corps.
Durant des siècles, l’apéritif est davantage associé au bien-être, toujours dans cette quête d’une meilleure digestion. Lorsque le mot arrive dans la grande Encyclopédie de Diderot en 1751, il est défini comme un « médicament qui ouvre les voies de l’élimination ».
En 1846, le négociant en vins et spiritueux à Paris Joseph Dubonnet créé un vin pour lutter contre le paludisme. Son breuvage soigne les fièvres et est exporté vers l’Afrique du Nord lors des campagnes coloniales africaines. La légion étrangère, en proie aux moustiques, boit donc l’apéritif et les militaires participent à démocratiser le rituel à l’étranger. Bien que les décoctions de plantes et du vin tentent d’améliorer son vin Quinquina Dubonnet, le goût reste amer. Sa boisson touche cependant le grand public et ouvre la voie à d’autres apéritifs.
Un rituel de sociabilité
« Au Moyen Âge, on « portait une santé » en élevant son verre de vin. On choquait les verres en souhaitant à l’autre une bonne santé. Assurer à l’autre toute notre affection et notre souhait de durée de vie, en cette période de confinement, ça crée une sacrée dimension d’espoir » décrit l’historien Didier Nourrisson à Radio France.
Quelques décennies plus tard, l’apéro devient un rituel de sociabilité. Dans les années 1900, les élites s’y mettent. « En France, c’est le prince de Galles, futur Edouard VII, fils de la reine Victoria, qui réside à Paris en menant une belle vie entre femmes, tabac et cocktail, qui lance la mode dans la haute société » explique Didier Nourrisson. Chacun se copie et participe à la popularité de l’apéro. Les alcools diffèrent selon les pays, comme la grande tendance du cocktail aux Etats-Unis, mais tout le monde semble se retrouver au sein de ces réunions en fin de journée qui s’accompagnent de fruits secs, de gâteaux salés, de tapas, de charcuterie, de fromage etc.
Ces moments de consommation se perpétuent encore aujourd’hui, et se sont même digitalisés lors des restrictions du Covid-19. Plus des deux tiers des Français déclarent prendre l’apéritif au moins une fois par semaine, selon un sondage Appinio pour LSA réalisé en fin d’année 2023. Pour les Français, l’apéritif se prend essentiellement en famille (76 %) et entre amis (63 %), le plus souvent à la maison, que ce soit chez soi ou chez des proches (95 %), loin devant les bars et restaurants (24 %).
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