Mouvement pictural majeur né en France et s’étendant de la fin du XIXème siècle au début du XXème, l’impressionnisme est l’un des courants artistiques les plus populaires de l’histoire de l’art. Retour sur les caractéristiques, l’évolution et les grands noms de cette esthétique de peinture refusant l’académisme en vigueur.
« L’impressionnisme est à la fois une esthétique et un mouvement ». C’est en ces termes que le magazine spécialisé Beaux Arts décrit ce courant, porté par une atmosphère artistique spécifique et un cercle de peintres de renom. Tout commence au début des années 1860, lorsque de jeunes peintres “affamés d’indépendance” se regroupent pour établir une nouvelle peinture, en opposition à l’art académique jugé trop stricte.
Les caractéristiques de la peinture impressionniste
L’impressionnisme se distingue par une juxtaposition de petites touches de peinture rapide et en virgule. La palette de teintes est claire, pour représenter le caractère éphémère de la lumière dont l’effet sur les changements de couleurs au fil de la journée fascine les artistes. Ces tonalités pures permettent ainsi de peindre la lumière. Les ombres sont colorées et les contours n’ont que peu de détails, ce qui amène un aspect parfois non fini.
L’objectif est de révéler la fugacité de l’instant, l’instantanéité. Les sujets de prédilection des artistes sont la vie moderne, les paysages, les foules, les loisirs des bals aux ginguettes en passant par les cabarets et les pique-nique, et même les gares et les usines. Ces virtuoses des tonalités vives peignent les scènes du quotidien, les symboles d’une nouvelle société, les environnements contemporains et en plein air.
L’invention du chevalet plus léger et des tubes de peinture permettent aux artistes de sortir de leur atelier et de peindre dehors. Paris, les provinces françaises, l’Italie, l’Angleterre, la Hollande… Les peintres voyagent pour capturer, à coup de pinceau, les moments présents.
Une première exposition en 1874
Si le public n’adhère pas immédiatement au mouvement impressionniste, rejetant cette vision de la peinture moderne, les artistes réussissent à orchestrer une première exposition en 1874 dans l’atelier du photographe Nadar, en marge du Salon officiel qui avait refusé leurs toiles.
La présentation réunit une trentaine d’artistes, parmi lesquels Berthe Morisot, Eugène Boudin, Paul Cézanne, Edgar Degas, Camille Pissarro, Auguste Renoir, Alfred Sisley ou encore Claude Monet. Le chef de fil du mouvement Edouard Manet dont l’œuvre Le Déjeuner sur l’herbe en 1863 avait provoqué un scandale dans le milieu n’est quant à lui pas présent. Ce “petit clan de révoltés” va se retrouver autour de Manet au sein du groupe “des Batignolles”.
L’œuvre Impression Soleil Levant (1872) de Claude Monet va d’ailleurs donner son nom au courant. Pour l’anecdote, le critique d’art Louis Leroy s’est dit « impressionné » devant ce tableau, fustigeant leur caractère inachevé les reléguant à de simples ébauches, au contraire il participera à leur consécration.
Jusqu’en 1886, les artistes précédemment cités exposeront huit fois tous ensemble. Ils sont soutenus par quelques marchands et collectionneurs, comme Gustave Caillebotte et Paul Durand-Ruel qui parient sur l’impressionnisme.
Dès les années 1880, le mouvement commence à être accepté, grâce à des critiques à l’instar d’Emile Zola et du nouveau gouvernement de Léon Gambetta qui valorise sa pratique. Les œuvres sont exposées dans des musées et au salon des artistes français et font leur entrée sur le marché de l’art. Dès lors, le courant s’exporte hors de l’hexagone, notamment aux Etats-Unis, et des écoles impressionnistes émergent.
Les plus grandes toiles impressionnistes
Claude Monet est une légende de l’impressionnisme. Outre Impression Soleil Levant (1872), ses œuvres connues sont Les coquelicots (1873), Le Déjeuner (1873), Camille Monet et l’enfant au jardin (1875), Femme à l’ombrelle tournée vers la droite (1886), Sur le bateau (1887), Le Bassin aux nymphéas (1899), Le jardin de l’artiste à Giverny (1900) et Nymphéas (1904).
Aussi considéré comme l’un des pères fondateurs de l’impressionnisme, Auguste Renoir a peint La Grenouillère (1869), Le Bal du Moulin de la Galette (1876), Le Déjeuner des Canotiers (1881) et Les Grandes Baigneuses (1887).
Berthe Morisot a quant à elle réalisé Le Berceau (1872), Jour d’été (1879) et Femme à sa toilette (1880), tandis que Camille Pissarro a signé La Récolte des Foins à Eragny (1887) ou encore La Place du Havre, Effet de pluie (1897).
La Maison du Pendu (1873) et Les Joueurs de Cartes (1892) de Paul Cézanne ; Sous la Lampe (1887) de Marie Bracquemond ; L’Olympia (1863) d’Edouard Manet ; La Barque (1893) de Mary Cassatt ; La Place du Chenil à Marly, effet de neige (1876) d’Alfred Sisley ; Jeune Femme aux Pivoines (1870) de Frédéric Bazille ; et La Classe de danse (1874) d’Edgar Degas sont autant d’œuvres importantes du mouvement.
Les expositions à ne pas manquer
En 2024, 150 ans après la première exposition impressionniste, la France célèbre ce patrimoine artistique. Pour l’occasion, le musée d’Orsay a prêté 178 œuvres à 34 entités culturelles dans 13 régions. Rouen, Rome, Orléans, Marseille, Honfleur, Caen, Ajaccio… Des toiles majeures sont exposées partout dans l’hexagone et au-delà.
Et jusqu’au 11 août, le musée d’Orsay dévoile l’exposition en réalité virtuelle “Un soir avec les impressionnistes Paris 1874”. Une expérience immersive pour apprécier l’impressionnisme d’une nouvelle façon. Le Festival Normandie Impressionniste, jusqu’au 22 septembre 2024, est aussi fortement conseillé.
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Photo à la Une : © Impression Soleil Levant (1872) de Claude Monet