La tendance “No Kids” : quand les hôtels ferment leurs portes aux enfants

C’est une tendance qui gagne de plus en plus le paysage hôtelier. Nombreux sont les établissements affichant sans complexe la mention “réservé aux adultes” ou aux personnes ayant dépassé tel âge. Une mouvance que le gouvernement français compte combattre.

 

Pas de pleurs de bébé dans le restaurant, pas de cris aux abords de la piscine, pas de courses poursuites entre fratries dans les couloirs… Sur le papier, les hôtels refusant les enfants peuvent séduire une certaine clientèle en quête de calme et de romantisme, que l’on soit soi-même parents ou non. 

 

Une tendance qui séduit

 

La tendance s’est propagée comme une réponse à un ras le bol pour certains et une recherche de calme pour d’autres. Les parents souhaitent quelques jours sans leurs enfants et sans ceux des autres, les couples ne veulent pas d’une ambiance familiale lors de leur échappée romantique en duo, les amis entendent profiter sans complexe et sans réserve de leur séjour et les voyageurs seuls préfèrent s’échapper de l’effervescence du quotidien et se concentrer sur leur bien-être ou leur travail.  Enfin, il n’est pas non plus agréable pour des parents de devoir limiter leurs enfants dans leurs jeux ou de les empêcher de faire du bruit dans des lieux très exclusifs où la sérénité est de mise. En bref : toutes les raisons sont bonnes pour permettre aux adultes de souffler loin des enfants.

 

Face à ce phénomène, nombreuses sont les plateformes de réservation et les guides à afficher un onglet dédié aux écrins sans enfants. Sur le prestigieux site Relais & Châteaux, on peut ainsi lire sur la page “Hôtels adult only” : “Réservées aux adultes et adolescents de plus de 16 ans, ces maisons constituent une halte parfaite pour les voyageurs en quête d’un séjour intimiste. En couple, entre amis ou en solo, offrez-vous le luxe de la tranquillité, et profitez pleinement de l’instant présent, en toute liberté”

 

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En France, on peut ainsi citer la Villa Fabulite, l’Hôtel Tiara Yaktsa, la Villa Saint Marie, le Saint-Delis, le Saint-Paul ou encore l’Aquabella Hôtel & Spa. Dans le monde, le magnifique Mii Amo aux Etats-Unis, la Maison Bleue en Egypte et le Clos Apalta Residence au Chili se distinguent eux aussi par leur offre ultra luxe et confidentielle réservée aux grands enfants ou aux adultes, loin de la proposition des géants pro-famille Belambra, Center Parcs et autres Pierre et Vacances. 

 

Si l’on peut penser que le paysage hôtelier est assez vaste pour inclure toutes les propositions, le gouvernement ne semble pas du même avis…

 

Vers un renforcement de la législation ?

 

Bien que ces hôtels attirent une certaine clientèle sans empiéter sur le business de leurs concurrents en représentant seulement 3% de l’offre, ils s’attirent aussi des critiques d’ordre éthique. “Le message est clair : il faut arrêter d’exclure les enfants” a déclaré Sarah El Haïry lors d’une table ronde organisée fin mai. La Haute Commissaire à l’Enfance avait réuni plusieurs fédérations du secteur du tourisme et des transports dans le but d’évoquer cette tendance “no kids”. 

 

On retrouvait par exemple des représentants de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA), de la Fédération nationale des résidences de Tourisme (FNRT), de l’Association nationale des élus des territoires touristiques (Anett), de l’Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV) ou encore de la plateforme Airbnb.

 

Sarah El Haïry qualifie cette tendance de “brutale” et appelle à “ne pas laisser s’installer ce modèle en France” alors que cette mouvance serait beaucoup plus développée dans d’autres pays en Europe et en Asie. « Considérer de manière brutale qu’un enfant est avant tout une nuisance, ce n’est pas acceptable » et ce n’est “notre philosophie”. La Haute Commissaire à l’Enfance a aussi indiqué avoir “saisi les services juridiques de nos ministères pour faire l’étude de notre droit actuel”.

 

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En effet, le cadre juridique de cette offre est assez flou. L’article 225-1 du Code pénal interdit certes “toute distinction fondée sur l’âge ou la situation de famille” mais les hôtels se présentent plutôt comme des adresses “réservés aux adultes” et non “interdits aux enfants”. Avec les actions menées par Sarah El Haïry, la législation pourrait donc changer. 

 

Reste à choisir quelle restriction on préfère imposer : le “no kids”, qui prive les familles de certains lieux ou a contrario, l’interdiction du “no kids” qui limitela liberté des voyageurs dans le choix de leur style de vacances, et ce, au nom de l’inclusion.

 

Lire aussi : Le resort core : quand les hôtels de luxe se mettent à la mode

 

Photo à la Une : © Getty Images

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