Au cœur du célèbre village de Grignan, l’Hôtel Le Clair de la Plume enchante les amateurs d’expériences singulières. Sa table étoilée Michelin, avec une carte co-signée par Glenn Viel, chef 3***, vaut le détour sur les routes de Provence.
Le château Renaissance de Grignan, avec ses champs de lavande en fleurs vers la mi-juin, est une image de carte postale qui séduit instantanément… loin du bruit du monde. Dans le village de Grignan, situé en Drôme Provençale, la littérature tient une grande place avec la 29ème édition du Festival de la Correspondance qui sera à nouveau présidé par Eric-Emmanuel Schmitt du 30 juin au 5 juillet 2025.
Pourquoi une manifestation culturelle pour célébrer l’art épistolaire ? Madame de Sévigné est mise à l’honneur, car elle séjourna fréquemment au Château de Grignan auprès de Françoise-Marguerite, sa fille chérie mariée au comte François Adhémar de Monteil de Grignan. Lorsque la Marquise en était douloureusement séparée, elle lui écrivait de superbes lettres qui ont traversé les siècles.
Dans les rues de ce joli village, on pourra croiser cet été les écrivains Sylvain Tesson ou Pierre Assouline dans une ambiance décontractée. Rien à voir avec le Festival de Cannes !
La Maison Principale face à l’un des plus beaux lavoirs néoclassiques
Au pied du château de Grignan, construit sur un piton rocheux, se niche l’hôtel Le Clair de la Plume, établissement quatre étoiles, dans une maison ancienne bourgeoise du XVIIème siècle. Avant d’y pénétrer, on admire l’un des plus beaux lavoirs néoclassiques de Provence, édifié en 1840. Une pièce maîtresse qui en impose dans ce petit bourg de 1 800 âmes.
La verrière de La Maison Principale, qui donne sur le jardin agrémenté de glycines et de rosiers, abrite le restaurant gastronomique 1* Michelin. Un lieu poétique empreint de douceur. C’est l’annonce d’un art de vivre où le temps s’arrête. Dans La Maison Principale, ancienne demeure des Chanoines, dit-on, on trouve la réception, huit chambres et une suite meublée comme d’antan, avec luxe et finesse. A tout instant, on pourrait imaginer nos grands-parents apparaître dans l’embrasement de l’une des pièces de cette demeure. Un charme nostalgique.
Jean-Luc Valadeau, Bordelais d’origine, a eu le coup de foudre pour cette maison et en a fait l’acquisition il y a vingt-cinq ans auprès de Lord Southam, Ambassadeur du Canada.
Il est aujourd’hui le propriétaire et talentueux “scénariste” du Clair de la Plume, labellisé Teritoria, les ex- Châteaux &Hôtels Collection, regroupés sous la houlette d’Alain Ducasse.
Le Clair de la Plume a la fierté de bénéficier d’une Clé Michelin, plaçant l’établissement parmi ceux en France qui offrent un « séjour singulier », à l’opposé de la standardisation des hébergements de luxe.
Et oui, Le Clair de la Plume est un lieu fort singulier, unique en son genre !
Ce boutique-hôtel de 29 chambres et suites a la particularité de se décliner en six lieux distincts au sein du village : trois restaurants, deux piscines, un jardin méditerranéen, une boutique…
« C’est grâce au soutien d’une douzaine d’amis que j’ai pu créer et développer Le Clair de la Plume, explique notre hôte. Tous les jours, j’ai le cœur qui bat parce que ce que je fais a du sens et cela met de la couleur dans ma vie. »
Bruno Durieux, un autre passionné, maire de Grignan, ancien Ministre, est un allié de l’entrepreneur-hôtelier. Les deux hommes ont largement contribué à embellir l’un des « Plus beaux Villages de France ». Notons que Grignan a été sélectionné pour concourir au « Village préféré des Français » dans l’émission de Stéphane Bern, en 2024.
Rencontrer les gens du village
Le concept du Clair de la Plume est pour le moins innovant. Ici, les clients ne vivent pas dans une prison dorée, mais peuvent franchir une porte ou une grille et se fondre dans la vie du village. Pourquoi pas une partie de pétanque (ou de boules, c’est un autre clan) avec les gens du coin ? Vous êtes les bienvenus !
Un bon moyen de prendre des vacances prolongées au Clair de la Plume au-delà de l’habituel week-end de deux nuits dans un hôtel de luxe.
On oublie volontiers sa voiture au parking. C’est parti pour le tour du village avec le propriétaire du Clair de la Plume !
A 300 mètres de La Maison Principale, Le Jardin Méditerranéen est un havre de paix avec une vue exceptionnelle sur les hauteurs de Grignan. On s’y relaxe volontiers sur un transat pour ensuite plonger une tête dans la piscine d’eau naturelle (aucun traitement chimique). On croise le Chef Benjamin Reilhes qui vient cueillir son romarin, car c’est ici que Le Clair de la Plume a créé son jardin potager. Le Pavillon des Amoureux, avec son ravissant jardinet, est le refuge de ceux qui souhaitent se retirer du monde.
Mais ce n’est pas là que nous dormirons. Il nous faut déposer notre bagage à La Maison Privée baptisée « Le Grand Faubourg ». Elle dispose de six chambres et suites auxquelles on accède par un escalier monumental.
Nous voilà dans la suite Wilfried, de grand confort, avec une décoration du XIXème siècle pleine de charme. Tentures lourdes aux fenêtres, tapis bleu ciel sur un sol de tomettes rouges, fauteuils d’époque et glace ancienne. Une vieille malle sur des pieds à roulette fait office de table basse dans le salon. La chambre est cosy à souhait, joliment décorée avec sa tapisserie aux allures « apache ». Des nougats de Montélimar (c’est la spécialité de la région !) sont déposés sur le King Bed. Le soir, on a le bonheur de fermer des vrais volets.
Au cœur du village historique, Le Café des Vignerons, un ancien grenier à sel, est le rendez-vous incontournable pour déguster des vins dans un cadre convivial. On y trouve une centaine de références de l’AOC Grignan-Les-Adhémar. « Face au succès des dégustations, nous avons aussi orienté la clientèle vers notre boutique « Le Caveau des Vignerons » qui propose des vins au prix producteur », souligne Jean-Luc Valadeau. En effet, la boutique ne désemplit pas… Un bel hommage aux vignerons de la région !
A noter que Le Café des Vignerons est une alternative astucieuse pour combler une petite faim après avoir testé les restaurants gastronomiques du Clair de la Plume. A la carte : salade César, carpaccio de bœuf, planche de charcuteries de l’Ardèche et fromages…
Ambiance musicale de jazz sur la terrasse de La Ferme Chapouton, un bâtiment du XVIIIème siècle transformé par Jean-Luc Valadeau en hôtel-restaurant de 13 chambres avec piscine. Ce soir-là, on assiste à un lever de lune au-dessus du Château de Grignan. Magique ! La chanson « Au clair de la lune » qui a inspiré le nom de l’ensemble du domaine titille nos oreilles.
L’histoire est partout présente. Pour l’anecdote, le peintre Nicolas de Staël a épousé Françoise, une fille Chapouton, en secondes noces. Il venait passer ses vacances dans cette ferme.
L’ambiance est cosmopolite. La Ferme de Chapouton est le rendez-vous des gourmets de la région et d’ailleurs… Nos voisins de table sont des Allemands, une bande de joyeux copains, arrivés au volant de Porsches de collection. « Environ la moitié de la clientèle est étrangère », nous précise le maître des lieux, heureux d’avoir l’un des premiers restaurants récompensés de l’étoile verte décernée par Michelin consacrant une cuisine durable.
Aux fourneaux du Bistro, le précoce chef de cuisine Jeremy est entouré d’une équipe de jeunes gens expérimentés ou en formation. Ils participent au programme « Peace and Work » mis en place par Teritoria, la première chaîne volontaire au monde pour le suivi de la qualité au travail.
Le champagne Collet (servi également à volonté au petit-déjeuner !) a été élu par la Maison. Il est servi bien frappé avec les olives noires de Nyons. Le velouté de petits pois servi froid avec sa crème de chèvre frais est un délice. Et comment résister au filet de bœuf avec sa truffe et purée, réduit à la moelle ? A Grignan, la truffe noire est « Le » produit emblématique du terroir. Le pain de campagne est croustillant à souhait. L’épaule d’agneau confite douze heures fond dans la bouche. Simple, efficace, succulente. Quant aux desserts… mais nous nous réservons pour le restaurant gastronomique.
Une carte réinventée avec l’arrivée de Glenn Viel, chef triplement étoilé à Baumanière, Le Clair de la Plume s’offre une nouvelle jeunesse. Pari tenu pour Jean-Luc Valadeau : l’étoile Michelin est conservée après le départ du Julien Allano qui a créé son propre restaurant Ju, à Bonnieux, dans le Lubéron.
Depuis 2023, le chef Benjamin Reilhes œuvre en cuisine avec le chef pâtissier Cédric Perret qui, lui, est un pilier de la Maison et supervise l’ensemble des cuisines. Glenn Viel et les deux complices ont imaginé et co-signé la carte du Clair de la Plume.
Mimétisme ? Comme Glenn Viel, la « rock star » de Top Chef, Benjamin Reilhes arbore barbe et queue de cheval. A cela, il répond, amusé : « Avec Glenn, je grandis sur le plan culinaire et spirituel. On montre que l’on fait un travail sérieux sans se prendre au sérieux». Âgé de 31 ans, il a fait ses classes au Pressoir d’Argent Gordon Ramsay à Bordeaux et à la Table du Lausanne Palace avec Franck Pelux. L’avenir lui sourit.
La salle, avec sa magnifique véranda donnant sur le jardin, dispose de tables dressées de nappes blanches. Nous aimons ce décor intemporel, traditionnel, tout en sobriété et élégance. On dépose son sac à main dans un ravissant panier en osier. Un rappel à l’atmosphère bucolique du lieu.
L’art de la table sublime la dégustation. Nous remarquons les armoiries estampillées « C’est mon plaisir » qui figurent sur les assiettes et les couverts. Elles ont été généreusement mises à disposition par la famille d’un ami de la Maison, Thierry Simon de Kergunic, hélas décédé.
Nous optons pour la « formule raisonnable » du déjeuner en trois services, mais les gourmets pourront découvrir les 4, 6 ou 8 services, le soir. Sandrine propose de nous surprendre. Nous ne lirons pas la carte. Tout ici respire la courtoisie et la gentillesse.
Présentée dans des tasses, la boisson détox avant l’apéritif est une judicieuse idée. Les amuses-bouches sont un clin d’œil à la région : tartelettes au comté et à la truffe, pissaladière composée d’un pain brioché, de pulpe d’olives noires de Nyons, d’anchois fumés et oignons confits.
L’entrée « L’Asperge blanche épure » se présente sobrement dans l’assiette. Son bouillon glacé vivifié au raifort la distingue « hors catégorie » de toutes les autres asperges dégustées de la saison. Objectif atteint du chef qui nous dit « privilégier le goût et l’équilibre des associations plutôt que le spectaculaire du visuel » .
« Le rouget un peu grassouillet » (c’est l’intitulé exact !) joue dans la cour des grands tandis que « Le bœuf salade » s’encanaille d’une gourmandise presque bistrotière.
Cédric Perret se transforme en « Perrette » avec son pot au lait et suscite la surprise avec un Saint Marcelin glacé. « La Matriochka » étonne le palais avec ses agrumes et ses olives noires. Tandis que « Le chocolat herbacé » tient le plaisir en laisse. Un régal !
Avec ce déjeuner se confirme une cuisine fort stylée, avec un axe solide, qui ne girouette pas à tout vent pour saisir l’air du temps.
L’art de faire « du bon, du beau et du bienveillant », c’est ici au Clair de la Plume.
Et si on y allait ?
Le Clair de la Plume
Place du Mail
26 230 Grignan
Chambres à partir de 115 euros
Suites à 495 euros
Tél : + 33 4 75 00 01 01
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Photo à la Une : La Maison Principale du Clair de la Plume, hôtel ****, restaurant étoilé Michelin ©Alain Maigre