Elle éblouit petits et grands depuis des centaines années. L’entreprise historique Ruggieri, basée près de Toulouse, conçoit des feux d’artifices impressionnants à travers le monde. Retour sur cette saga familiale qui a mis son art au service des célébrations
Dans les années 1730, les cinq frères Ruggieri quittent Bologne en Italie pour conquérir la France. En 1739, Pierre, François, Antoine, Petroni et Gaëtan sont alors chargés d’animer les spectacles de la cour de Versailles. L’équipe familiale donne une incroyable représentation pyrotechnique à Versailles à l’occasion du mariage de Madame, l’une des huit filles de Louis XV, avec l’infant Philippe d’Espagne. Dans un même temps, l’aîné, Petronio, est nommé Artificier du roi par Louis XV. Il reçoit une belle pension et la propriété des Porcherons, une imposante bâtisse à Paris où il ouvre en 1766 le Jardin Ruggieri, qui propose des spectacles et des feux.
Des artificiers appelés par la noblesse
Durant les XVIIIème et XIXème siècle, les cours d’Europe font appel aux Ruggieri lors de leurs célébrations et de réjouissances publiques. En 1770, un feu d’artifice est ainsi tiré à Paris en l’honneur de l’union entre le futur Louis XVI et Marie-Antoinette. Gaëtan travaille quant à lui pour le compte de George II, le roi d’Angleterre. La reine Victoria est aussi cliente.
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La famille entend bien transmettre son savoir à ses descendants. Michel et Claude (les fils de Petroni) deviennent les artificiers successifs de Napoléon, Louis XVIII et Charles X. Le fils de Claude, Désiré, est chargé des feux officiels du Second Empire tandis que le fils de Michel, François, est artificier du vice-roi d’Egypte, Méhémet Ali. Lorsque la première Guerre Mondiale éclate, l’entreprise participe à l’effort de guerre et fabrique notamment des propulseurs des fusées.
L’ère moderne sous l’égide du groupe Lacroix
Dans les années 70, deux explosions mettent à mal l’usine Ruggieri de Monteux, entraînant la mort de plusieurs collaborateurs. La décennie suivante, la concurrence avec l’entreprise Lacroix s’intensifie. Cette société historique, qui a obtenu de nombreuses médailles lors des expositions universelles, rachète Ruggieri en 1997. La firme regroupe alors les deux noms, Lacroix-Ruggieri, avant de revenir à Ruggieri 15 ans plus tard. L’alliance des deux expertises assoit encore plus la notoriété de la société.
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« Lancer le feu est une très lourde responsabilité » mentionne Mathieu Barès, sixième génération de l’entreprise familiale toulousaine Lacroix, dans une interview pour Le Figaro. « C’est aussi beaucoup d’émotion. Tout doit être vérifié et millimétré, comme si l’on suivait une partition musicale. Pas question de faire une fausse note ou de manquer un mouvement. Chaque bombe ou fusée tirée et chaque couleur utilisée donnent un sens particulier à la chorégraphie pyrotechnique que nous offrons au public. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. Sinon, nous ne mériterions pas notre surnom de “peintres du ciel”! »
Grâce à 350 artificiers formés par an et 2500 artificiers déployés sur le terrain, 6000 feux sont tirés chaque année. Ruggieri est ainsi en charge de nombreux feux du 14 juillet (qui représente une grande part du chiffre d’affaires de la compagnie), notamment celui de Paris mais aussi de Toulouse, Lyon, Carcassonne, Bordeaux ou encore La Rochelle.
Ruggieri a orchestré en 2013, 2014 et 2015, la Fête Nationale ou le nouvel an à Dubaï (Emirats Arabes Unis), au Burj Al Arab, et la cérémonie d’ouverture de l’exposition universelle de 2017 à Astana, au Kazakhstan.
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L’entreprise opère aussi lors de concerts (Johnny Halliday, Céline Dion, Rihanna, U2, Bon Jovi, Justin Bieber, Coldplay, Metallica…), de festivals en Chine, au Japon, au Canada ou encore en Suisse, et d’événements sportifs comme la Cérémonie de la Coupe d’Afrique des Nations au Gabon, la Cérémonie des jeux des îles de l’Océan Indien à Madagascar, la Coupe de France de Football au Stade de France et les Championnats du monde de ski à Sestrières en Italie. Des inaugurations, des événements culturels, des commémorations et des soirées privées figurent aussi au portefolio de Ruggieri.
Autant de shows pyrotechniques qui continuent d’éblouir le public et d’illuminer les ciels nocturnes. Les artificiers n’ont pas seulement révolutionné le monde du spectacle grâce à leurs innovations et leurs techniques infaillibles, mais ils réfléchissent aussi à la durabilité. Le feu d’artifice du 14 juillet à Bordeaux en était l’exemple, n’utilisant pas de métaux lourds et dégageant beaucoup moins de particules fines. Sans plastique, aluminium et plomb, ce feu incarnait le futur du segment, davantage soucieux de son impact environnemental.
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Photo à la Une : © Unsplash
