Le biopic “Maria” sur la Callas, dernier de la trilogie réalisée par Pablo Larrain, pourrait bien rapporter à Angelina Jolie son deuxième Oscar de meilleure actrice. Si le film divise la critique internationale, l’incarnation d’Angelina Jolie fait, elle, l’unanimité…
Huit minutes d’ovation cet été à la Mostra de Venise pour Angelina Jolie, pour son rôle-titre dans “Maria”. Ce film y avait été présenté en avant-première mondiale.
Ce n’est peut-être pas autant que les 13 minutes de celle réservée à la Callas lors de ses adieux lors d’un ultime concert à Montréal, le 13 mai 1974, devant 3000 personnes…
Dernier biopic de Pablo Larrain
Mais c’est quand même un bel indice de la réussite de l’interprétation par Angelina Jolie de la plus célèbre des cantatrices dans le dernier film de Pablo Larraín. Sa réalisation a été, elle, plus contestée que la réincarnation de Maria Callas par la vedette américaine.
Il s’agit du dernier film de la trilogie du réalisateur américano-argentin consacrée à des femmes célèbres, toutes frappées par un destin tragique.
A chaque fois, Pablo Larrain choisit l’acmé de ces vies pour bâtir ses biopics.
Sur les écrans en 2016, “Jackie” racontait les jours qui ont suivi pour Jacqueline Bouvier, alias Jackie, l’assassinat, le 22 novembre 1963 à Dallas, de son célébrissime mari et 35e président des Etats-Unis, John Kennedy.
Sorti en 2021, “Spencer” se concentrait sur la crise personnelle traversée par Lady Di lors des festivités de Noël 1991, lorsqu’elle commence à penser à se séparer de son royal époux.
Fin de vie tragique
Et enfin, “Maria” choisit les sombres années de la fin de vie de la Callas, solitaire et ayant perdu ses capacités vocales, recluse dans son appartement parisien. Et où elle est décédée d’une crise cardiaque en 1977, à l’âge de 53 ans.. Cette période contraste de façon poignante avec les voix et carrière si lumineuses de la cantatrice gréco-américaine, née à New York en 1923.
Des flash back, rappelant les amours et les triomphes passés de la Callas, renforcent la tonalité pathétique du propos.
Le ressort dramatique des trois biopics de Pablo Larrain garantissait déjà un succès auprès du grand public, toujours attiré par les icônes malheureuses (qui les rassurent sur le fait que, finalement, les femmes belles, riches et célèbres, n’ont pas le droit au bonheur, et que mieux vaut une existence pépère …).
Mais le réalisateur a intensifié la martingale du succès en faisant interpréter ses héroïnes par des actrices elles-même très connues.
L’américaine Kristen Stewart, avatar cinématographique de Lady Di, avait déjà une belle carrière à son actif : premier rôle dès 12 ans dans le thriller Panic Room de David Fincher, récompensé par un BAFTA Rising Star en 2010, puis présence dans la saga Twilight, une des franchises les plus rentables de l’histoire du cinéma, et de nombreux rôles au sein de productions indépendantes à gros budget comme Sils Maria du français Olivier Assayas en 2014. Grâce, auquel elle décroche le César de la meilleure actrice pour un second rôle.
Son rôle dans “Spencer” lui a valu, lui, d’être nominée pour l’Oscar et le Golden globe Award de la meilleure actrice.
Des Stars reconnues
Par ailleurs, on ne présente pas l’actrice israëlo-américaine Natalie Portman, qui a campé “Jackie”. Celle-ci a déjà récolté de nombreuses récompenses pour sa carrière, notamment l’Oscar de la meilleure actrice en 2011 pour son rôle dans “Black Swan”.
Enfin, en choisissant Angelina Jolie pour incarner Maria Callas, Pablo Larrain est encore monté d’un cran, l’actrice bénéficiant d’une aura inégalée de Superstar dans le monde entier comme la Callas en avait une dans l’univers de l’Opéra.
Connue, comme la chanteuse, autant pour son talent que pour sa vie privée (et son divorce retentissant d’avec Brad Pitt), l’actrice de 49 ans a su l’incarner avec une grande justesse. Comme la Callas, délaissée par le milliardaire grec Onassis pour… Jackie Kennedy, Angelina Jolie a connu à mi-vie les affres d’un amour médiatisé et décevant.
En conférence de presse, elle a d’ailleurs avoué qu’elle partageait avec la diva sa vulnérabilité…
Le rôle de sa vie
De l’avis de beaucoup, Angelina Jolie, “véritablement habitée”, a trouvé le rôle (à défaut de l’homme…) de sa vie.
“La performance largement théâtrale mais délicatement dénouée d’Angelina Jolie semble à la fois immersive et révélatrice, comme si Maria Callas lui permettait de reconquérir sa propre identité d’artiste et d’être humain », a ainsi salué le site spécialisé IndieWire.
Beaucoup de critiques ont été frappés par la ressemblance entre l’actrice américaine et la chanteuse d’opéra grecque au port altier, métamorphosée en icône de l’élégance après son mystérieux régime. Le maquillage -yeux de chats soulignés par un eyeliner et pommettes saillantes-, les méga-lunettes de vue, les tenues ultra-élégantes, mais aussi les images léchées, tantôt en couleurs, tantôt en noir et blanc, ont permis de parfaire l’illusion.
Pour parfaire sa plongée dans l’âme de la Callas, Angelina Jolie n’a pas non plus hésité à prendre des cours de chant et à travailler intensément pendant six mois la posture si royale de la Callas et son accent.
Très motivée
Elle était, il est vrai, très motivée par le rôle. Fin 2022, l’actrice avait déclaré dans un communiqué qu’elle « donnerait” tout ce qu’elle pourrait “pour relever le défi”. “ Pablo Larraín est un réalisateur que j’admire depuis longtemps. Avoir la chance de raconter l’histoire de Maria avec lui, sur un scénario de Steven Knight (qui avait déjà écrit celui de Jackie, ndlr), est un rêve.»
Déjà oscarisée meilleure actrice en 2000 pour “Une vie volée de James Mangold”, Angelina Jolie fait aujourd’hui partie des grandes favorites pour cette récompense lors des futurs Oscars 2025.
Aux côtés d’Angelina Jolie, pour partager l’affiche du biopic, figurent l’actrice italienne Valeria Golino, campant Jackie Kennedy et les acteurs Pierfrancesco Favino (Dernière Nuit à Milan), Alba Rohrwacher (Heureux comme Lazzaro), Haluk Bilginer (Winter Sleep) et Kodi Smit-McPhee (The Power of the Dog).
Sorti sur Netflix le 28 octobre aux Etats-Unis, “Maria” sera diffusée en salle en France à partir du 5 février prochain.
Que l’on soit fan d’Opéra, de Maria Callas, d’Angelina Jolie ou des trois, le film est un must. Chacun pourra ainsi trancher entre l’avis du Figaro, qui y a vu “un film convenu qui sonne faux” et the The Guardian, qui a salué “la réussite d’un drame capable d’emporter les spectateurs. »
Lire aussi > The Substance, la quête dramatique de la jeunesse éternelle
Photo à la Une : © Netflix