Qui est Paul Watson, le mythique défenseur des océans ?

Il est l’un des militants écologistes les plus connus du monde. Depuis des décennies, Paul Watson navigue sur les mers et les océans pour protéger les écosystèmes marins et diffuse les valeurs de son association Sea Shepherd Conservation Society. Souvent au péril de sa vie et de sa sécurité.

 

Héros écologiste pour certains, écoterroriste pour d’autres : bien que les méthodes musclées de Paul Watson soient contestées, difficile d’ignorer le bienfait de ses actions pour les écosystèmes marins et la cause défendue par son association. Aujourd’hui âgé de 74 ans, les cheveux et la barbe immaculés, l’activiste continue d’œuvrer aux côtés de ses équipes pour protéger la faune et la flore de nos océans. Au fur et à mesure des décennies, il est devenu une figure incontournable du militantisme écologique.

 

De Greenpeace à Sea Shepherd

 

Né à Toronto un 2 décembre 1950, Paul Watson est connecté à la nature dès son plus jeune âge, pistant les trappeurs pour détruire leurs pièges. A 18 ans, il s’engage dans les garde-côtes canadiens, où il sert dans des navires météorologiques et des aéroglisseurs de secours en mer, avant de rejoindre la marine marchande.

 

Rebelle et engagé, il participe à des manifestations et participe à l’émergence de l’association de lutte pour l’environnement Greenpeace. Pendant plusieurs années, Paul navire et milite. Jusqu’à un fameux jour de 1975, lorsque son regard croise celui d’un cachalot harponné, tué par un baleinier soviétique. L’écologiste se fait alors la promesse de protéger ce qui compose 71% de la surface terrestre, l’océan. En 1977, il est exclu de Greenpeace en raison d’un désaccord entre la philosophie de non-violence prônée par l’ONG et son ambition de mener des actions plus directes.

 

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Bryan Adams (@bryanadams)

 

La même année, il fonde Sea Shepherd Conservation Society. L’association lutte principalement contre le braconnage des baleines mais s’engage aussi dans la protection des phoques, requins, dauphins et autres animaux marins menacés, ainsi que contre la surpêche industrielle.

 

Des méthodes contestées

 

Fort de plusieurs bateaux et de bénévoles déterminés, son ONG se fait rapidement remarquer par ses actions de grande ampleur et un équipage qui n’hésite pas à rentrer en collision avec des navires-usines afin de les stopper dans leurs activités. Toujours en s’assurant de la sécurité des membres et dans des contextes de pêches illégales, mentionne l’association. Des méthodes qui divisent et qui ont valu à Sea Sheperd et Paul Watson de nombreux procès. Tel un pirate militant, naviguant sous son drapeau noir paré d’une tête de mort et du nom de l’ONG, il devient l’écologiste à abattre et partage sa vie entre la mer et les arrestations.

 

Vegan, misanthrope, antispéciste (mouvement qui met sur un pied d’égalité toutes les espèces, y compris l’homme)… Paul Watson tient son association d’une main de fer et affirme qu’il faut être prêt à mourir pour défendre une telle cause. « Pour se placer au même niveau d’importance qu’une baleine, un dauphin, un morse ou un phoque, il faut un degré d’humilité et de perception que peu peuvent concevoir » indique Paul Watson sur le site de l’ONG.

 

 

Si le militant est soutenu par de grandes personnalités comme Pierre Niney et Brigitte Bardot, les groupes Tryo et Shaka Ponk et même la ville de Paris qui lui a accordé en fin d’année la citoyenneté d’honneur, des politiques et des écologistes dénoncent quant à eux ses actions jugées contre-productives.

 

« J’ai envahi la Sibérie soviétique en 1981 pour dénoncer la chasse à la baleine illégale pratiquée par la Russie et, en 1986, j’ai organisé le sabotage de la moitié de la flotte baleinière islandaise et l’arrêt de la chasse à la baleine en Islande pendant 17 ans. J’ai ensuite affronté la Norvège et coulé quatre baleiniers norvégiens. Enfin, après dix ans de confrontation avec la flotte baleinière japonaise en Antarctique, ces opérations ont abouti à son retrait du sanctuaire baleinier de l’océan Austral » décrit Paul Watson. Leviathan, Sparrow, Migaloo, Blue Rage, Waltzing Matilda, Requiem, Jodari… Des dizaines d’opérations ont été opérées par Sea Sheperd, permettant de sauver des milliers de cétacés et de poissons.

 

© Unsplash

 

Il y a quelques années, des divisions internes au sein de Sea Shepherd Global poussent Paul Watson à créer Sea Shepherd Origins. Les antennes de Sea Shepherd en France, au Royaume-Uni, au Brésil, en Hongrie et en Nouvelle-Calédonie signent la charte d’Origins, tandis que les autres antennes (australienne, chilienne, espagnole, irlandaise, islandaise, italienne, néerlandaise et portugaise) se rallient à l’antenne américaine. En parallèle, il fonde la Fondation Captain Paul Watson et s’implante dans les pays non ralliés à Origins.

 

Une arrestation le 21 juillet 2024

 

« Nous sommes venus arrêter Paul en raison d’un mandat d’arrêt émis par le Japon » déclarait le 21 juillet 2024 la police fédérale danoise, venue chercher le capitaine sur son vaisseau amiral, le M/Y JOHN PAUL DEJORIA. Arrêté au Groenland, Paul Watson, qui s’apprêtait à intercepter un nouveau navire-usine baleinier nippon, a été débarqué de son navire en raison de ses actions contre la chasse baleinière du Japon en Antarctique. Un mandat d’arrêt international avait été lancé contre lui en 2012.

 

Le fondateur du mouvement Sea Shepherd était détenu à Nuuk et n’a finalement pas été extradé vers le Japon, où il risquait jusqu’à 15 ans de prison.

 

 

« On essaye de compenser les lacunes de ces gouvernements qui n’assument pas leurs responsabilités vis-à-vis notamment des générations futures et par rapport à toutes les lois et tous les traités qu’ils ont signés » a rappelé Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd, lors d’une interview sur France Inter le 14 décembre dernier. Défendant la mission de l’ONG de protéger la biodiversité marine, elle citait alors Paul Watson lui-même : « Si la vie dans nos océans vacille, c’est l’humanité qui vacillera, et si les océans meurent, l’humanité mourra, car nous ne pouvons pas survivre sur cette planète avec un océan mort. »

 

Sea Shepherd Conservation Society revendique avoir sauvé plus de 5 000 baleines des harpons japonais.

 

Lire aussi : La famille de boulangers Poilâne : la farine dans le sang

 

Photo à la Une : © Paul Watson Foundation

Luxus Magazine recommends

Abonnez-nous pour recevoir Luxus Magazine chez vous à prix réduits !

Luxus Magazine N°9

Disponible en précommande