Qui sera le nouveau propriétaire de la villa Louveciennes de Karl Lagerfeld ?

Le 17 juin 2025, la Chambre des notaires de Paris accueillera une vente pas comme les autres. Ce jour-là, une propriété d’exception chargée d’histoire, nichée à Louveciennes dans les Yvelines, passera sous le marteau. Plus qu’un simple bien immobilier, il s’agit de l’ancienne demeure du couturier Karl Lagerfeld, transformée selon les codes esthétiques rigoureux et l’exigence minimaliste de celui que l’on surnommait le « Kaiser de la mode ».

 

Un refuge singulier aux portes de Paris

 

Située à seulement 20 kilomètres de la capitale française, ce somptueux manoir, dit Pavillon de Voisins  avait été acquis par Karl Lagerfeld en 2010 qui en avait fait sa « Villa Louveciennes » . Cette demeure bourgeoise de style néoclassique, bâtie au XIXe siècle, offre une surface habitable d’environ 600 m². Elle est installée au cœur d’un domaine de deux hectares entièrement paysagés. Ancienne résidence du poète Leconte de Lisle puis d’une branche de la famille Rothschild, la villa ne manque pas de noblesse. Mais c’est Karl Lagerfeld qui, avec son regard d’architecte intérieur et d’esthète, lui a véritablement insufflé un style à part.

 

Même s’il n’y a passé qu’une seule nuitdans le pool house, précisent les notaires en charge de la vente, Maîtres Jérôme Cauro et Arno Felber de l’office Arias Notaires — le Kaiser de la mode (Chanel, Chloé, Fendi, KL) utilisait cette maison comme un lieu de réflexion, de création et de réception. Véritable extension de sa pensée, elle est marquée par un goût pour la clarté, la symétrie, et la simplicité sophistiquée.

 

Une demeure pensée comme une œuvre

 

À l’intérieur, les aménagements réalisés à grands frais traduisent l’ambition esthétique du couturier. Loin de toute ostentation, le style se veut rigoureux, équilibré, et intemporel. Les installations techniques ont été entièrement rénovées et déportées dans les dépendances pour garantir le calme absolu de la maison principale. Un ascenseur a été installé, en toute discrétion.

 

La salle d’entrée de la Villa Louveciennes où se trouvait en lieu et place des bouquets de fleurs une paire de cariatides à l’antique ©Image Sept

 

Du temps du polymathe de la mode, le visiteur était accueilli par une paire de cariatides montées en lampe dans le goût de l’antique, tandis qu’un tapis d’époque Art Déco, imaginé par Louis Süe et André Mare jonchait le sol. Dès le rez-de-chaussée, le ton est donné : trois salons en enfilade, baignés de lumière naturelle, s’ouvrent sur le parc. Dans l’un d’eux, l’homme au catogan et aux lunettes fumées y avait installé du mobilier signé de l’architecte d’intérieur Bruno Paul, créateur allemand du début du XXème siècle. L’un des espaces les plus touchants est une chambre reconstituée à l’image de celle de l’enfance de Lagerfeld, avec sa tapisserie léopard et où se trouvait son lit d’époque Louis XVI. C’est cette chambre qui abritait l’œuvre qui fera naitre son amour pour le Siècle des Lumières et le baroque : un tableau mettant en scène Frédéric le Grand recevant Voltaire au Palais de Sanssouci. Une manière poétique de faire cohabiter mémoire et création dans un même lieu. 

 

Fameux tableau du roi de Prusse, Frédéric le Grand (Frédéric II) recevant Voltaire au Palais de Sanssouci par Adolph Menzel, accroché du temps de Karl Lagerfeld dans sa chambre à coucher. © DR

 

Au premier étage, on découvre l’ancien atelier du couturier, son bureau et jadis ses étagères aux piles de livres et plusieurs pièces secondaires. Toujours au même étage, une chambre hébergeait sur un des murs la collection intégrale de La Pléiade. L’atmosphère y est feutrée, presque monacale. Lumière maîtrisée, mobilier épuré, silence studieux : tout semble pensé pour encourager l’inspiration et la concentration.

 

Le dernier étage est quant à lui plus domestique. Il abrite cinq chambres, plusieurs salles de bains, des rangements… et un espace dédié à Choupette, la célèbre chatte birmane de Karl Lagerfeld, à la fois muse et compagne fidèle.

 

Villa Louveciennes ayant appartenu au créateur de mode Karl Lagerfeld ©Image Sept

 

Un parc à l’image de son maître

 

À l’extérieur, le jardin suit la même ligne : rigueur géométrique et romantisme végétal s’y côtoient. Les allées sont tracées au cordeau, la végétation maîtrisée avec précision. On y trouve un court de tennis, une piscine élégante, un vaste pool house et une dépendance transformée en bibliothèque. Ce dernier bâtiment accueillait une partie des quelque 20 000 ouvrages de la bibliothèque personnelle du créateur.

 

Cet ensemble architectural, rare par son unité esthétique et sa qualité d’exécution, reflète parfaitement l’univers de Lagerfeld : un lieu « habité », au sens le plus fort du terme, même s’il y a passé peu de temps. Il en avait fait un laboratoire d’idées, un studio mental, une projection grandeur nature de son goût pour la ligne claire et la culture savante.

 

Une mise à prix à la hauteur du prestige

 

La maison est aujourd’hui proposée aux enchères avec une mise à prix fixée à 4,635 millions d’euros. La vente se déroulera selon la tradition notariale dite « à la bougie », un procédé ancien où la fin des enchères est signalée par l’extinction de deux mèches successives.

 

Ce rendez-vous immobilier s’inscrit dans une série de ventes posthumes liées au patrimoine de Karl Lagerfeld. En 2024, l’appartement du créateur situé au 17 quai Voltaire, à Paris, avait été adjugé pour 10 millions d’euros, presque le double de sa mise à prix. Avec la villa de Louveciennes, c’est sans doute le dernier chapitre d’un processus de transmission patrimoniale qui s’achève — à moins que d’autres trésors ne refassent encore surface.

 

Une opportunité rare pour collectionneurs et amateurs d’art de vivre

 

Au-delà de la dimension financière, cette vente est une invitation à pénétrer l’univers d’un créateur. Le futur acquéreur ne deviendra pas simplement propriétaire d’un bien, mais dépositaire d’un héritage culturel singulier. La maison porte encore la trace de l’un des plus grands créateurs du XXe siècle. Elle incarne, dans ses murs comme dans ses choix de mobilier ou de jardin, un style de vie, une vision du monde, une manière d’habiter le silence et la beauté.

 

Informations pratiques :

  • Vente aux enchères notariale
  • Date : 17 juin 2025
  • Lieu : Chambre des notaires de Paris
  • Bien : Propriété de Karl Lagerfeld à Louveciennes (Yvelines)
  • Surface habitable : Environ 600 m²
  • Parc : 2 hectares
  • Mise à prix : 4,635 millions d’euros

 

Lire aussi > [Luxus Magazine] Que devient l’héritage de Karl Lagerfeld ?

 

Photo à la Une : © Karl Lagerfeld

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