La fabrication de Haute Maroquinerie en France n’est pas seulement perpétuée par Hermès et Louis Vuitton. De plus petits acteurs, comme Longchamp, continuent de faire vivre les savoir-faire du cuir, pour un luxe plus accessible.
Un sac de luxe Made in France….Le nec plus ultra.
Si beaucoup de Maisons de mode, y compris de luxe, sous-traitent désormais leurs collections à l’étranger, la Haute Maroquinerie fabriquée dans l’Hexagone n’a pas dit son dernier mot.
Un savoir-faire d’excellence
Le spectre est large, allant du luxe hard, situé sur des échelles de prix parfois stratosphériques, au luxe soft, plus accessible. Et si Hermès et Louis Vuitton communiquent amplement sur leurs ateliers français, on peut aussi s’offrir des modèles de très belle facture plus accessibles fabriqués dans l’Hexagone, tels qu’un sac à main en cuir pour femme Lonchamp. Cette Maison fondée en 1948 a su conserver ses savoir-faire tout en créant des collections adaptées à l’air du temps et à des prix “raisonnables”. Même si Longchamp fait aussi partie du cercle fermé du comité Colbert, l’association du luxe français, au même titre qu’Hermès ou Louis Vuitton.
Pour les puristes dotés des moyens suffisants (et parfois de la patience nécessaire), s’offrir un modèle Hermès reste l’assurance de s’offrir un savoir-faire français d’excellence.
La Maison de la rue du Faubourg Saint Honoré fabrique en effet ses articles de Maroquinerie exclusivement dans ses propres ateliers, tous situés dans l’Hexagone.
Hermès ouvre ainsi des unités à taille humaine, d’environ 300 salariés, dans différentes régions, à raison d’environ une par an depuis environ deux décennies. Il s’agit en effet de répondre à une forte demande. Pour acquérir les modèles iconiques, le Birkin et le Kelly, il faut en effet être prêt(e) à attendre plusieurs mois avant qu’il ne soit fabriqué. Même, si, avec une quarantaine de modèles de sacs, Hermès peut aussi satisfaire rapidement les impatient (e)s.
Dans un tel contexte porteur, le sellier vient ainsi d’inaugurer le 13 septembre dernier, sa 23ème unité de maroquinerie, à Riom, près de Clermont-Ferrand.
Modèle artisanal
Pour l’occasion, Guillaume de Seynes, le directeur général d’Hermès en charge du pôle amont et participations, interrogé par la presse spécialisée, a souligné l’attachement du groupe à “une ‘exigence de qualité” et au “modèle artisanal qui nous distinguent, que l’on appelle “un homme, un sac”. A savoir la fabrication de A à Z d’un modèle par la même personne, hormis les étapes de coupe et de piquage machine, des compétences à part.
Guillaume de Seynes a aussi rappelé le savoir-faire d’origine de la Maison, celui historiquement harnacheur puis sellier. Depuis le tout premier sac imaginé en 1932 par Émile Hermès, tous les modèles de la Maison déclinent ainsi la technique du cousu sellier, une couture à deux aiguilles servant aussi à la fabrication des selles. Un savoir-faire qui se conjugue avec le temps long : il faut compter quinze à vingt heures de travail selon les modèles. Mais grâce à ce procédé, on est sûr de leur solidité et durée dans le temps…
Chez Louis Vuitton, la Maison phare de LVMH, le Made in France est aussi à l’honneur. Même si, contrairement à Hermès, Louis Vuitton a aussi ouvert des ateliers dans d’autres pays européens, à savoir l’Espagne et l’Italie et sur un marché majeur pour la marque, les Etats-Unis.
Louis Vuitton : deux inaugurations dans le Loir et Cher en 2022
Les deux dernières inaugurations de sites de production français de maroquinerie de la Maison, dédiés notamment aux peaux exotiques. ont eu lieu début 2022 à Azé et Vendôme, dans le Loir-et-Cher.
Après une année 2021 exceptionnelle, il s’agissait notamment pour Louis Vuitton de répondre à une demande exponentielle pour les sacs en cuirs exotiques en provenance de Chine et de Corée-du-Sud, comme l’expliquait à l’époque Michael Burke, le Pdg de la Maison.
Cela portait le parc industriel de Louis Vuitton à 18 ateliers en France, employant alors 4.800 personnes.
Mais la Maison projetait encore de recruter un millier d’artisans supplémentaires d’ici la fin 2024, via notamment l’ouverture de deux nouveaux ateliers dans l’Hexagone à Charmes sur l’Herbasse, près de Valence, et à Beaulieu-sur-Layon (Maine-et-Loire).
Lors de l’inauguration des deux nouvelles unités dans le Loir et Cher, Bernard Arnault rappelait que ses « artisans fabriquaient des produits en liste d’attente ».
Des artisans qui ne se forment pas non plus en un claquement de doigt. Selon Valérie Dubois, la directrice de la production de la maroquinerie Louis Vuitton en France, il faut compter entre un an et un an et demi pour former les salariés aux fondamentaux de leur métier et les rendre opérationnels.
Expertises précieuses chez Longchamp
La Maison familiale Longchamp, la reine de l’iconique sac Pliage, a, elle aussi, déployé plusieurs unités de fabrication depuis sa création en 1948. La toute dernière est sortie de terre en 2018, à Pouzauges en Vendée.
Longchamp aligne désormais six sites de production dans l’Ouest de la France, en Mayenne, Vendée, dans le Maine-et-Loire et l’Orne. Plus de 800 hommes et femmes, répartis sur 25 ateliers, y détiennent, eux aussi, des expertises précieuses.
Construite par quatre générations successives de la famille Cassegrain, la success story de Longchamp s’appuie sur un savoir-faire essentiel, le travail du cuir. La Maison a été ainsi la première à gainer des pipes avec un cuir souple, cette technique de gainage permettant ensuite de créer d’autres objets dotés d’une véritable seconde peau. Mais Longchamp ne s’est pas reposée sur ses lauriers et sa trouvaille originale. Il a continué de faire vivre son expertise du cuir en la déclinant dans des collections sans cesse renouvelées pour s’adapter aux tendances contemporaines.
Un exemple : celui du sac “Le Pliage”. Celui-ci est inventé au début des années 70 par Philippe Cassegrain, après un voyage au Japon. Inspiré par l’origami, l’art nippon consistant à réaliser de véritables mini-sculptures en pliant des papiers, il crée un premier prototype de sac en toile de nylon à poignées de cuir, capable lui aussi de se replier au format d’une enveloppe pour rentrer plus facilement dans un bagage.
Sac le plus vendu dans le monde
Au début des années 90, les codes pérennes du sac sont fixés : une forme trapézoïdale dotée d’un rabat, de deux poignées terminées en pointes, de deux petites oreilles en cuir et d’un bouton-pression dans le dos…
Pour autant, ce modèle, devenu le best seller absolu de la Maison et le sac le plus vendu au monde, n’a cessé de se réinventer, multipliant formats et matières. Et ce, notamment, depuis 1995, grâce à la créativité de Sophie Delafontaine, la directrice artistique et à des collaborations avec des talents extérieurs comme les designers Jeremy Scott et Mary Katrantzou ou l’illustrateur Robert Wagt.
Parmi ses multiples variantes, la plus luxueuse est sans conteste “Le Pliage Cuir”, introduit en 2012, qui se plie aussi bien que la version nylon d’origine.
Mais les amateurs de belle Maroquinerie pourront aussi se tourner vers d’autres créations plus récentes de Longchamp, comme le dernier né de sa famille “Le Foulonné”, en cuir de vachette. Adoptant la forme originale d’un trapèze, celui-ci se transforme facilement en cabas grâce à un simple bouton pression.
Coûts obligent, afin de maintenir un positionnement de luxe accessible, Longchamp a certes élargi son bassin de production au delà de l’Hexagone, avec désormais deux sites de production à l’étranger, en Tunisie et à l’Île Maurice et des ateliers-partenaires en France, en Chine, en Roumanie et au Maroc. Pour autant, la conception et la création de ses modèles restent basées en France. Et la marque assure que les étapes de fabrication sont réalisées à l’identique dans tous les ateliers de la marque, quelle que soit leur localisation…
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Photos à la Une : © Longchamp