De Miami à Tanger, en passant par la Côte d’Azur, Cascais ou les Hamptons, les plus grands noms de la mode ont trouvé, loin des podiums et des projecteurs, des refuges d’été où s’exprime leur génie créatif. Villas mythiques, maisons de famille, ateliers secrets ou châteaux, chacun de ces lieux d’exception incarne l’esprit, l’audace et l’art de vivre de leurs célèbres propriétaires.
Cet été, LUXUS MAGAZINE vous emmène chaque semaine en escale dans une résidence prestigieuse : un voyage en neuf épisodes à travers les lieux de villégiature emblématiques des grands couturiers. Dans ce huitième volet de notre saga estivale, cap sur les collines verdoyantes de l’Italie. C’est ici, à la Villa Vagnola située à Cétone, près de Sienne (Toscane), que le couturier Valentino Garavani s’échappe chaque été depuis les années 1980. Un lieu qui incarne sa vision du raffinement à l’italienne, à l’abri des regards mais ouvert à la beauté sous toutes ses formes.
Un écrin d’élégance au cœur de l’Italie
La Villa Vagnola ne se résume pas à une simple résidence estivale. Située au cœur d’un vaste domaine sur les terres volcaniques de l’ancienne Étrurie, cette demeure néoclassique, entourée d’oliviers et de cyprès, reflète le goût raffiné de Valentino. Acquise en 1986, elle a été patiemment restaurée par le couturier et son compagnon de toujours, Giancarlo Giammetti, en collaboration avec l’architecte d’intérieur Henri Samuel, puis du décorateur Jacques Grange.
Construite en 1750 par le noble Cetona Salustio Terrosi pour son épouse Antonietta Vagnoli, la Villa tire son nom de cette union. L’endroit, autrefois occupé par des cabanes rurales, a été transformé grâce à d’importants travaux de réaménagement.
À la Villa Vagnola, rien n’est ostentatoire. Fresques anciennes, meubles d’époque, bibliothèques garnies de livres d’art et étoffes choisies composent un décor où chaque détail dialogue avec le temps. « J’aime vivre entouré de beauté, elle me nourrit », a expliqué Valentino, soulignant une relation personnelle à l’esthétique qui imprègne chaque recoin de cette maison singulière.
Une vie d’esthète en mode dolce vita
La vie suit un rythme feutré, entre promenades dans les jardins, lectures au bord de la piscine et déjeuners à l’ombre des oliviers et pins parasols. Entouré de ses fidèles compagnons, ses carlins baptisés Maometto ou Milton, Valentino cultive un art de vivre précis et apaisé.
Les jardins, eux aussi, reflètent cette sensibilité : roseraies, fontaines en mosaïque, allées ombragées… jusqu’au jardin secret où Valentino aime se retirer. Chaque été, la Villa Vagnola devient un espace de création et de mémoire, rythmé par l’élégance du quotidien.
Le soir, la maison s’anime : dîners en robes longues, projections de films en plein air ou impromptus lyriques prennent place dans ce décor soigneusement entretenu. Parmi les invités de passage, quelques visages familiers – Elizabeth Hurley, Hugh Grant, Claudia Schiffer, Gwyneth Paltrow, Anne Hathaway, Naomi Campbell, Pierpaolo Piccioli, Donatella Versace ou encore Maria Grazia Chiuri – venus partager un moment suspendu, à l’abri du monde.
Un refuge artistique entre mémoire et création
Plus qu’une maison, la Villa Vagnola est un lieu habité par la beauté. À l’intérieur, les œuvres dialoguent : dessins de Cocteau, sculptures de la Rome antique, portraits de la Renaissance et toiles modernes. Chaque pièce raconte un chapitre du goût éclectique du maître.
Commencée dans les années 1960, la collection de Valentino y trouve un écrin discret. Retiré de la scène de la mode depuis 2008, le couturier y poursuit, loin des projecteurs, sa passion pour le dessin et l’aménagement. Ce lien intime à l’art et à la création prolonge aujourd’hui son chemin au-delà des murs de Vagnola.
En mai 2025, Valentino Garavani et Giancarlo Giammetti ont inauguré leur fondation culturelle à Rome : PM23. Situé au 23 Piazza Mignanelli, dans l’ancien Palazzo Gabrielli Mignanelli, cet espace accueille expositions, ateliers et initiatives destinées à de jeunes talents. À travers ce lieu, Valentino inscrit son engagement dans une continuité où art, mode et transmission s’entrelacent, fidèle à sa vision de la beauté.
Quant à La Villa Vagnola, elle a été discrètement proposée à la vente en 2019 par l’intermédiaire de Christie’s International Real Estate, au prix de 12 millions d’euros. Depuis, aucune information officielle ne confirme si la transaction a eu lieu ni qui pourrait en être le nouveau propriétaire. Il est donc possible que la demeure appartienne toujours au duo fondateur, ou qu’elle ait changé de mains dans la plus grande discrétion.
Le mirage d’une dolce vita réinventée, la Villa Vagnola incarne bien plus qu’un simple refuge d’été : elle est le théâtre d’un art de vivre signé Valentino. Ce sanctuaire invite non seulement à la rêverie, mais rappelle que l’élégance la plus authentique est souvent celle que l’on cultive loin du regard du monde, dans l’intimité d’un lieu façonné à son image.
À lire: Valentino, At the Emperor’s Table – The Legends Collection | Édition Assouline
À voir: The BoF Podcast | Giancarlo Giammetti on Securing Valentino’s Legacy 2025 (YouTube)
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Photo à la Une : montage du portrait de Valentino et la Villa Vagnola
