Il est l’un des cuisiniers les plus renommés au monde. Connu du grand public par son passage à Top Chef en tant que juré, Thierry Marx n’est pas seulement un chef de restaurants d’exception. A travers les décennies, l’artisan de la gastronomie a monté un véritable empire et n’hésite pas à user de sa notoriété pour défendre ses pairs et la cuisine française.
Luxus Magazine vous donne rendez-vous ce soir pour son événement exclusif « L’art de recevoir » au Pavillon Elysée Té. Le cocktail dinatoire, signé Thierry Marx, célèbrera le lancement du dernier numéro de Luxus Magazine aux côtés de nos partenaires et d’intervenants inspirants.
De l’adolescence en cité…
Rien ne prédestinait Thierry Marx a une telle réussite. Né dans le quartier de Ménilmontant au sein du 20ème arrondissement parisien, d’un père ouvrier du bâtiment et d’une mère laborantine, le petit Marx grandit dans les années 60. Il s’amuse à fréquenter la boulangerie de Bernard Ganachaud, l’inventeur de la baguette Gana, qui l’ouvre sur les goûts du pain. Pendant ses années collège, Thierry Marx déménage dans une cité HLM à Champigny-sur-Marne. Dans ce nouvel environnement, le collégien développe un comportement rebelle et décroche scolairement. Malgré un dossier insuffisant, la rigueur du judo le pousse à persévérer jusqu’au lycée pro où il étudie la mécanique générale, mais pas à l’école hôtelière qu’il souhaitait intégrer à l’époque.
S’en suivent de nombreux petits boulots et l’armée, avec laquelle il part au Liban comme parachutiste. Une fois revenu en France, Thierry Marx reprend ses études couronnées par un CAP de pâtissier et de chocolatier-glacier, un BEPC et, revanche sur la vie, un bac général.
Première rencontre marquante : celle de Bernard Loiseau, qui, en lui racontant son parcours, l’inspire et le motive à poursuivre dans la cuisine. Mais il faudra rentrer dans ce monde par la « petite porte » et faire ses armes. Il se fait donc embaucher comme commis dans le restaurant Taillevent tenu par le chef Claude Deligne, puis intègre la brigade de Joël Robuchon, Alain Chapel et Jacques Maximin.
… Vers les étoiles
Après avoir voyagé à Sidney, Singapour ou encore Tokyo, Thierry Marx repose ses valises et ses couteaux en France et officie, en tant que chef, dans le restaurant Roc en Val à Montlouis-sur-Loire et au Cheval Blanc de Nîmes. Il obtient, en 1988 et en 1991, une étoile Michelin dans ces deux restaurants. Le chef, qui accède alors les plus hautes sphères gastronomiques, prend la tête des cuisines du château de Cordeillan-Bages en Gironde où il décroche une étoile en 1996, puis deux étoiles trois ans plus tard. Elu cuisinier de l’année en 2006 par le Gault & Millau, il devient chef au Mandarin Oriental Paris en 2011. Son restaurant Sur Mesure est récompensé de deux étoiles. Thierry Marx atteint littéralement parlant les sommets en prenant les rênes de Madame Brasserie, la table située au premier étage de la Tour Eiffel. En 2023, le chef ouvre son propre restaurant, Onor, qui obtient une étoile dans l’iconique guide rouge la même année.
Chevalier de la légion d’honneur, Thierry Marx ne se contente pas d’aligner des étoiles dans le Michelin : il les côtoie directement dans le ciel. En effet, après une rencontre avec Thomas Pesquet en 2016, le cuisinier est choisi par le CNRS pour élaborer les plats qui seront dégustés par l’astronaute lors de sa mission spatiale dans l’ISS. Pionnier de la cuisine moléculaire, Thierry Marx prouve ainsi son impeccable maitrise du mariage entre la science et la gastronomie française traditionnelle. Il cocréé d’ailleurs, avec le chimiste Raphaël Haumont, le Centre français de l’innovation culinaire en 2012, un laboratoire dédié à l’invention et l’élaboration de la cuisine du futur.
Un cuisinier engagé
Juré intransigeant de Top Chef de 2010 à 2014, Thierry Marx complète son impressionnant CV avec l’écriture de livres, un rôle de chef résident chez le traiteur Té (Groupe SOS), la création de plusieurs boulangeries ou encore du restaurant de streetfood MarXito ouvert en 2018 dans le huitième arrondissement parisien. Cette table, dont les prix se veulent accessibles au plus grand nombre, entend démocratiser la cuisine de goût, gourmande et faite maison tout en permettant à un public large de bien manger sans casser son porte-monnaie au sein d’écrins gastronomiques. Cette vision d’une cuisine moderne et abordable n’est pas nouvelle pour Thierry Marx. Dès 2012, le chef fonde l’association Street Food en Mouvement qui promeut une alimentation de rue de qualité et œuvre à professionnaliser cette activité.
Thierry Marx s’engage après du client, mais aussi des cuisiniers en herbe. Le chef d’entreprise anticonformiste ne compte pas garder sa réussite rien que pour lui. Ce qu’il souhaite, c’est accompagner les autres dans leurs projets professionnels culinaires. Porté par cet amour sincère de la transmission et du partage social, Thierry Marx inaugure en 2012 Cuisine Mode d’Emploi(s), une entité de formations en cuisine, boulangerie et services en restauration visant les personnes éloignées de l’emploi. L’objectif ? Proposer un cursus rapide et formateur à des jeunes sortis du système scolaire, des demandeurs d’emploi de longue durée, des personnes en reconversion professionnelle ou en prise avec la justice, et répondre au fort besoin de recrutement de l’industrie gastronomique et hôtelière. En 2023, il lance aussi la plateforme « monCVnum » pour regrouper les CV des candidats et faciliter les embauches. Sans parler des formations de l’école Thierry Marx.
Cet altruiste invétéré se dévoue aussi pour ses collègues. Outre ses actions pour solutionner les problématiques d’embauche du secteur, Thierry Marx n’hésite pas à prendre position lors du Covid-19 pour alerter sur les difficultés des restaurateurs et des hôteliers et appeler le gouvernement à soutenir davantage la filière. Président national de l’UMIH, le principal syndicat hôtelier, le chef porte la voix des professionnels afin d’améliorer leurs conditions. Hier, mercredi 29 mai, lors de l’assemblée générale de l’UMIH, Thierry Marx a en autres fait part de son inquiétude quant aux charges écrasantes et à la fragile rentabilité des établissements.
Autant d’actes et de propos militants qui découlent de l’engagement profond de Thierry Marx à faire perdurer et rayonner la gastronomie et l’hôtellerie françaises. Un chef cuisinier ultra talentueux et multirécompensé certes, mais un « homme de valeurs » avant tout.
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