De nombreuses marques d’horlogerie de luxe ont noué des liens privilégiés au fil de leur histoire avec l’univers automobile. Qu’il s’agisse de montres épousant une esthétique inspirée de bolides emblématiques, de contrats de sponsoring ou de simples collaborations, les voitures, vecteurs de performance, d’innovation et de design, séduisent autant les fondus de vitesse que les amateurs de garde-temps exclusifs.
Alors que Netflix diffuse dès ce 29 novembre une mini-série en 6 épisodes consacrée au mythique pilote brésilien – et ambassadeur devant l’éternel de TAG Heuer, Ayrton Senna, 30 ans après la disparition tragique de ce triple champion du monde – et détenteur de 41 victoires de grand prix et 65 pole positions – sur le circuit d’Imola lors du Grand Prix de Saint-Marin, l’occasion est trop belle pour ne pas revenir sur le lien intime qui lie bon nombre d’horlogers au monde automobile.
Car l’univers des montres partage avec les belles cylindrés un souci exacerbé de haute précision, d’ingénierie mécanique et de design.
Au début, l’horlogerie dans le milieu automobile était essentiellement embarquée, fixée au tableau de bord, au volant ou au rétroviseur central. C’est en 1918 que la marque biennoise Mido s’est inspirée directement des radiateurs des bolides signés Bugatti, Lancia et Delage, sillonnant de nouveau les campagnes européennes d’après-guerre, pour concevoir ses cadrans.
Les montres ne tardent pas à se doter de couronnes tournantes ou de boîtiers bombés afin de faciliter la lecture à toute une génération de conducteurs émergents.
Il faut toutefois attendre 1940 pour que les premiers sportifs automobiles se mettent à mesurer leurs performances avec une précision sans précédent. Le chronométrage naît, générant plusieurs décennies de sponsoring de courses et autres évènements automobiles. Dès lors, les horlogers n’auront de cesse de vouloir associer leur nom ou simplement certains modèles à certaines compétitions, voire à un constructeur établi.
TAG Heuer
Propriété du groupe LVMH depuis 1999, TAG Heuer a une longue histoire dans le chronométrage sportif, en particulier dans le monde des courses automobiles. L’horloger suisse établi à la Chaux-de-Fonds, a ainsi été le chronométreur officiel de nombreuses courses de Formule 1 et du championnat du monde de rallye. La marque a été associée à des moments emblématiques de l’horlogerie comme par exemple via le chronographe Monaco, lancé en 1969 et porté par l’acteur Steve McQueen dans le cultissime film Le Mans (1971). En 1988, la marque passe un cap en devenant partenaire horloger officiel de l’ensemble des produits Senna et en 1993, le pilote Ayrton Senna, adepte de la chronograph S/EL (Sport & Elégance) devient ambassadeur de la marque.
Dans le monde vrombissant des courses F1, TAG Heuer a choisi, outre le Red Bull Racing, de soutenir l’écurie Porsche.
Bien plus qu’un simple contrat de sponsoring, la marque a noué avec le constructeur de voitures de sport allemand de multiples collaborations dans le cadre de la compétition Porsche Carrera Cup et du développement produit à travers des montres cobrandées. Citons ainsi dans leur domaine respectif la Heuer Carrera et la Porsche 911 Carrera.
Dernière née de la collection, la TAG Heuer Carrera Chronograph Tourbillon Extreme Sport incorpore le mouvement de pointe TH 20-09. Sa construction bi-matière combinant or rose 18 K SN sur son boîtier de 44 mm, sa lunette et sa couronne offre un contraste saisissant avec son titane revêtu de DLC.
D’ailleurs, l’héritage le plus marquant de la marque fondée en 1860 par rapport à l’univers de l’automobile est sans conteste la TAG Heuer Carrera, une véritable référence de montre chronographe homme de luxe. Créé en 1963 par Jack Heuer, le modèle aux lignes épurées et au boîtier en acier inoxydable s’inspire de la toute aussi célèbre et hautement périlleuse pour l’époque, Carrera Panamericana, une compétition automobile organisée en pleine jungle mexicaine. Cette pièce culte est équipée dès son lancement d’une lunette tachymétrique permettant aux pilotes de calculer leur vitesse moyenne. En 2023, le garde-temps a soufflé ses 60 bougies en fanfare avec une campagne immortalisant l’arrivée de la star canadienne Ryan Gosling au volant d’une Chevrolet Malibu 1973 dans le film Drive.
En hommage à Ayrton Senna, l’horloger suisse a d’ailleurs sorti une édition limitée : la TAG Heuer Carrera Extreme Sport Tourbillon x Senna. Equipée d’un cadran squelette doté d’un mouvement tourbillon chronographe calibre TH20-09 à l’échelle tachymétrique atteignant 400 km/h, ce garde-temps est à l’image de cette légende du sport automobile.
Breitling
Célébrant cette année 140 ans de créations, le pionnier du chronographe moderne, Breitling a collaboré avec plusieurs marques automobiles au fil des ans et tout particulièrement avec Bentley. Le partenariat Breitling for Bentley a ainsi donné naissance à toute une série de montres.
En 2002, la Maison horlogère lance l’horloge du tableau de bord de la première Bentley Continental GT. Avec son design raffiné inspiré de l’univers automobile, la Breitling Bentley Motors Chronograph n’a pas tardé à gagner les faveurs des amateurs de montres de luxe et de voitures haut-de-gamme. La Breitling Bentley B06 a pris la suite avec un mouvement maison Breitling calibre B06 doté de la fonction chronographe offrant une précision au 1/8e de secondes. Les montres de la collection Breitling for Bentley avaient pour caractéristiques des lunettes moletées qui rappelaient par leurs motifs les grilles de radiateur. Ajoutez à cela des cadrans élégants et texturés aux couleurs et matériaux assortis à leur modèle sur roue (bois, cuir, aluminium…) et vous obtenez une collection dont le partenariat a pris fin en 2021. Pour son ultime sortie, la Maison fondée à Saint-Imier en 1884, a lancé une montre en édition limitée : la Premier B21 Chronograph Tourbillon 42 Bentley.
Bovet
Moins connu que ses semblables, l’horloger suisse Bovet s’est associé depuis 2010 avec Pininfarina, le célèbre carrossier et designer automobile ayant officié pour Ferrari, Maserati et d’autres marques prestigieuses. Une série de montres inspirées par l’esthétique et la performance automobile en a résulté. Citons ainsi la Bovet Ottanta Tourbillon (2010) célébrant les 80 ans de Pininfarina. D’autres modèles ont suivi comme la Bovet Ottantasei (2016) et la Bovet Battista Tourbillon (2020).
Rolls Royce est l’autre constructeur à s’être attiré les faveurs de l’horloger originaire de Fleurier. Collection unique sortie en 2021 à l’occasion de la sortie de la Rolls Royce BoatTail, les deux modèles Bovet 1822 Rolls Royce épousent toute l’esthétique du constructeur britannique.
Forts du système breveté Amadeo, les garde-temps se font réversibles et peuvent se convertir en bracelet-montre, en montre de poche/pendentif, en horloge de bureau… et même en véritable horloge de tableau de bord. Design, matériau et motifs, tout est personnalisé et évoque l’univers automobile.
Jacob & Co
Jacob & Co a fait son entrée dans le monde automobile via la supercar Bugatti Chiron. Les éléments de design et mécanismes des pièces de cette collaboration ont été inspirés par les voitures Bugatti, dont la Bugatti Chiron Tourbillon.
Ce dernier modèle reproduit un moteur miniaturisé fonctionnel inspiré du moteur W16 à 16 cylindres. En activant le mécanisme, pistons et vilebrequins reproduisent à la perfection les mouvements du moteur de la supercar. Son boîtier en saphir transparent rappelle le support translucide du bolide permettant de voir littéralement sous le capot. Enfin, le modèle renferme un tourbillon. Cette complication horlogère aide à compenser les effets de la gravité sur la précision du mouvement. L’horloger avait été encore plus loin dans la technique avec le boîtier entièrement transparent en verre saphir de la Bugatti Chiron Sapphire, offrant une vue 360° à couper le souffle.
Urwerk
Sans être lié à un quelconque contrat de sponsoring ou à une écurie spécifique, l’horloger indépendant suisse Urwerk voit également dans le sport automobile, matière à imagination.
Véritable outsider dans l’horlogerie de luxe, Urwerk a en partage un goût immodéré pour le design futuriste, certains diraient même Néo rétro, cette relecture du passé se faisant à la lumière des technologies actuelles.
En témoigne l’ultime modèle de sa collection UR-220, rendant hommage à la rugissante et bling bling à souhait série des années 1980 Deux Flics à Miami. Dotée d’un bracelet en or 4N et d’un bracelet blanc, elle a été observée en 2022 au poignet du basketeur Michael Jordan. Celle-ci se situe à mi-chemin entre le hors bord et la Ferrari Testarossa immaculée du célèbre agent de police, opérant sous la couverture d’un yuppie au train de vie opulent, Sonny Crockett, incarné par Don Johnson, alors à son apogée.
Au-delà de cet exemple, l’univers d’Urwerk est souvent inspiré des instruments et des tableaux de bord des véhicules. Ses modèles sont ainsi composés de pièces mécaniques de voitures de sport comme des cadrans tridimensionnels, des ponts visibles ou par exemple pour l’UR-111C, d’éléments mobiles. A l’instar du monde automobile, Urwerk innove également dans la lisibilité de ses cadrans au moyen de satellites rotatifs, de disques ou de cylindres. On peut enfin remarquer le design aérodynamique de l’UR-105 CT Streamliner, dont le boîtier rappelle les grilles d’aération des voitures de sport et les flux d’air.
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Photo à la Une : © TAG Heuer