Malgré (ou grâce à ?) la crise du covid, les magasins de mode et de luxe sont rayonnants comme jamais à Paris. Quand ils ont été contraints de fermer ou quand les touristes leur faisaient défaut, ils en ont souvent profité pour se refaire une beauté. Et intégrer ces nouvelles tendances qui les rendent plus attrayants que jamais.
L’absolue nécessité de s’inscrire dans le développement durable et de se relier à la nature, qui a tant manqué aux urbains, ne leur a pas échappé. Pour l’architecte Chafik Gasmi, spécialiste du luxe, c’est même un préalable incontournable. Le fameux concept-store L’Exception s’est récemment installé au sein de la Caserne, le nouvel incubateur parisien dédié à la mode verte. Il y présente ce qui se fait de plus exemplaire en la matière chez les créateurs qu’il diffuse. Le nouveau flagship Lacoste des Champs Elysées consacre un espace au développement durable, et on croit presque se balader en forêt dans la toute dernière boutique d’Officine Générale, rue du Dragon…Tandis que le temple rénové de Dior, au 30 avenue Montaigne, offre désormais trois jardins, dont un d’hiver, aux urbains asphyxiés.
Vintage et seconde main
Allant de pair avec le développement durable, le mobilier et/ou une offre vintage se forgent aussi une place croissante dans les points de vente. Comme chez Officine Générale, où on peut acheter des pièces seconde main. Ou au sein de la première boutique du chausseur Michel Vivien, dont le mobilier a été chiné par le collectionneur Gilbert Kann, dans un cadre signé de la décoratrice d’intérieur Sophie Dries. Ouvert il y a un an rue Saint-Honoré, le magasin a été lauréat 2021 du prix Paris Shop & Design décerné par la CCI Paris.
Pour Amandine Dubessay, la responsable filière Création Mode Design et Déléguée générale Paris Capitale de la Création à la CCI de Paris, l’importance croissante de l’art et du design dans les magasins va aussi “dans le sens de la durabilité”. Elle permet d’instaurer une “certaine pérennité”, alors qu’avant “on changeait de décor presque à chaque arrivée d’une nouvelle collection”. Et de citer le cas d’Isabel Marant, qui a instauré dans chacune de ses boutiques, toutes différentes, “une vraie personnalité, un parti pris”, en faisant appel aux meilleurs designers, artistes et artisans. Les temples rénovés du luxe (le flagship de Chanel, 18 place Vendôme, ou le 30, avenue Montaigne de Dior), tous deux réinventés par Peter Marino, accordent aussi une place exceptionnelle aux artistes et designers.
Expérience magasin
Cette personnalisation par l’art renforce l’expérience magasin. Car face à la montée de l’e-commerce, qui a accentué son emprise pendant le confinement, les boutiques physiques se doivent d’être des lieux de destination. Où on peut raconter l’histoire ou sentir l’âme du créateur comme dans les flagships de Dior et Chanel. Les lieux se font aussi hybrides. On peut prendre son petit-déjeuner, le thé ou déjeuner chez Dior. Mais aussi parcourir sa galerie-musée ou dormir dans une suite. Le 18, place Vendôme Chanel se visite (presque) comme un château, où on se régale de la décoration somptueuse et d’œuvres exceptionnelles, mais aussi où on découvre ou redécouvre les modèles, anciens ou nouveaux, de la Maison. Tandis que dans l’historique magasin amiral de Lancel, situé sur la prestigieuse place de l’Opéra, on peut organiser des Masterclass privées, autour d’un patrimoine, plus que centenaire.
Enfin, que serait Paris sans ses grands magasins ? Réouverte en 2021, après 16 ans de rénovation, la Samaritaine est le symbole de la résistance de ce modèle, repositionné sur une offre luxe. Sa riche architecture et décoration, Art nouveau et Art Déco, a été merveilleusement restaurée par le groupe LVMH. Tout à la mariant à une façade contemporaine en verre, côté rue de Rivoli. Comment mieux résumer cette capacité qu’a Paris à accueillir tous les styles pourvu qu’ils soient déclinés avec talent ?
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Photo à la une : © La Samaritaine