Après avoir échappé à une tentative d’assassinat, Donald Trump a fait un retour remarqué lors de la convention républicaine. Bandage à l’oreille et poing levé, il se présente comme un leader fédérateur, transformé par cette épreuve. Son discours à venir, axé sur l’unité nationale, marquera-t-il un tournant dans sa campagne présidentielle ?
Donald Trump a fait une apparition publique notable le lundi 15 juillet, lors de la première soirée de la convention républicaine de Milwaukee, arborant un bandage à l’oreille droite et le poing levé. Cet événement marquait son retour après une tentative d’assassinat survenue le samedi 13 juillet en Pennsylvanie.
Le chanteur Lee Greenwood a interprété « God Bless the USA » pour accompagner son entrée, un hymne incontournable des rassemblements de Trump, devant une foule en liesse.
L’apparition publique de l’ancien président était particulièrement puissante après les événements traumatisants survenus l’avant veille en Pennsylvanie. Lors d’un meeting de campagne dans la ville de Butler, des coups de feu ont retenti à 18h08 locales, interrompant Trump alors qu’il dénonçait l’immigration illégale. « Regardez ce qui vient de se passer… », a-t-il commencé, avant d’être interrompu par une rafale de tirs.
Blessé à l’oreille droite, il a été rapidement évacué par les services secrets. « J’ai tout de suite su que quelque chose n’allait pas car j’ai entendu un sifflement, des coups de feu, et j’ai immédiatement senti la balle déchirer la peau », a-t-il déclaré plus tard sur son réseau social Truth Social.
Le tireur, identifié par le FBI comme Thomas Matthew Crooks, 20 ans, de Bethel Park, Pennsylvanie, a été abattu par les services secrets après avoir tiré plusieurs coups de feu depuis une position élevée. L’attaque a fait un mort et deux blessés graves parmi les participants.
Réponse fédératrice
Malgré cette attaque, Trump a maintenu sa participation à la convention républicaine. Dès dimanche, il était à Milwaukee pour dîner avec des donateurs républicains. Le lundi, les délégués l’ont officiellement désigné candidat à la présidentielle de 2024. Il acceptera officiellement cette nomination jeudi soir, avec un discours qu’il a révisé pour le rendre plus fédérateur.
Il a choisi de nommer le sénateur J.D. Vance comme colistier, un choix surprenant annoncé plus tôt que prévu en raison des événements. Ce dernier continuera, selon Trump, à « se battre pour notre Constitution, se tenir au côté de nos soldats et faire tout son possible pour m’aider à rendre à l’Amérique sa grandeur ».
Le choix de J.D. Vance, un sénateur au style agressif, semble contradictoire avec l’image de leader pacificateur que Trump tente d’adopter depuis l’attentat. Vance a rapidement accusé la « rhétorique » de Joe Biden d’avoir « directement mené à la tentative d’assassinat du président Trump ».
Cependant, les liens de Vance avec les riches donateurs de la Silicon Valley et son alignement idéologique avec Trump ont probablement pesé dans cette décision.
Les réactions démocrates n’ont pas tardé. Joe Biden a critiqué Vance, le qualifiant de « clone de Trump » et l’accusant de vouloir augmenter les impôts pour les ménages de la classe moyenne tout en favorisant les riches.
« Vance fera ce que Mike Pence a refusé le 6 janvier : se plier en quatre pour Trump et son extrême agenda MAGA, même si cela signifie enfreindre la loi et sans tenir compte du mal fait au peuple américain », a déclaré l’équipe de campagne de Joe Biden.
La vice-présidente Kamala Harris a déjà accepté de débattre contre Vance.
Un tournant pour Trump
Lors d’une interview à bord de son avion privé en route vers Milwaukee, Trump a qualifié l’incident de « surréaliste ». « Le médecin de l’hôpital a dit qu’il n’avait jamais rien vu de tel, qu’il s’agissait d’un miracle », a-t-il déclaré. « Je ne suis pas censé être ici, je suis censé être mort ».
Cette épreuve semble l’avoir poussé à modifier son discours de nomination, initialement prévu pour être très dur, en un appel à l’unité nationale. Depuis samedi soir, Donald Trump adopte en effet une figure de leader fédérateur, cherchant dans ses communiqués à atténuer l’agressivité et l’outrance qui lui sont habituellement attribuées. Ses proches affirment que son expérience d’avoir échappé à la mort l’aurait transformé.
Trump a exprimé sa gratitude envers les services secrets pour leur efficacité et a félicité la foule pour son calme lors de l’incident. Il a également mentionné son intention de rendre hommage aux victimes de l’attaque, notamment Corey Comperatore, le pompier tué en protégeant des civils.
Son discours de jeudi sera scruté de près pour voir comment il envisage de naviguer dans ce paysage politique polarisé.
Théorie du complot
Par ailleurs, deux jours après la tentative d’assassinat contre Donald Trump, les théories du complot affluent sur le réseau social X. Différents camps s’affrontent, notamment les pro-Trump, convaincus que Joe Biden serait l’instigateur de l’attentat. « Joe Biden a déclaré aux donateurs qu’il était temps de mettre Trump dans le mille et c’est exactement ce qu’il s’est passé », a écrit la représentante républicaine Marjorie Taylor Greene sur X.
Une autre hypothèse avancée par de nombreux internautes est que Donald Trump serait lui-même à l’origine de cette attaque. L’actrice américaine Amanda Seales a affirmé que tout avait été mis en scène, évoquant des « pastilles de faux sang ». Enfin, une troisième théorie suggère que le « Deep State », ou État profond, serait derrière cette attaque. Cette croyance, très répandue aux États-Unis, prétend que le monde est dirigé par un État secret parallèle.
Alors que la campagne se poursuit, l’impact de cette tentative d’assassinat sur l’opinion publique reste à voir. Trump semble déterminé à utiliser cette expérience pour se positionner en tant que leader fédérateur, bien que les divisions profondes au sein de l’électorat américain posent un défi de taille.
La tentative d’assassinat contre Donald Trump a non seulement bouleversé le calendrier de la convention républicaine, mais elle a également influencé la dynamique de sa campagne présidentielle. Reste à savoir si cette tragédie deviendra un tournant positif pour Trump ou si elle accentuera encore les fractures au sein de l’électorat américain.
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Photo à la Une : © Evan Vucci/AP/SIPA