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La course à la Maison-Blanche a bien commencé, mais qui en sortira vainqueur ?

La course à la Maison-Blanche a bien commencé, mais qui en sortira vainqueur ?

Avec des élections à venir dans des économies majeures, notamment aux États-Unis, environ trois milliards de personnes seront appelées aux urnes entre 2024 et 2025. Alors que la primaire républicaine bat son plein, l’ombre d’un retour de Donald Trump plane tandis que la candidate Nikki Haley semble être la seule échappatoire. L’éventuelle réélection de Trump soulève en effet des préoccupations géopolitiques, notamment dans les relations internationales et des défis économiques et politiques.

 

Le 10 janvier dernier paraissait le « Global Risks Report » (rapport sur les risques mondiaux) à quelques jours du lancement du Forum économique mondial qui s’est tenu à Davos, en Suisse, du 15 au 19 janvier. « Les perspectives sont très sombres », donnait le ton Saadia Zahidi, la directrice générale du Forum.

 

Au cours des deux années à venir, les citoyens seront appelés à élire de nouveaux dirigeants dans d’importantes économies telles que le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique, le Pakistan, le Royaume-Uni et les États-Unis. Près de trois milliards d’individus exerceront ainsi leur droit de vote entre 2024 et 2025.

 

« Le recours généralisé à la mésinformation [une information fausse mais diffusée involontairement] et à la désinformation [information fausse diffusée volontairement], et les outils permettant de les diffuser, peuvent miner la légitimité de gouvernements nouvellement élus », prévient le « Global Risks Report », alertant également sur les dangers de l’intelligence artificielle. S’y ajoutent, cette année, « les inquiétudes concernant une crise persistante du coût de la vie », note le Forum dans un communiqué. En cause, notamment, le phénomène climatique baptisé El Niño, induisant un réchauffement planétaire.

 

Dans cette perspective, les élections présidentielles américaines, qui se tiendront en novembre 2024, revêtent un caractère particulier. D’autant plus que Donald Trump, aux positions controversées, émerge comme le favori dans la course vers la Maison-Blanche. Il a remporté les caucus de l’Iowa — la première étape de la primaire républicaine qui s’achèvera en juillet à Milwaukee, dans le Wisconsin, lors de la convention nationale.

 

 

DeSantis out

 

Le candidat républicain Ron DeSantis a finalement choisi d’apporter son soutien à l’ancien président pour l’élection présidentielle de 2024. Dans une vidéo diffusée sur X le dimanche 21 janvier, le gouverneur de Floride a déclaré qu’il allait « suspendre [sa] campagne » pour l’investiture républicaine.

 

« Il est clair selon moi que la majorité des électeurs républicains de la primaire veulent donner une autre chance à Donald Trump », a-t-il justifié.

 

 

C’est sept mois plus tôt que ce républicain ultraconservateur en guerre contre le « wokisme » avait annoncé défier l’ancien président des États-Unis. Dans les sondages, le gouverneur de Floride a un temps été vu comme son concurrent le plus sérieux, avec un peu plus de 30% des intentions de vote pour les primaires du Grand Old Party au printemps 2023.

 

Mais en prenant la posture d’un « Trump 2.0 », Ron DeSantis ne s’est jamais bâti la stature d’une alternative crédible au milliardaire. Au point de soutenir l’ancien président des États-Unis, quand celui-ci a été inculpé en mars 2023.

 

Ces dernières semaines, Ron DeSantis chutait drastiquement dans les sondages. N’atteignant qu’une timide deuxième place aux caucus de l’Iowa, le candidat a finalement jeté l’éponge…

 

Nikki Haley, denier « rempart » ?

 

Désormais, seule Nikki Haley, arrivée troisième des caucus, peut encore contester une victoire écrasante dans le New Hampshire, élections qui se tiennent aujourd’hui. Cette ancienne gouverneure de Caroline du Sud, unique femme en lice et nouvelle figure prisée de la droite américaine, avance un argumentaire conservateur classique. Elle souligne les problèmes liés à un État fédéral jugé hypertrophié, à une dette et des impôts excessifs, ainsi qu’à un système d’immigration perçu comme laxiste. Elle préconise un relèvement de l’âge de la retraite pour les nouveaux entrants sur le marché du travail afin de prévenir la faillite des systèmes de sécurité sociale et d’assurance-maladie.

 

Alors que Donald Trump la qualifie abondamment de « mondialiste », leurs programmes présentent en réalité peu de différences, à l’exception de la question ukrainienne. Nikki Haley souhaite en effet continuer à soutenir massivement ce pays, tandis que Donald Trump se vante de pouvoir jouer les médiateurs entre Kiev et Moscou. La bataille se concentre principalement sur le style et la génération.

 

 

Nommée en 2017 par son rival d’aujourd’hui au poste d’ambassadrice aux Nations Unies malgré son absence d’expérience internationale, Nikki Haley retient de moins en moins ses critiques à l’égard de Donald Trump. Elle renvoie dos à dos le président démocrate sortant Joe Biden, 81 ans, et son ancien patron, 77 ans. L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud, qui vient d’avoir 52 ans, appelle à « élire un dirigeant d’une nouvelle génération et laisser derrière nous la négativité et le passif ». Elle a intensifié ses attaques ce week-end, s’interrogeant publiquement sur une possible altération due à l’âge des « capacités mentales » de Donald Trump. De son coté, ce dernier ne lui pardonne pas d’être revenue sur sa promesse de ne pas se présenter contre lui s’il était candidat en 2024.

 

Née Nimarata Nikki Randhawa, fille d’un couple d’immigrants indiens de religion sikh, mère de deux enfants et mariée à un officier de la Garde nationale déployé à Djibouti, Nikki Haley fait son entrée sur la scène politique en 2004 en étant élue au parlement de son État natal de Caroline du Sud. Elle accède à la notoriété nationale en 2010 lors de sa campagne pour devenir gouverneure. Une fois élue, elle maintient le cap à droite, affichant son opposition aux syndicats et aux impôts ainsi qu’au mariage homosexuel, et en manifestant sa réticence à accueillir des réfugiés syriens dans son État.

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Et si…Trump était élu ?

 

En comparaison avec son premier mandat, qui avait déjà agité le système international, les conséquences d’une réélection de Donald Trump pourraient être encore plus déstabilisantes. Entre 2016 et 2020,celui-ci avait déjà  fortement perturbé la donne avec ses critiques envers l’OTAN, sa proximité avec la Russie de Vladimir Poutine, ses politiques protectionnistes vis-à-vis de la Chine et de l’Union européenne, ainsi qu’avec sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État hébreu.

 

 

Alors, que pouvons-nous anticiper en cas de victoire de Donald Trump lors des prochaines élections présidentielles ? Les mêmes thèmes seront mis en avant, mais potentiellement exacerbés. Autour des slogans « MAGA » (« Make America Great Again ») et « America first » (L’Amérique d’abord), Trump exprimera à nouveau ses réserves envers les organisations de coopération multilatérales telles que le G7, le G20 ou l’OTAN. La question se pose particulièrement pour cette dernière institution, largement critiquée entre 2017 et 2021 par Trump, qui considérait que les États-Unis ne devaient pas assumer autant de coûts pour garantir la sécurité de leurs alliés européens. L’approbation du Sénat est requise pour signer un traité international engageant Oncle Sam, mais la Constitution ne dit rien du retrait d’un tel traité. Ainsi, par précaution, deux sénateurs américains ont adopté un amendement législatif empêchant un Président de retirer unilatéralement les États-Unis de l’organisation.

 

 

La question est encore plus préoccupante en pleine guerre d’Ukraine. Même si Trump doit rester dans l’OTAN, il pourrait décider de suspendre l’aide militaire et financière à Kiev, ce qui serait une catastrophe pour l’Ukraine et les Européens, mais une opportunité pour Vladimir Poutine. Alexander Vershbow, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN et ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN, souligne que Trump pourrait destituer l’ambassadeur américain de ses fonctions, interdire aux diplomates de participer aux réunions ou cesser de contribuer au budget de fonctionnement du siège de l’organisation à Bruxelles, sans craindre une censure du Congrès. « Du point de vue légal, il n’y aurait aucun moyen de l’en empêcher ».

 

Les Européens ont d’autres raisons de s’inquiéter d’un retour de Trump à la Maison Blanche. Des préoccupations économiques, avec une probable crispation des relations commerciales, et des inquiétudes politiques, avec un soutien aux partis ou mouvements populistes en Europe et à leurs critiques acerbes du fonctionnement actuel des démocraties, critiques qui pourraient être encouragées par une administration Trump. Enfin, un retour de Donald Trump aurait également des répercussions en Asie et au Proche-Orient. Les Chinois craignent à la fois une détérioration des relations économiques bilatérales et une défense intransigeante de Taïwan. Au Proche-Orient, Benyamin Netanyahu pourrait se réjouir secrètement de la victoire de Trump, en tant qu’allié indéfectible d’Israël, peu enclin à promouvoir la solution à deux États.

 

Pour toutes ces raisons, une éventuelle victoire de Trump aux États-Unis constituerait l’un des plus grands défis géopolitiques mondiaux en 2024.

 

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Photo à la Une : ©Charles Krupa/AP/SIPA


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