Le ciel de Paris porte-t-il chance aux amoureux du sport ? La réponse semble être un grand oui tant pour les athlètes tricolores que pour les organisateurs des Jeux Olympiques 2024. Avec 64 médailles dont 16 en or, la France, pays hôte de Paris 2024 remplit son objectif un évènement sans précédent et au-delà de faire rayonner sa culture hors du seul stade.
80 000 spectateurs, 10 700 athlètes : Paris avait le 11 août une nouvelle fois rendez-vous avec l’histoire avec une cérémonie de clôture inoubliable au Stade de France, un vif moment de liesse et d’émotion.
Si la France, n’a pas trusté un top 3 des délégations nationales ayant remporté le plus de médailles, une place occupée par les Etats-Unis (122 médailles), la Chine (90 médailles) et l’Australie, elle a réussi à décrocher une place au Top 10, retrouvant sa cinquième place mondiale repassant devant la Grande-Bretagne (14 médailles d’or).
Plus que le palmarès, le comité d’organisation de Paris 2024 est parvenu à proposer des jeux à sa manière reflétant une certaine exception culturelle, plus urbaine, plus inclusive, plus durable, plus populaire et plus paritaire.
“Dix-neuf journées passées si vite et déjà gravées à vie” a déclaré Tony Estanguet, champion olympique de canoë slalom et président du Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024. Et de poursuivre dans les superlatifs Paris 2024 pouvant se targuer d’un “record d’audience, de présence ainsi qu’un autre record… celui du plus grand nombre de propositions de mariage lors de Jeux Olympiques.”
Une déclaration d’amour au monde et au sport en somme à l’image de ce “Sous le ciel de Paris” chanté et revisité par Zaho de Sagazan.
Record d’Atlanta pulvérisé
Comme un moyen d’exorciser une dynamique lente à s’installer à Londres en 2012 et des tribunes vides – Covid oblige – à Tokyo en 2020, la délégation nationale française a délivré une moisson exceptionnelle de titres et de médailles.
La preuve que rien ne remplace une arène bondée et festive surtout à domicile. Pour l’équipe de France, ces Jeux olympiques d’été ont été l’occasion de décrocher 64 médailles dont 16 en or, inscrivant la nation tricolore en cinquième position dans le tableau final des scores. Soit une place à la hauteur de son rang dans l’histoire des Jeux Olympiques modernes.
La délégation française a ainsi battu son record de médailles obtenus qui datait des jeux olympiques d’Atlanta en 1996.
Parmi les grandes figures à avoir fait briller au firmament la combativité française, notons le nageur Léon Marchand, quadruple médaille d’or (200 m 4 nages individuel hommes, 200 m brasse hommes, 200 m papillon hommes, 400 m 4 nages individuel hommes) devient l’athlète français le plus titré à ce jour.
Il n’est toutefois pas le plus titré de cette quinzaine olympique. A l’échelle internationale, seule la nageuse chinoise Zhang Yufei, âgée de 26 ans, fait mieux avec 6 médailles… de bronze !
De son côté, Teddy Riner, le plus grand judoka de tous les temps a décroché deux nouvelles médailles d’or (individuel chez les + de 100kg et mixte), devenant triple champion olympique.
Les deux athlètes emblématiques de ces Jeux de Paris 2024 ont été chargés d’éteindre la vasque olympique.
A noter également parmi les grands noms tricolores de cette quinzaine, Nicolas Gestin, médaille d’or en canoë slalom ou encore l’équipe de volleyball hommes mené par d’Andrea Giani face à la Pologne.
Première fois en cent ans, la France a réussi à remporter un triplé, en l’occurrence en BMX avec Joris Daudet devançant ses compatriotes Sylvain André et Romain Mahieu.
16e et ultime médaillée d’or de l’équipe des Bleus, Althéa Laurin a permis à la France de décrocher son premier titre de championne olympique de Taekwondo de l’histoire.
Parmi les autres noms qui se démarquent cette saison, notons Cassandre Beaugrand, triathlète médaillée d’argent ou encore Dany Dan, vice-champion olympique de Breaking face au canadien Phil Wizard.
Une édition pleine d’audace et de panache
« And we did it our way » s’est félicité, Thomas Jolly, directeur artistique salué pour sa cérémonie d’ouverture, à l’issue de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques au Stade de France.
S’il est encore trop tôt pour évaluer les retombées économiques des touristes de passage en France et dans le Grand Paris, on sait déjà que 6 millions de touristes (+19% en comparable) ont déambulé dans la Ville Lumière à l’occasion des Jeux et que 9,5 millions de tickets ont été vendus, selon les chiffres avancés par l’Office de Tourisme de la ville de Paris.
La France a réussi plusieurs de ses paris en particulier en proposant la première cérémonie d’ouverture de l’histoire des jeux olympiques à se dérouler en dehors d’un stade.
Mais les innovations ne s’arrêtent pas là : le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et paralympiques de Paris 2024 a choisi de miser sur des infrastructures existantes afin de limiter l’empreinte carbone de l’organisation d’un tel évènement.
Situées en plein cœur de la ville, à Paris mais aussi Lille, Marseille et en région parisienne, les différentes arènes sublimaient le patrimoine architectural et culturel préexistant.
Des arènes qui ont pu compter sur une armada de dj diffusant des morceaux reflétant le caractère prolifique de la création musicale française avec une place de choix accordée à la variété française (Johnny Hallyday, Claude François, Joe Dassin, Sheila…) et au son French Touch, connu pour avoir redonné dans les années 2000 un coup de peps à d’anciens hits funk des années 1980 (Cassius, Alan Braxe, Supermen Lovers, Modjo…). Le son clubbing était aussi à l’honneur avec des pépites des Nineties (Freed From Desire…) des chansons issus des productions de djs superstars hexagonaux comme Bob Sinclar (Rock This Party), David Guetta (I’m Blue), Offenbach (Be Mine) et Bon Entendeur (Fio Maravilla).
Inédites dans une compétition olympique, ces ambiances sonores ont permis de se réapproprier astucieusement les caractéristiques du sport-spectacle en vigueur chez les américains dans les matchs de basket et de football américain.
La cérémonie de clôture a d’ailleurs mis en lumière la culture musicale électro made in France que s’arrachent les américains de Justice à Phoenix en passant par Air.
Le Comité Olympique a particulièrement apprécié la volonté de Paris 2024 de proposer une grande fête populaire avec le tout premier marathon pour tous qui a attiré près de 20 024 coureurs amateurs et passionnés jusque tard dans la nuit dans les rues de Paris. Les Jeux de Paris ont permis d’inaugurer le Parc aux champions (situé au Trocadéro), un espace inédit permettant aux spectateurs de célébrer chaque jour les athlètes qui s’étaient illustrés la veille.
Si Athènes et Rio n’ont pas brillé par la durabilité de leurs infrastructures sportives, Paris 2024 a pensé un village olympique situé à Saint Denis ayant vocation à l’issue des Jeux d’être reconverti en logements collectifs et en un quartier redynamisé avec des commerçants et des infrastructures sportives.
Le défi de Los Angeles
Élément clé de toute clôture des Jeux Olympiques, la cérémonie du 11 août a donné lieu au décrochage du drapeau du pays hôte, la remise du drapeau olympique et le lever du drapeau de la future délégation hôte.
Si le drapeau olympique a été remis à Tom Cruise, l’acteur américain star de Top Gun et de Mission Impossible, le drapeau du futur hôte, celui des Etats-Unis a été apporté par la gymnaste superstar Simone Biles.
Cette dernière est repartie avec quatre médailles (double médaille d’or au concours individuel et par équipes, championne olympique du saut de cheval et médaillée d’argent au sol). La porte-drapeau était également accompagnée par Karen Bass, maire de Los Angeles.
Véritable symbole de la culture américaine et de l’esprit patriotique en vigueur, le Star Spangled-banner (bannière étoilée) ou hymne national a été interprété par la chanteuse et guitariste Gabriella Wilson (H.E.R).
Après 1932 et 1984, la capitale de la Californie accueillera donc la troisième olympiade de son histoire en 2028.
Ville bien plus étendue que Paris et moins bien pourvue en transport public, Los Angeles est une destination que tout un chacun a déjà vu ne serait-ce que par la présence des studios de Hollywood son usine à rêves.
Un mini film a été diffusion vers la fin de la cérémonie de clôture donnant à voir certains monuments emblématiques de la Cité des Anges : le Hollywood Sign, l’Hôtel de ville (Los Angeles City Hall), le stade du Memorial Coliseum, le quartier huppé de Beverly Hills et ses allées bordées de palmiers pour enfin atterrir sur Rosie Dog’s Beach à Long Beach.
Ce dernier point de chute a été l’occasion de donner lieu à une véritable Beach Party montrant le melting pot musical américain avec les rockeurs Red Hot Chili Peppers, la star de la pop Billie Eillish et les grands noms du rap west coast Snoop Dogg et Dr. Dre.
Faisant la jonction avec l’esprit américain, la chanteuse française Yseult – qui avait interprété un titre solaire intitulée “Californie” dans son premier album – a interprété “My Way”, un des titres phares du crooner Frank Sinatra, connu en France sous le titre de “Comme d’habitude” interprété par Claude François.
Pas de Game Over pour autant
Malgré une cérémonie que certains pourraient considérer comme crépusculaire, les festivités ne sont pas terminées.
En effet, du 28 août au 8 septembre, les Jeux Paralympiques prendront à leur tour leur quartier dans la capitale française sur 12 sites avec les anneaux olympiques cédant la place aux agitos.
Sur les 2,8 millions de places mises en vente depuis octobre 2023, 1,4 millions de billets ont été vendus, dont 400 000 en quinze jours.
Après un démarrage poussif, il semble que les ventes de billets pour les jeux paralympiques repartent de plus belle, surfant sur l’engouement des français et des touristes internationaux sur les Jeux Olympiques.
Les festivités redémarrent ainsi au cœur de la ville dans quinze jours avec une cérémonie d’ouverture prévue pour se dérouler entre les Champs-Elysées et la Concorde.
Comme l’a déclaré Tony Estanguet, “ce sont 4600 athlètes prêts à faire voler en éclat les préjugés”. En soit, la cérémonie de clôture des JO du 11 août est “juste la fin du match aller”.
Et l’ancien champion olympique de canoë slalom de rappeler qu’à l’impossible nul n’est tenu “On se croyait une nation de râleurs, on s’est réveillé avec des supporters déchaînés qui ne voulaient plus s’arrêter de chanter” .
De quoi augurer le meilleur pour la suite de ce rendez-vous sportif international.
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Photo à la Une : © Paris 2024