À l’occasion du pique-nique géant qui se tiendra sur les Champs-Élysées le 26 mai prochain, voici une petite histoire du déjeuner sur l’herbe.
Le dimanche 26 mai, plus de 4 000 personnes se réuniront pour pique-niquer sur les Champs-Élysées. Les participants, qui ont été tirés au sort le 21 mai, n’auront pas besoin de sortir leurs nappes à carreaux ni de préparer leur sandwich pour se rendre sur la plus belle avenue du monde. Des paniers garnis seront distribués à tous les convives. Pour régaler cette immense tablée, 8 cuisines éphémères tenues par des restaurateurs locaux ont été mobilisées. En se basant sur un cahier des charges commun, ces derniers proposeront un menu à leur façon qui revisitera les incontournables du pique-nique tels que le sandwich jambon-beurre.
À l’occasion de ce grand événement, retour sur l’histoire d’une pratique gastronomique bien appréciée des français.
Du Moyen Âge aux toiles des impressionnistes
Aujourd’hui, le pique-nique est synonyme d’une escapade en nature et de moments de convivialité autour de mets simples mais réconfortants. C’est un instant de détente qui offre une atmosphère particulière.
La pratique en elle-même du déjeuner sur l’herbe remonte jusqu’au Moyen Âge. Travaillant dans les champs, les paysans avaient l’habitude de prendre leur repas en plein air. C’était également le cas pour les membres de la noblesse lors de parties de chasse ou au cours de voyages.
À la Renaissance, les aristocrates gardèrent cette habitude et profitèrent de moments en extérieur, à l’instar de la reine Catherine de Médicis, qui faisait occasionnellement dresser une table au milieu des jardins des Tuileries pour accueillir la haute société.
Le terme pique-nique fait finalement son apparition au XVIIIe siècle. Le mot “pique” viendrait du verbe piquer, dans le sens de picorer, et “nique” désignerait une “petite chose sans valeur”. Dans Les Confessions (1782) du philosophe des Lumières Jean-Jacques Rousseau, ce dernier évoque d’ailleurs un “dîner en pique-nique” avec l’abbé de Condillac.
La popularité de ce repas en extérieur atteint son paroxysme au XIXe siècle. Après la Révolution française, les anciens parcs royaux deviennent des lieux de rassemblements pour célébrer les fêtes républicaines. À l’heure de l’industrialisation, ces moments bucoliques permettent de renouer avec les plaisirs de la nature et deviennent un sujet de prédilection pour les peintres impressionnistes comme Monet et son tableau Le déjeuner sur l’herbe. De leur côté, des écrivains comme Flaubert ou Maupassant se font également témoins de cette pratique réunissant dames en crinolines et messieurs chapeautés, et s’en inspirent dans leurs ouvrages.
La mise en place des premiers congés payés encourage encore plus les citadins à s’évader pour aller profiter de l’air frais. Grâce à l’avènement du chemin de fer, les voyages se font plus fréquents et le repas champêtre devient un moment à part entière. Les nécessaires à pique-nique font ainsi leur apparition, des plus sobres aux plus chics. Les grandes marques de maroquinerie ne tardent pas à créer leurs propres pièces spéciales pique-nique. Le maroquinier Moynat fabrique ainsi des modèles de panier en osier doublés de gutta-percha, un latex naturel, résistant et étanche, tandis que Louis Vuitton imagine des malles solides pensées pour ranger astucieusement chaque ustensile. Aujourd’hui encore, les maisons de luxe dessinent des nécessaires à pique-nique plus élégants et sophistiqués que jamais.
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Photo à la Une : © Le déjeuner sur l’herbe – Edouard Manet