L’Italie et son sens aigu de l’élégance offrent chaque été un terrain de jeu d’exception pour les designers et créatifs du monde entier. La féminité transalpine, mêlant glamour, décontraction et jovialité est d’autant plus accessible, qu’une simple robe noire ou rouge assortie avec le bon accessoire suffit à marcher dans les pas des plus grandes actrices de Cinécitta.
Il y a quelque chose d’intemporel dans le style Dolce Vita.
Ce style estival décliné au masculin comme au féminin, envié par delà ses frontières transalpines a connu une notoriété exceptionnelle au seuil des années 1960. Cette période coïncide avec la sortie de la fable morale éponyme tournée par Federico Fellini et réprouvée par le Vatican. Depuis la scène mythique d’Anita Ekberg vêtue d’une petite robe noire Valentino s’immergeant pieds nus dans la fontaine de Trevi, c’est au tour des italiens, quelques années après la française Gabrielle Chanel, d’associer cette teinte non plus seulement au deuil et à la religiosité mais aussi désormais à de folles virées nocturnes dans les rues ensommeillées de la Ville Eternelle.
Le style Dolce Vita aux couleurs unies, tout à la fois sexy, simple et élégant, était officiellement né.
L’élégance de pied en cap
“Je suis Monica Vitti” s’exclame l’actrice Jennifer Coolidge (alias Tanya McQuoid-Hunt) dans la série à succès The White Lotus dans sa saison 2. L’héroïne offre ainsi un condensé du style Dolce Vita : robe de jour en soie imprimée, foulard babouchka assorti et énormes lunettes de soleil, le tout complété par un sac Valentino rose, emblème du made in Italy.
Ce style Dolce Vita se confond avec l’histoire de la mode italienne d’après guerre, celle d’une femme italienne cherchant le juste milieu pour être désirable sans être trop aguicheuse, s’ouvrir au monde tout en défendant sa singularité culturelle. Les silhouettes qui en découlent sont par essence nostalgiques d’un certain âge d’or rappelant la période dite d’“Hollywood sur Tibre”, où les plus grands studios de cinéma américains s’entichaient des ruines antiques qu’offrait la ville de Rome pour tourner péplums et autres méga productions.
Dans les faits, le style restitué à l’écran dans le film de la Dolce Vita est très imprégné des codes vestimentaires hérités des années 1950. Ainsi, la petite robe noire que porte Anita Ekberg dans le film La Dolce Vita doit beaucoup à la robe sac de 1957 signée par l’espagnol Cristobal Balenciaga, qui, selon les mots du cinéaste italien, “a rendu magnifique une femme qui pourrait être un squelette de misère et de solitude à l’intérieur.”
En effet, si la femme italienne accorde autant d’importance à son allure et à ses accessoires assortis, ce réflexe seconde-peau dérive des années 1930. A cette époque, le vêtement permettait encore de se situer socialement. A cette époque, le vêtement servait encore de marqueur social. Des tenues aux couleurs unies et plus ou moins ouvragées permettait de gommer autant que possible les différences sociales et de conférer une certaine dignité en société.
Si Paris demeure un haut lieu de la mode, indissociable de noms comme Chanel ou Céline, des ateliers devenus de grands acteurs de ce secteur, respectivement créés en 1910 et 1945, l’Italie n’a pas à rougir de sa scène mode, bien au contraire.
Le raffinement vestimentaire inhérent au style Dolce Vita va de pair avec un certain art de vivre transalpin né en 1951, lorsqu’un certain Giovanni Battista Giorgini a commencé à exporter les créations italiennes aux Etats-Unis. Stimulé par la saine rivalité l’opposant à la couture française, il fut le premier à promouvoir le made in Italy, un sigle qui a acquis ses lettres de noblesse dans le travail du cuir (chaussures et maroquinerie). Pour se démarquer de sa rivale française, la mode italienne a fait le choix d’opter pour une certaine sobriété dans les lignes, pour un prêt-à-porter de qualité supérieure mais destiné à la vie quotidienne.
L’inspiration du chic à l’italienne
Depuis les icônes transalpines du style Sophia Loren, Monica Vitti et Monica Bellucci et les plus “internationales” Anouk Aimée et Jacky Kennedy (période Onassis), on sait désormais que quelques basiques suffisent pour arborer une silhouette aussi soignée que féminine, caractéristique du style Dolce Vita. Ce style se caractérise par une coupe impeccable et des couleurs unies en particulier le duo sicilien rouge et noir, comme le démontre cette sélection Valentino, représentative du prêt-à-porter de luxe. La grande variété des tissus (dentelles, soie…) et le savoir-faire des artisans italiens subliment ces vêtements conçus pour durer sans se démoder. Certains modèles vintages font d’ailleurs partie des classiques à succès toujours d’actualité.
La créativité et l’imagination font cependant partie intégrante des collections venues d’Italie ou imaginées par des stylistes transalpins ayant pignon sur rue à Paris comme Valentino Garavani. Inspiré par sa couleur fétiche, un rouge orangé auquel il est resté fidèle depuis ses débuts dans la Ville Lumière et à Rome en 1960, cet artiste de la mode a su se renouveler. Retiré en 2008, le fondateur transmet les clefs de sa Maison de couture à Alessandra Facchinetti le temps de deux saisons avant d’accueillir Maria Grazia Chiuri (aujourd’hui chez Dior) et Pierpaolo Piccoli. Ce dernier devient seul maitre à bord en 2016 avant de céder la place en mars dernier à Alessandro Michele, précédemment chez Gucci.
Outre les robes spectaculaires et les pièces designs à porter au quotidien, les grands noms du luxe italien sont connus pour signer également de belles collections d’accessoires chaque saison. Le style Dolce Vita se caractérise d’ailleurs par le port de lunettes de soleil type “oeil de chat” ou effet “mouche” et inévitablement un carré de soie, porté négligemment autour du cou ou en fichu pour humer l’air à bord d’une vespa vrombissante. Touche finale d’un look irréprochable, le sac à main d’une femme se remarque et mérite une attention particulière. En cuir de veau grainé ou en raphia, avec leur logo spécifique, les articles Valentino Bags apportent un plus qui allie classicisme select et originalité.
Comment associer style et confort ?
Le luxe et les vêtements de créateurs n’échappent pas aux attentes actuelles qui privilégient le confort et le style effortless (sans effort) dont est adepte la femme italienne, comme un effet miroir avec l’autre archétype de l’élégance qu’est la parisienne. Bien coupées, les pièces basiques doivent être confortables mais refléter un raffinement subtil, un bien-être sans laisser-aller.
Les tissus provenant de fibres naturelles comme le lin font la différence pour les robes et tuniques fluides. Le coton version popeline ou denim compte aussi parmi les textiles travaillés par les marques de renom pour le prêt-à-porter. Concernant les accessoires, la maroquinerie entre autres, la sélection est aussi rigoureuse.
Outre les traditionnels talons hauts, les designers se montrent également sensibles aux influences de la rue et de la mode urbaine, créant également des jeans, des sneakers ainsi que des sandales à talons plats et autres claquettes pour l’été.
Cependant, le Made in Italy demeure côté matières et fabrication, toujours artisanale et soignée dans les moindres détails. Un look bohème chic peut s’acquérir en accessoirisant des pièces de créateurs. Outre le traditionnel foulard de la “mama”, ce peut être un chapeau de paille en été ou un châle élégant, ainsi que des bijoux fantaisie signés Valentino. En jouant sur les contrastes, avec un jean et un haut en soie ou une blouse fleurie en coton égyptien, le style estival s’adapte aux occasions les plus diverses, le jour ou en soirée.
Quelle que soit la saison, l’élégance peut toujours être au rendez-vous, grâce à des créations qui allient subtilité et design prestigieux.
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