Qui est Margot Friedländer, survivante de l’Holocauste en couverture de Vogue Allemagne ?

L’édition allemande de Vogue a mis à l’honneur, pour sa publication de juillet/août, Margot Friedländer. Agée de 102 ans, la survivante de l’Holocauste figure aujourd’hui parmi les rares témoins des déportations juives de la Seconde guerre mondiale.

 

 

Née à Berlin en 1921 dans une famille juive, Margot Friedländern (née Bendheim), est âgée de 12 ans lorsqu’Adolf Hitler accède au pouvoir en Allemagne. Elle réussit à terminer ses études et à faire un apprentissage dans une boutique de couture, mais la situation dans le pays devient de plus en plus compliquée. En 1937, ses parents divorcent. La jeune femme vit alors avec sa mère et son petit frère Ralph. Ils essayent d’émigrer aux Etats-Unis à plusieurs reprises, en vain. Le territoire leur refuse même l’immigration en 1938. Et le constat est le même pour le Brésil et la Chine.

 

© Photo : Jelka von Langen – Maquillage : Anna Neugebauer / Vogue Allemagne

 

A partir de 1940, Margot Friedländern se voit obliger d’effectuer des travaux forcés. Deux ans plus tard, son père est déporté et décède dans un camp d’extermination. En 1943, alors qu’elle tente de fuir le pays avec sa famille, son frère Ralph est arrêté par la Gestapo. Sa mère s’efforce de résister mais est déportée avec son fils à Auschwitz. Tous deux sont assassinés. Clandestine et orpheline, Margot Friedländern se bat pour son existence, motivée par un message laissé par sa mère : « Essaie de faire ta vie ». Malgré plusieurs mois à se cacher, elle est retrouvée en 1944 et déportée à Theresienstadt. Elle rencontre Adolph Friedländer, qu’elle connaissait grâce à son travail de tailleur de costumes à l’Association culturelle juive où il était chef de l’administration. Lui et Margot survivent aux camps. Ils sont les seuls de leur famille à être encore en vie après la guerre.

 

La vie après l’horreur

 

En 1946, Margot et son mari Adolph Friedländer rejoignent les Etats-Unis. Elle travaille à New-York dans un atelier de couture ou encore dans une agence de voyage. Le couple n’aura jamais d’enfants. Adolph Friedländer décède en 1997. Après la mort de son mari, elle commence à raconter son histoire, des publications sur ce qu’elle a vécu à un documentaire autour de sa ville natale en passant par son autobiographie Try to Make Your Life (2008).

 

Margot Friedländern, revenue à plusieurs reprises en Allemagne, décide de s’installer à Berlin en 2010, où elle retrouve sa nationalité allemande. Toujours désireuse de raconter les traumatismes du passé et les cauchemars liés à l’antisémitisme, elle se rend dans des écoles pour faire perdurer cette mémoire. En parallèle, et en toute logique, Margot reçoit de nombreuses récompenses et honneurs, comme la Croix fédérale du mérite première classe l’année dernière.

 

En couverture de Vogue Allemagne

 

Plus récemment, Margot Friedländern, aujourd’hui âgée de 102 ans, a fait la couverture de Vogue Allemagne, pour l’édition estivale. On y voit la survivante dans des vêtements colorés, avec un sourire qui laisse admiratif. Les photos ont été prises en avril dernier au jardin botanique de Berlin, un lieu poétique et empreint de douceur, qui contraste avec la jeunesse de Margot. « Vous continuerez à faire avancer mon histoire. Que cela ne se reproduise plus jamais » a-t-elle déclaré au magazine.

 

© Mark Peckmezian / VOGUE Allemagne

 

Dans une interview publiée sur le site de Vogue Allemagne en janvier 2024, elle s’est confiée sur son enfance en Allemagne nazie, ses engagements pour diffuser son témoignage et les disparités contemporaines.

 

A la question des extrêmes qui montent en grade en Allemagne avec des discours racistes et xénophobes, elle répond : « Je sais exactement comment ça a commencé à l’époque. Je suis horrifié de devoir vivre cela aujourd’hui. Je leur dis ce que j’ai toujours dit : soyez humain. Les gens ne font pas des choses comme ça ». Et lorsqu’on lui demande son avis sur les conflits internationaux, elle déclare : « Je répète sans cesse aux gens : nous sommes pareils. Il n’y a pas de sang chrétien, musulman ou juif. Il n’y a que du sang humain ».

 

« J’ai réussi à parler. Je peux même parler pour ceux qui n’y sont pas parvenus. Ma parole est nécessaire, j’ai une obligation » mentionne-t-elle sur le sujet du travail de la mémoire et de son implication. Margot Friedländern continue, avec une sagesse et une positivité inspirantes, de relater le passé pour sensibiliser sur le présent et offrir un avenir meilleur aux prochaines générations.

 

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Photo à la Une : © Mark Peckmezian / VOGUE Allemagne

Fashion, hotels, gastronomy, jewelry, beauty, design... Pauline Duvieu is a journalist specializing in luxury and the art of living. Passionate about the high-end spheres that arouse emotion, she loves to describe the creations of the houses and tell the stories of the talents she meets.

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