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Salon FINE ARTS PARIS & LA BIENNALE : un tribut à l’exception dans la Joaillerie

Salon FINE ARTS PARIS & LA BIENNALE : un tribut à l’exception dans la Joaillerie

Du 9 au 13 novembre 2022, FINE ARTS PARIS & LA BIENNALE a réuni 86 exposants au Carrousel du Louvre. Cette rencontre artistique unique à Paris allie le Salon FINE ARTS qui existe depuis 5 ans et La BIENNALE, née en 1956. Trois joailliers contemporains, Walid Akkad, Feng J et Frédérique Matteï y ont exposé leurs créations. Et ce parmi des galeristes, antiquaires et autres marchands d’art spécialistes de la joaillerie, Bernard Bouisset, Orpheo Genève, Martin du Daffoy et Larengregor, qui proposaient, eux, des pièces anciennes et vintage.

 

Quand les formes taillent la lumière

 

Avec ses bijoux sculptures aux formes douces qui semblent s’enrouler à l’infini, Walid Akkad dévoile un bestiaire inédit de 21 bagues en or rouge. Posées verticalement sur leur anneau dont l’arrière est plat, les bagues évoquent un animal (crocodile, lapin, hibou, cheval, hérisson…). Mais une fois portées, elles n’en sont plus qu’une abstraction. « Mes bagues ont une double lecture » dit Walid Akkad. Le travail sur le métal – un sablage semi brillant qui lui est propre et qu’il réalise avec des outils « bricolés » – s’exprime dans tous ses bijoux. Les formes sensuelles se délient à l’infini dans ce bestiaire du plasticien joaillier comme dans ses autres collections. Les créations Volutes sont une ligne d’or dessinée en continu comme si la main n’avait pas levé le crayon. Walid Akkad aime aussi jeter un peu de chaos dans cette harmonie. Ainsi, sur le collier Spire, les maillons ont tous la même forme mais ils s’enchaînent de telle façon qu’ils créent un effet d’asymétrie. Quant à la bague Huit, sertie d’une extraordinaire tourmaline bleu-vert, elle forme le chiffre dont le tracé ne se termine jamais.  La bague Huit, sertie d’un extraordinaire grenat, forme le chiffre dont le tracé ne se termine jamais. De la fluidité sans fin.

 

© Walid Akkad

 

Bijoux du bout du monde

 

Frédérique Matteï a parcouru le monde entier depuis des années, collectant ici et là des éléments ethniques de toutes sortes, perles en argent doré, en bronze doré ou en verre, pampilles en cristal de roche, pierres gravées, sculptées, boules de cire recouvertes de feuilles d’or, etc… Dans ce coffre aux trésors, elle puise pour construire ses pièces. « Les éléments de mes bijoux viennent de tous les pays et de toutes les époques. Je les mélange, il me semble qu’ils prennent du sens à ce moment-là ». Comme sur ce collier où des panthères de cornaline thaïlandaise dialoguent avec des perles, soit anciennes du Rajastan en argent doré, soit d’autres, plus récentes. Sur cet autre collier, des anneaux en verre soufflé de Bohème des années 50 sont montés avec des perles tibétaines en bronze doré et cristal de roche de l’Himalaya. « J’ai toujours voulu créer un lien entre les cultures et mes bijoux expriment ce lien. ».  Tout est dit pour cette créatrice dont les bijoux au-delà de l’exotique affichent une originalité folle au cœur du salon.

 

 

La poésie en héritage

 

Frédérique Matteï ferait presque passer la créatrice chinoise Feng J pour classique…Cette dernière nous déroute malgré tout, dans la lignée des joailliers chinois avec leur goût évident pour la poésie et les pierres précieuses hors normes. A l’inverse des gemmes ultra colorées de Wallace Chan, Anna Hu ou Cindy Chao, Feng J choisit des tons pastel, presque transparents, pour ses compositions éthérées. Les gemmes semblent suspendues grâce au serti flottant qu’elle a imaginé. Un fil d’or quasi invisible entoure le rondiste de la pierre et retient celle-ci avec de minuscules griffes, donnant un aspect aquatique et léger à de sublimes papillons, une broche fleur de Gengko ou encore un diadème. La joaillerie chinoise s’inspire très souvent de la nature et des contes (comme celui de Liang Shanbo et Zhu Yingtai, qui vivent un amour impossible et tragique et se transforment en deux papillons). Feng J y reste fidèle.

 

Les bijoux de la créatrice, qui n’a que 36 ans, s’arrachent déjà aux enchères. Après deux pièces d’exception parties respectivement à 2,6 et 1,7 millions de dollars chez Philipps, sa bague Fountain on fire a été vendue récemment plus de 1,6 millions € par Sotheby’s HK.

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Les grandes signatures

 

En écho à ces créateurs contemporains, de nombreuses pièces plus anciennes de Cartier, Boucheron, Van Cleef & Arpels, Mauboussin, Fred, Chaumet, David Webb, étaient exposées chez Bernard Bouisset, Martin du Daffoy, Larengregor et Orpheo. Si Bernard Bouisset confie son coup de cœur pour une bague en diamant de Suzanne Belperron (certifiée par Olivier Baroin, expert de la marque) ou un bracelet Fred en cabochons de chrysoprase et de corail délicatement rosé, son espace regorge de trésors minutieusement classés par époques, de l’art déco, souvent non signé – les bijoux ne portaient pas toujours de signature, leur style, unique, était leur sceau – aux années 1970. Ambiance différente chez Martin du Daffoy qui a voulu mettre en avant des créations, signées ou non, comme cet étonnant diadème des années 40 en platine et diamants au travail d’une grande finesse mais d’origine inconnue, auquel il a ajouté des festons de perles de culture. Il côtoie un ravissant nécessaire de Van Cleef & Arpels en 3 ors, entièrement ciselé à la main. « J’ai recherché des pièces de bon goût, très travaillées, destinées à des collectionneurs qui aiment l’élégance à la française, à l’époque où les marques n’étaient pas si importantes » dit-il. Un plastron attire l’œil, réalisé par le joaillier libanais Yessayan dans les années 70. Souple comme une étoffe grâce à des centaines d’heures de travail d’atelier, il représente une colombe en saphirs et diamants prenant son envol. « Cette colombe est une allégorie de la paix, ce choix m’a paru intéressant à l’époque dans laquelle nous vivons » ajoute Martin du Daffoy.

 

FINE ARTS & LA BIENNALE aura réuni 17 000 visiteurs en novembre 2022.  La prochaine édition aura lieu du 21 au 26 novembre 2023 au Grand Palais Ephémère de Paris. Contraint cette année encore par une surface restreinte au Carrousel, le Salon a toutefois déjà gagné sa place parmi les grands Salons d’art. Il devrait monter en puissance lorsqu’il réintégrera le Grand Palais rénové, ce qui lui permettra peut-être de s’ouvrir davantage sur l’international.

 

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Photo à la Une : © Feng J


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