L’ex créateur de Gucci et Yves Saint-Laurent, qui avait retrouvé son indépendance en 2004, a présenté la collection ultime de sa marque. Celle-ci avait été vendue en novembre dernier à Estée Lauder. Le résultat est un concentré intense des talents multiples de celui qui a donné ses lettres de noblesse au porno-chic et à la fonction élargie de directeur artistique.
Tom Ford tourne avec éclat la page de la mode.
Il vient d’orchestrer la dernière collection portant son nom, mise en valeur par une campagne et une vidéo marquante, toutes deux réalisées par Steven Klein.
Cette collection est présentée comme un “hommage à la femme”. Mais c’est le créateur texan au physique parfait, qui avait rêvé de devenir acteur à Hollywood avant d’étudier l’architecture et le stylisme, qui occupe dans la campagne le rôle de vedette centrale. Même si, tel un James bond de la mode, le sexy sexagénère (61 ans) vêtu d’un costume et de lunettes noires, partage la scène avec plusieurs des mannequins qui ont émaillé plus récemment son parcours brillant : de Amber Valetta à Joan Smalls en passant par Karlie Kloss, Karen Elson, Caroline Trentini… La mise en scène assumée autour d’un mâle alpha blanc, n’a pas du forcément plaire aux tenants du Woke…
13 ans de création et même plus…
L’autre vedette de cette campagne est un échantillon select de modèles inspirés de ses 13 ans de création féminine à son nom, mais aussi en partie de ses grandes années chez Gucci (de 1980 à 2004) et Yves Saint Laurent (2002 à 2004) : robes coupées en biais et drapées, pantalons léopard, robes ou maillots de football pailletés…Les observateurs éclairés ont notamment reconnu la robe blanche à capuchon portée par Gwyneth Paltrow aux Oscars de 2012 ou le plastron du printemps 2020 arboré par Zendaya aux Critics Choice Awards.
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Dans la campagne de photos, Tom Ford observe les mannequins, posant dans des boîtes en verre, dans une mise en scène plutôt voyeuriste. Dans la vidéo, les muses, également installées dans une cage de verre, semblent se désespérer du départ de Tom Ford, toujours sous le regard intense de ce dernier, qu’on devine intense derrière ses lunettes sombres. Vêtues de noir, à la manière de futures veuves qui n’ont rien de joyeuses, elles se contorsionnent de douleur. Et ce pendant que Karen Elson donne le la de ces pleureuses glamour, en chantant un air tragique d’opéra.
Retrait anticipé
Ses fans auront tous reconnu le style du créateur qui se retire donc définitivement du jeu de la mode, plus tôt que prévu. Au moment de l’annonce de la vente de sa marque à Estée Lauder pour 2,8 milliards de dollars, il était question que Tom Ford reste aux manettes du style jusqu’à la fin 2023. Après ce départ anticipé, les spéculations se concentrent sur le nom de Peter Hawkings, déjà créateur des vêtements pour hommes de Tom Ford, qui pourrait désormais le remplacer à part entière…
Quant à Tom Ford lui-même, beaucoup s’attendent à ce qu’il consacre désormais ses talents et sa notoriété de créateur à ce monde du cinéma qu’il a déjà commencé à explorer. En 2009, il avait réalisé un premier long-métrage, A Single Man, couronné de plusieurs prix. Son deuxième film, Nocturnal Animals, réalisé en 2016, avait moins fait l’unanimité. Pas de quoi décourager un créateur qui s’est frotté aux dures lois de la mode, où un succès n’est jamais assuré à l’avance…Quand il avait pris les rênes d’Yves Saint Laurent, Tom Ford avait ainsi fait l’objet de critiques, y compris de la part du couturier éponyme. Et ce malgré son succès inaltérable chez Gucci.
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Photo à la Une : © Tom Ford