Un “visa” payant pour le Royaume-Uni

Le gouvernement britannique souhaite, dans la continuité du Brexit, renforcer son contrôle aux frontières. Ainsi, dès avril 2025, les européens désireux de visiter le Royaume-Uni devront au préalable obtenir une autorisation numérique payante nommée ETA.

 

 

La perfide Albion a encore frappé. 

 

Non content de s’extraire de l’Union Européenne le 1er octobre 2021, consommant ainsi le Brexit, voilà que notre voisin britannique s’américanise, durcissant les conditions d’entrée sur son territoire, par souci sécuritaire. 

 

Le ministère de l’intérieur britannique a ainsi annoncé le mercredi 11 septembre étendre l’obligation d’une autorisation numérique payante à 86 pays. 

 

A compter du 2 avril 2025, les touristes, voyageurs d’affaires européens (et autres fans de la série The Crown) devront se munir du précieux sésame pour espérer approcher Big Ben, la National Gallery, les studios Harry Potter, Madame Tussauds et autres trésors so british…

 

A cette date, seuls les détenteurs d’un passeport britannique et de la République d’Irlande en seront exemptés. 

 

Une entrée à 12 euros

 

Si les européens n’avaient pas à se plier aux mêmes contraintes que les qataris, premiers à avoir expérimenté le “visa” ETA (“Electronic Travel Authorisation”) en novembre 2023, l’ensemble des touristes sera bientôt logé à la même enseigne. Ainsi, après les pays du Golfe (notamment Arabie saoudite, Qatar et Emirats arabes unis) en février dernier, les Etats-Uniens et canadiens devront à leur tour s’y conformer, juste avant les européens

 

Les touristes venus d’outre-Atlantique pourront néanmoins réaliser leur shopping de Noël comme d’habitude,  leur demande ne pouvant intervenir qu’à partir du 25 novembre prochain pour une application effective dès le 8 janvier 2025

 

Mais que les esprits chagrins se rassurent : les européens, dont les français, seront les derniers à être concernés par la mesure et pourront donc, en conséquence, notamment profiter du plus grand pop up store jamais conçu par Selfridges pour les fêtes de fin d’année. 

 

En effet, ce n’est qu’à compter du 2 avril 2025 que les français auront l’obligation de se munir d’un “visa” ETA pour se rendre au Royaume-Uni. Les demandes de ce document pourront être formulées dès le 5 mars 2025. 

 

A l’instar de l’ESTA (Electronic System for Travel Authorization) valable aux Etats-Unis pour toute entrée de courte durée sur son territoire, il faudra débourser la somme de 10 livres sterling, soit 12 euros pour obtenir le fameux laissez-passer. 

 

Un frein pour le tourisme ?

 

Le dispositif s’adresse aux visiteurs qui « n’ont pas besoin de visa pour entrer au Royaume-Uni dans le cadre de séjours de courte durée, ou qui n’ont pas le statut d’immigrant britannique avant leur voyage », précise Visit Britain.

 

Sont ainsi concernés les touristes et voyageurs d’affaires, enfants, bébés et voyageurs, y compris en transit. 

 

Le gouvernement britannique se veut toutefois rassurant et insiste sur la simplicité et la rapidité de délivrance du fameux sésame : maximum 72 heures

 

La démarche pouvant être réalisée “rapidement et facilement” sur l’application mobile “UK ETA App”, disponible sur les catalogues d’application de smartphones ou même directement en ligne sur le site du gouvernement britannique. Plusieurs informations seront demandées, en particulier celles présentes sur le passeport, et d’autres relatives au séjour. 

 

Le ministère de l’intérieur estime que la numérisation du processus ne peut qu’“aider à accélérer la légitimité de séjours au Royaume-Uni”. 

 

Comme l’ESTA américain, l’ETA est valable deux ans après sa délivrance. Il permettra de voyager à plusieurs reprises vers le Royaume-Uni pour des séjours n’excédant pas 6 mois.

 

Bien qu’il soit trop tôt pour le dire, la nouvelle mesure pourrait dissuader le tourisme en Angleterre. Or, le pays voit déjà ses flux touristiques dans une tendance baissière depuis quatre ans. En effet, si 40,9 millions de touristes ont visité l’Angleterre, l’Ecosse ou le Pays de Galles en 2019, ils n’étaient plus que 38 millions en 2023. 

 

Sans compter que le retrait, post-Brexit, de la détaxe sur les achats de voyageurs extra-européens a porté un coup ces dernières années à son shopping de produits de luxe, au profit d’autres pays. 

 

Le Center For Economics and Business Research chiffre cette baisse de fréquentation comme un manque à gagner de 2,8 milliards de livres sterling (3,3 milliards d’euros) pour l’année 2024

 

Volonté sécuritaire ou riposte à l’UE ?

 

L’ETA qui, malgré les apparences, n’est pas un visa à proprement parler, s’inspire fortement de l’ESTA américain, mis en place par le département de la Sécurité intérieure des États-Unis afin de permettre aux ressortissants de certains pays de se rendre chez l’Oncle Sam sans visa pour une période de 90 jours maximum consécutifs sur place.

 

Pour le gouvernement britannique, la mise en place de la procédure ETA trouve sa justification dans le fait de “renforcer la sécurité [intérieure] grâce à la nouvelle technologie et de moderniser le système d’immigration”.

 

Mais derrière la volonté du Royaume de digitaliser l’ensemble de ses frontières d’ici la fin de l’année 2025, se cache également comme une riposte à l’ETIAS européen

 

En effet, l’Union Européenne compte exiger à compter du printemps 2025 que les britanniques souhaitant traverser l’espace Schengen se munissent d’un Etias (“European Travel Information and Authorisation System”). 

 

Moins coûteux que l’ETA britannique, il coûtera 7 euros pour une validité de trois ans

 

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Photo à la Une : © Unsplash

Victor Gosselin is a journalist specializing in luxury, HR, tech, retail, and editorial consulting. A graduate of EIML Paris, he has been working in the luxury industry for 9 years. Fond of fashion, Asia, history, and long format, this ex-Welcome To The Jungle and Time To Disrupt likes to analyze the news from a sociological and cultural angle.

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