Viva Technology (Vivatech), plus grand rassemblement d’Europe dédié à l’innovation et à l’écosystème des startups tech, est de retour à Paris, Porte de Versailles du 22 au 25 mai. Parmi les tendances annoncées sur le Salon, l’intelligence artificielle se taille une nouvelle fois la part du lion parmi les 2500 exposants attendus.
Pour cette 8e édition, les organisateurs de Vivatech espèrent faire mieux qu’en 2023, où le Salon avait attiré plus de 150 000 personnes sur quatre jours…Il avait alors surpassé la fréquentation du CES de Las Vegas, jusqu’alors plus grand évènement mondial dédié à la tech.
Le calendrier ajoute toutefois un défi supplémentaire : contraint par les Jeux olympiques de Paris, Vivatech, d’ordinaire organisé mi-juin, a dû avancer la tenue de sa grand-messe de la tech en mai. Une période défavorable comme le rappelle le co-fondateur de Vivatech et président du conseil de surveillance de Publicis Groupe, Maurice Lévy, dans la mesure où “il y a énormément d’assemblées générales, de board meetings et autres réunions.”
Le retour de ce que celui-ci nomme “l’exposition universelle de la tech et du digital” sera l’occasion de découvrir les dernières solutions tech et les innovations de grands groupes comme LVMH, L’Oréal, La Poste, Orange, Microsoft, Meta ou encore SNCF.
Le Japon est, après la Corée et l’Inde, le pays mis à l’honneur de cette édition 2024, avec la présence exceptionnelle de Hiroshi Mikitani, le pdg du géant du e-commerce Rakuten.
L’IA au coeur des débats
Malgré l’absence – largement commenté – de Sam Altman, pdg et fondateur d’OpenAI (ChatGPT, Dall-E, Sora…) l’intelligence artificielle s’annonce pour la deuxième année consécutive comme la technologie phare de cette nouvelle édition. Alors qu’elle connaît depuis 2022 un engouement particulièrement fort auprès des entreprises et des grands groupes, elle disposera ainsi d’un espace dédié baptisé AI Mile.
Les organisateurs annoncent ainsi que 37% des partenaires du Salon comptent recourir à l’intelligence artificielle, tandis que, selon les mots de Maurice Lévy, “il n’y a pas une entreprise clé de l’IA qui ne sera pas représentée à Vivatech.”
Seront ainsi au rendez-vous Yann LeCun (Meta), Arthur Mensch (Mistral AI) ou encore Yoshua Benjio, Prix Turing pour ses recherches en intelligence artificielle. Elon Musk, l’iconoclaste patron de Space X, Tesla, X (ex-Twitter), Neuralink et surtout X.ai assurera une session de questions-réponses en visioconférence le 23 mai. OpenAI ne sera pas en reste, puisque son COO, Brad Lightcap, tout comme son responsable expérience développeur, Romain Huet, seront également présents.
La présentation du nouveau modèle multimodal GPT-4O, loué par son pdg Sam Altman pour sa vitesse et son coût divisé par deux, a cependant été éclipsée par une série de scandales. En parallèle de la scène de Build, conférence annuelle de Microsoft, le principal actionnaire de ChatGPT, l’actrice américaine Scarlett Johansson a accusé OpenAI d’avoir copié sa voix, stoppant net le projet “Sky” et le nouveau mode vocal. Jan Leike, un ancien responsable de l’équipe chargé de prévenir les éventuels dangers de cette nouvelle technologie, a quant à lui choisi de claquer la porte de l’entreprise déplorant une priorité aux « nouveaux produits tape-à-l’œil » au détriment de la sécurité. Malgré cela, Sam Altman se veut rassurant, en insistant sur son modèle qu’il juge “suffisamment sûr”.
Dans le même temps, seize des plus grandes entreprises mondiales de l’IA, dont OpenAI, Google DeepMind, Anthropic, Microsoft, Amazon, IBM, Meta, Mistra AI et Zhipu-ai ont signé mardi 21 mai à Séoul, lors de la deuxième édition du AI Safety Summit, un accord visant à oeuvrer pour garantir la sécurité de la force de la calcul du modèle. A terme, il s’agira de s’entendre sur les “risques jugés tolérables” ainsi que sur les seuils à respecter. L’accord suit l’entente de 25 pays, officialisée en novembre dernier lors de la première édition du AI Safety Summit à Bletchey Park au Royaume-Uni. Concomitamment à cette annonce, le Conseil Européen a ratifié le AI Act, loi pionnière visant à harmoniser à l’échelle européenne les règles en matière d’intelligence artificielle et conditionnant l’accès aux marchés et les règles contraignantes en fonction de la typologie des risques encourus. Adopté à l’unaminité, le texte entrera en vigueur en 2026. Considérés comme faisant courir des risques inacceptables, les systèmes d’IA comme la manipulation cognitivo-comportementale, le score social et la police prédictive seront interdits au sein de l’UE.
De nombreuses entreprises et grands groupes comme L’Oréal et LVMH ont toutefois décidé d’anticiper les risques de confidentialité et de compliance inhérente à l’intelligence artificielle, en particulier générative, en entraînant leurs propres modèles.
Si les Etats-Unis et la Chine font toujours la course en tête, la France peut se targuer de disposer d’un écosystème dynamique représenté par Mistral AI. Nouveau membre Next40/Frenchtech 120 (indice de performance des startups françaises réservés à 40 jeunes pousses), cet alter-ego de ChatGPT, fondé en avril 2023 vient d’annoncer une levée de fonds de 600 millions d’euros et le début d’un partenariat avec Microsoft. Autre pépite héxagonale du secteur, Holistic AI a quant à elle annoncé lever 220 millions de dollars. La France dispose de 80 laboratoires de recherche, 600 startups et 3500 emplois liés à l’intelligence artificielle.
Soucieux de faire de Paris la troisième place forte mondiale de l’IA, le gouvernement français s’engage à apporter un financement supplémentaire de 400 millions d’euros dans le cadre du plan France 2030 afin de soutenir 9 Clusters IA (sites universitaires et de recherche). L’Etat souhaite passer de 40 000 talents formés chaque année à 100 000, dont 20 000 en formation continue. Il s’agit également de doubler les commandes publiques avec un objectif d’un milliard d’euros d’achats d’ici 2027.
Durabilité, mobilité et sport
A côté de l’intelligence artificielle, le Salon promet des thématiques plus conventionnelles mais tout aussi importantes.
La Sustainable Tech – technologie durable – qui vise à réduire l’impact environnemental du numérique et des technologies – sera ainsi également au centre des discussions. À l’instar de l’IA, un espace intitulé “Impact Bridge” occupe 10% de la surface du Salon. En pleine ébullition, le secteur prévoit un doublement des investissements d’ici 2027. Un signe de très bon augure alors que le secteur a levé 51 milliards de dollars en 2023, un record.
Autre sujet clé, la mobilité est une fois encore largement représentée avec la présence de groupes comme Stellantis et Airbus. Seront ainsi abordés de nombreuses innovations, qu’il s’agisse des voitures électroniques, des solutions de transport de marchandises écologiques ou encore des taxis volants comme ceux de Volocopter, qui survoleront le ciel de Paris durant les jeux olympiques. Tesla compte ainsi se servir du Salon comme un tremplin pour promouvoir son véhicule utilitaire cybertrunk. Enjeu phare de la mobilité et des smart city, les solutions logistiques sont également de la partie.
Les sociétés chinoises et françaises Hypershell Technology et German Bionic présentent ainsi leur exosquelette capable de faciliter le port de charges lourdes, diminuant les dépenses énergétiques du corps de 30 à 40%. Autre exposante : Wingcopter, prix startup allemande de 2023 a développé un drone capable de transporter sur de longues distances des colis de 5 kilogrammes, contenant par exemple des médicaments et des produits alimentaires.
En cette année olympique, la devise officielle des Jeux “Plus vite, plus haut, plus fort” sied parfaitement à cette nouvelle édition qui verra aussi de nombreuses solutions dédiées à la pratique sportive et à la santé. La startup toulousaine I-Percut, fondée en 2020, présentera ainsi son sac de frappe connecté, adapté à la pratique de tous types de boxes : française, anglaise, thaï, kickboxing ou MMA, comme le précise son site. Son invention lui a permis de décrocher l’innovation award “fitness & sport” au dernier CES de Las Vegas. De son côté, la startup ukrainienne Esper Bionics, connue pour distribuer sur le front russo-ukrainien ses prothèses bioniques pour remplacer des membres amputés, exposera également.
L’édition 2024 de Vivatech sera enfin marquée par la présence d’investisseurs stars. Ainsi, les sœurs Séréna et Vénus Williams, joueuses de tennis internationalement reconnues, feront ainsi le déplacement, fortes de leur participation dans la fintech Shares, plateforme de gestion de portefeuille et de placement financier.
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Photo à la Une : © Viva Technology