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Petite histoire du luxe: Charles Frederick Worth, père fondateur de la haute-couture parisienne

Petite histoire du luxe: Charles Frederick Worth, père fondateur de la haute-couture parisienne

Charles Frederick Worth, grand couturier français d’origine britannique du 19ème siècle, est connu pour avoir fondé en 1858 la première maison de couture, la maison Worth. Retour sur l’histoire du père fondateur de la haute-couture parisienne.

 

Charles Frederick Worth est né le 13 octobre 1825, dans une famille modeste d’Angleterre, vivant dans la ville de Bourne. Il fait ses premiers pas dans l’univers de la mode en tant qu’apprenti chez deux marchands de textiles londoniens, et cette expérience lui permet d’acquérir de nombreuses connaissances sur le monde de la couture.

 

Le jeune homme se découvre alors une passion, découlant de ses balades à la National Gallery où il développe une fascination pour les portraits de la royauté, et particulièrement pour les robes majestueuses d’une autre époque, portées par les femmes de la haute bourgeoisie. Ces étoffes anciennes font naître les premières esquisses de ce qui façonnera l’esthétique révolutionnaire de Charles Frederick Worth, ce juste milieu entre une vision avant-gardiste et tournée vers l’avenir de l’art de coudre et des codes empruntés à la mode du passé.

 

Portrait de Charles Frederick Worth, en 1892

 

En 1845, alors âgé de 20 ans, Charles Frederick Worth s’installe à Paris et décroche un poste chez Gagelin, une importante entreprise de textile et de prêt-à-porter. D’abord simple vendeur, Worth gravit les échelons de la société grâce à son efficacité et son sérieux, jusqu’à se voir attribuer la direction de la division couture. Il fait ainsi ses premiers pas dans la couture professionnelle, à un poste qui lui permet de laisser exprimer toute sa créativité au service de son art.

 

Ses créations au sein de l’entreprise Gagelin ne passent pas inaperçues et très vite, la haute société parisienne s’arrache ses créations. Son travail est alors exposé en 1851, lors de l’exposition universelle de Londres, puis celle de Paris en 1855. Ces expositions sont récompensées par des prix qui contribuent à forger la réputation de l’entreprise Gagelin, mais aussi celle de Worth lui-même. Ce succès grandissant lui permet d’ouvrir la première maison de couture de l’histoire en 1858, avec un associé, Otto Bobergh et qui sera situé au 7 rue de la Paix.

 

La maison Worth au 7 rue de la Paix, à Paris.

 

Charles Frederick Worth était considéré comme un visionnaire, précepteur des futures tendances, il possède une conception de la création qui lui est propre à l’époque: il ne confectionne pas les modèles sur demande des clients comme c’était le cas pour les autres couturier, mais ses créations sont le fruit de son génie et de son inspiration personnelle. C’est ainsi qu’est née la première maison de couture de l’histoire, la maison Worth.

 

Sa femme, Marie Vernet, portait les créations imaginées par son époux et faisait tourner les têtes de toute la capitale, devenant ainsi la première mannequin professionelle de l’histoire, une révolution pour la mode en matière de communication. Charles Frederick Worth peut librement exprimer sa passion et il décide de présenter ses collections lors de défilés, façonnant le cycle de la mode en adaptant les pièces présentées aux saisons (automne/hiver et printemps/été). Le couturier impose sa vision de la mode à ses clientes venant de tout l’Europe, et séduit même les plus hautes sphères sociales.

 

Portrait de l’Impératrice Eugénie, vêtue d’une robe Worth, par Jean Marius Fouque d’après Franz Xaver Winterhalter. Crédit © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Michel Urtado.

 

Le succès de Charles Frederick Worth intervient durant le Second Empire, sous Napoléon III. L’empereur souhaite que la capitale impériale qu’est devenue Paris reflète la richesse du pays pour tous les pays voisins. Le luxe et la mode possèdent alors une place inédite depuis la Révolution Française, et la vision très noble de la mode que diffuse Worth obtient alors les faveurs de la femme de Napoléon III, Eugénie de Montijo, qui influencera la cour entière à se procurer les dernières créations du grand couturier. L’impératrice Eugénie est alors conquise par le travail de Worth, et elle passera de nombreuses heures dans sa boutique à imaginer ses futures tenues.

 

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Dans les années 1860, le succès de Charles Frederick Worth est à son apogée. Le créateur est alors le premier à exporter ses pièces vers l’étranger, exposant ses modèles dans les grandes boutiques de Londres ou même de New York. Le génie des créations de Worth ira même jusqu’aux oreilles de la très célèbre Élisabeth de Wittelsbach, aussi surnommée Sissi L’impératrice. Pour l’impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, Charles Frederick Worth confectionna une pièce unique: la “Robe aux Étoiles”, qu’elle portera lors d’un bal en 1864. “Élisabeth était éblouissante de beauté […]. Je n’ai jamais encore vu quelqu’un produire un tel effet. Elle arborait une robe blanche brodée d’étoiles et portait dans ses cheveux ses célèbres étoiles de diamants, à la gorge un bouquet de camélias”, dira même l’archiduc Louis-Victor.

 

Sissi l’Impératrice portant la “Robe aux Étoiles” de Charles Frederick Worth, sur un portrait peint par Franz Xaver Winterhalter, en 1865.

 

Lorsque la Belle Epoque s’installe à Paris, les créations du grand couturier Charles Frederick Worth continuent de faire parler d’elles. Elles attirent notamment l’attention de la princesse Pauline de Metternich, l’épouse de l’ambassadeur d’Autriche, qui tenait un salon littéraire parisien très fréquenté par la haute société. La comtesse de Greffulhe, qui a servi de modèle à Marcel Proust pour le personnage de la duchesse de Guermantes dans À la recherche du temps perdu, et qui entretient une relation proche avec la famille impériale de Russie, est elle aussi conquise par l’art de la maison Worth. La danseuse et espionne Mata Hari est elle aussi apperçue arborant une création de Charles Frederick Worth.

 

Le grand couturier meurt le 10 mars 1895, et lègue la maison Worth à ses deux fils, Gaston-Lucien et Jean-Philippe. Ses créations, elles, perdurent encore et resteront à jamais une source inépuisable d’inspiration pour tous les passionnés de la haute-couture. Sa vision avant-gardiste et innovante de la couture et de ses codes influence encore aujourd’hui les créateurs du monde entier. La plupart de ses robes sont aujourd’hui conservées dans de grands musées et galleries d’art, aux quatre coins du monde, à la manière de pièces historiques et oeuvres d’art.

 

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