En arpentant les rues de Paris, on se trouve souvent devant ces femmes à l’allure rebelle et à la phrase poétique et politique. Ces femmes, l’œuvre de l’artiste Miss Tic, délivraient un message engagé. Retour sur son parcours.
Miss Tic est décédée dimanche 22 mai, à l’âge de 66 ans. Radhia Novat, de son vrai nom, est née d’un père immigré tunisien et d’une mère normande, et a commencé à diffuser ses oeuvres en 1985 dans les rues de la Butte-Montmartre, où elle a grandi, du Marais, de Montorgueil et de la Butte-aux-Cailles.
Dans les années 1970, elle découvre le théâtre de rue puis, au début des années 1980, séjourne aux Etats-Unis où éclôt le graff, une branche de la culture hip-hop. De retour à Paris, elle a l’idée d’intervenir dans l’espace public en voyant les peintures d’étudiants des Beaux-arts, affichés dans la rue. S’inscrivant dans un mouvement artistique naissant, elle choisit la technique du pochoir pour multiplier rapidement les interventions et la visibilité de ses œuvres. Nourrie de poésie, elle trouve son style en écrivant des poèmes auxquels elle ajoute des portraits de femmes, d’abord des autoportraits puis des figures inspirées des magazines, de la publicité ou encore de la mode.
Le pseudonyme Miss. Tic vient du personnage du même nom, la sorcière de la « Bande à Picsou » créée par Carl Barks pour Disney. Après de longues années d’ennuis avec la justice, le tag ou le pochoir étant considérés comme une détérioration de biens, elle finit par attirer l’attention des grandes marques dans les années 2000, notamment dans le milieu de la mode (Kenzo, Louis Vuitton).
Ses œuvres sont aussi repérées par les galeries d’art, notamment la Galerie du Jour, propriété de la créatrice de mode Agnès B. , l’une des premières à l’exposer. “Ne relevant ni tout à fait de l’histoire du street art, ni tout à fait de celle du graffiti”, pour le spécialiste du street art et commissaire d’exposition au Palais de Tokyo, Hugo Vitrani, Miss. Tic est à part. “Elle représente une veine poétique de l’art de la rue, avec ses jeux de mots mis en dessins.” poursuit-il.
« Je venais du théâtre de rue, j’aimais cette idée de l’art dans la rue« , expliquait en 2011 à l’AFP la plasticienne. « Je me suis dit : d’abord je vais écrire des poèmes. Puis : il faut des images avec les poèmes. J’ai commencé par des autoportraits, puis j’ai continué vers les autres femmes« , ajoutait alors celle qui avait l’art des mots, telle cette citation: « J’enfile l’art mur pour bombarder des mots coeurs« .
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Sur ses réseaux sociaux, l’annonce de sa mort est accompagnée d’une photo dans son atelier. “J’avais beaucoup de respect pour son parcours”, souligne sur Twitter, Christian Guémy, alias C215, une autre figure du street art français, saluant “l’une des fondatrices de l’art du pochoir”. “Ses pochoirs devenus iconiques, résolument féministes, continueront longtemps à poétiser nos rues”, a réagi sur Twitter la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak.
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Photo à la Une : © Le Parisien/ Miss Tic ADAGP 2022