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Diplômée en Arts Graphiques et formée au maquillage professionnel à l’École Christian Chauveau Paris, Anne-Caroline Ayot est maquilleuse depuis plus de 25 ans sur les shootings et défilés de mode et Haute Couture.
Grâce à ses talents artistiques, elle s’est lancée il y a 4 ans dans l’illustration en mélangeant l’encre, l’aquarelle, le collage et la photographie pour créer des œuvres uniques, poétiques et vibrantes. Nous l’avons rencontré peu avant la Fashion Week pour échanger sur ses techniques et sa vision de l’Art.
Pourquoi avoir choisi le maquillage et la mode ?
Cela s’est fait un peu par hasard. Après mes études, j’ai travaillé dans une agence de publicité pendant quelques années. Et les journées entières enfermées derrière un écran d’ordinateur m’ont fait ressentir un manque. J’avais besoin de créer en utilisant mes mains. Étant attirée par la mode depuis toute petite, à la naissance de mon enfant j’ai décidé de reprendre mes études dans le maquillage. Le passage à l’école a été une première étape. Les rencontres ont fait le reste. J’ai rapidement commencé à assister des grands maquilleurs. Et maintenant, cela dure depuis 25 ans.
Sur votre Instagram annecaroline.arts nous pouvons voir nombreuses de vos illustrations. D’ailleurs, votre dicton est : « Maquilleuse le jour, illustratrice la nuit ». Ces deux formes artistiques semblent tout aussi importantes pour vous. Pourtant la création dessin n’est pas votre travail premier. Qu’est-ce qui vous anime dans cette dernière ?
De la même manière que pour le make up, il y a quelques années j’ai de nouveau ressenti ce manque, comme une petite frustration. Si j’aime énormément mon travail, les relations que je noue, le changement perpétuel de la mode, l’émulation collective d’une équipe au service de designers, de photographes, de Grandes Maisons… j’avais besoin de développer un travail plus personnel. Et de me réapproprier le temps. Quand on est maquilleuse, notre temps est imparti. Il est très court : une heure, voire deux au maximum. Ici j’ai le temps. Celui de me questionner, de faire des recherches, des croquis, des compositions de motifs et des associations de couleurs pour exprimer les images qui me viennent et leur donner vie sur papier.
Comment l’illustration est-elle venue à vous ?
J’ai toujours fait du dessin, de la peinture à l’acrylique, même de la sculpture. Mais c’est lors d’un shooting de Haute Couture pour Vogue que j’ai eu le déclic. L’illustrateur Pepe Munoz était présent pour dessiner les robes. Je ne sais pas ce qui m’a attiré en voyant ses illustrations mais le lendemain de la séance je ressortais mes vieux pinceaux pour me lancer. J’ai commencé à bricoler mes créations et je ne me suis plus arrêtée depuis 4 ans.
Pouvez-vous nous parler de votre démarche artistique ?
Tout n’est pas complètement défini ni définitif. A mes yeux, c’est comme un voyage. Je peux avoir des idées et me perdre en cours de route. Bifurquer vers l’inattendu est ce qui me plaît. J’aime me relier à l’instinctif puisque je n’ai pas de cahier des charges, contrairement au maquillage. Ne répondant pas à une attente, je peux me laisser aller à mon intuition. C’est cette découverte de moi-même qui m’anime. Mais en général, après les recherches, je me lance dans le croquis. Puis je rajoute des éléments. Mes créations sont souvent un mélange de dessin, d’encre, d’aquarelle et de collage. Mais rien n’est figé. Je suis en constante évolution dans ma recherche artistique. Cependant le dessin est primordial. S’il est mauvais, le résultat ne sera pas là.
Ensuite, vient l’encre. La partie très imprévisible. Car j’utilise l’encre en eau sur eau. C’est à dire que par endroits je mets de l’eau au pinceau sur mon papier puis je dépose un peu d’encre, ce qui crée des effets. Cette partie est très technique car l’eau a ses propres lois. Il y a des bonnes surprises, parfois des mauvaises. Et lorsque je veux plus de détails, j’utilise l’encre directement sur papier, comme pour les yeux. Je suis très attentive au regard.
Ensuite j’ajoute des éléments de collage, des fonds de couleurs, des graphismes, des motifs que j’ai prédécoupés…. En ce moment j’ai une obsession pour les reflets donc je travaille beaucoup avec des papier brillants, réfléchissants, dorés ou argentés. Et au moment où je prends la photo, je m’amuse avec les réflexions. Le résultat est toujours un peu magique, de l’ordre de l’illusion. Je me permets quelques retouches post-création de temps en temps. Ce qui fait qu’en voyant le résultat les gens ne comprennent pas totalement les différents processus de création. Je brouille un peu les pistes. On vit dans un monde dans lequel on veut tout comprendre. Le mystère, c’est sympa aussi.
Vos techniques de maquillages influencent-elles votre travail ?
Bien sûr. J’ai l’impression de travailler mes illustrations comme je travaille les visages pour des photos de mode. Elles ont toutes une histoire à raconter. Et cette histoire commence toujours par un visage, une personnalité. Puis je construis autour la lumière, son style, son essence. Le fait qu’ensuite je prenne des photos et que je m’autorise toutes formes de transformations rejoint un peu les séances de shootings. Donc oui, mon parcours m’influence grandement.
En tant qu’artiste make-up, pour qui travaillez-vous ?
Je travaille pour de nombreuses marques de mode, de cosmétiques et pour des magazines. Et je travaille aussi depuis 20 ans avec Pat McGrath. Je fais tous ses défilés. Donc quand je suis sur Paris, je travaille pour des Grandes Maisons telles que Louis Vuitton, Chloé… Là, je pars pour la Fashion Week de Milan, je serai sur les défilés de Prada ou encore de Valentino.
Qu’est-ce qui vous plaît dans cette profession ?
Tout me plaît : la recherche, le travail d’équipe, adapter le maquillage sur le visage, l’excitation, le challenge, l’adrénaline. Car tout doit être parfait pour l’heure du show. Puis le résultat final, le défilé, ce n’est que de la joie et de la satisfaction.
Auriez-vous des conseils à donner à ceux qui veulent se lancer dans la création ?
Oser, travailler, se lancer. C’est l’occasion de se faire confiance. De faire confiance à son intuition, son ressenti, chercher sa singularité. Je comprends qu’au début on puisse copier pour apprendre. Mais le but est de trouver sa patte. C’est cette authenticité-là qui va toucher l’autre.
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Photo à la une : © Anne-Caroline Ayot[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]