À l’occasion de la Fashion Week de septembre 2023, la Maison Messika a présenté sa dernière collection de Haute Joaillerie. Échange avec Valérie Messika, la créatrice de la marque, autour de l’univers de cette ligne.
Parlez-nous du thème et de l’univers de cette nouvelle collection ?
Pour cette collection, je me suis inspirée de l’univers des années 70 et 80, de l’atmosphère de la nuit et des nights clubs, avec cette période du Studio 54, où tous types de personnes mais aussi des personnalités comme Diana Ross ou Andy Warhol, se retrouvent pour danser et passer un moment joyeux, avec une forme de liberté.
Midnight Sun, c’est le Soleil de Minuit. La façon pour moi de le représenter était de me challenger et d’utiliser beaucoup de diamants jaunes. Mais j’ai aussi beaucoup aimé jouer avec la liberté que j’ai en tant que designer, expérimenter différents styles, différentes esthétiques et différents matériaux, comme les perles. C’était d’ailleurs la première fois que je travaillais une parure avec des perles. Je les connais très bien car je les ai étudiées au début de ma carrière, elles ont un caractère un peu « old-fashion » qui me rappelle ma grand-mère.
J’avais la volonté de repousser mes limites et de me surpasser pour créer quelque chose de cool avec les perles. J’ai donc créé des pièces avec de beaux dégradés de perles grises. Mais vous verrez aussi des chaines de corps avec des perles, des bandeaux pour les cheveux. J’essaye toujours de créer des pièces plus jeunes avec beaucoup de styles.
Lors du défilé, une pièce avec un diamant jaune de plus de 30 carats a été présentée : pouvez-vous nous donner les détails de cette pierre, d’où vient-elle et comment a-t-elle été sublimée et intégrée au bijou ?
C’est un magnifique diamant jaune Sud-Africain de presque 35 carats, taille radiant. Ce diamant est vraiment exceptionnel, en termes de pureté mais aussi par sa couleur irradiante et par ses dimensions impressionnantes. J’ai voulu rendre hommage à son éclat et créer une monture très originale avec un collier en forme de col en or brossé, sur lequel une ligne de diamant vient s’enrouler et soutenir la pierre. Une parure très solaire !
Quelles sont les autres pièces emblématiques de cette collection de Haute Joaillerie ?
J’ai vraiment essayé pour cette collection de travailler les perles et leur redonner une certaine modernité, avec des portés assez forts comme des chokers, des bijoux de cheveux, ou des bodychains. J’aime beaucoup le choker avec les trois lignes de perles grises en dégradé. Il est presque sexy et très sensuel, avec son contraste entre la douceur des perles et la monture très graphique des diamants.
J’ai aussi travaillé les fleurs. Ce n’est pas vraiment mon domaine, c’est très romantique, mais j’ai vraiment voulu aborder de nouveaux styles. Il y a cette superbe bague trois doigts assez simple, où j’ai mixé le pavé, l’or et parfois même les couleurs.
Comment avez-vous pensé le défilé ? Du passage de Carla Bruni au show d’Ava Max ?
Le dénominateur commun entre ces deux personnes est qu’elles incarnaient ce côté festif, un mélange des genres. Une mannequin et chanteuse qui est une ancienne Première Dame et bien évidemment une icône de la mode, avec une pop star américaine. Je voulais quelque chose de gai, de coloré, un peu comme les pétillantes bulles dans le verre de champagne.
Comment les tenues ont-elles été choisies ?
Pour la première fois, j’ai pu travailler directement avec la personne qui a désigné les tenues, Nix. C’était une « écriture à trois », avec aussi la styliste, Helena Tejedor. Je voulais vraiment créer un look effortless, un peu sexy et stylé, mais surtout avec l’idée de connecter les bijoux et les vêtements ensemble, comme avec des ceintures par exemple.
Je voulais créer des designs qui parfois connectent le vêtement directement au bijou. Vous avez dû voir ce superbe jean baggy, assez loose, customisé avec de la peinture or. C’était une toute nouvelle expérience qui m’a permis de rendre hommage à l’alchimie entre les vêtements et les bijoux.
Quel est l’ADN distinctif de Messika en tant que jeune Maison face à des marques historiques ?
Quand Messika est entrée dans l’industrie, je pense qu’on a vraiment inspiré les gens, on leur a offert quelque chose de nouveau. Ce qui est très flatteur car j’étais jeune, face à une page blanche, et j’ai vraiment essayé de repousser mes limites en termes de créativité.
Face à des marques historiques, ma seule histoire, c’est celle du diamant. Quand j’étais une petite fille et que mon père rapportait des diamants à la maison, il me laissait jouer avec et les porter sur ma peau. J’avais donc la volonté de casser les codes déjà établis et notamment briser cette idée que le diamant est éternel.
Oui, il est éternel, mais ça ne veut pas dire qu’il faut le laisser dans les coffres et qu’on ne peut pas le porter au quotidien ! Je voulais le désacraliser, le rendre un peu plus sexy et féminin au quotidien, et que les femmes se l’approprient comme un accessoire de mode qu’elles peuvent s’acheter elles-mêmes. Je veux qu’elles puissent porter leurs bijoux et leurs diamants tous les jours et pas seulement pour certaines occasions.
Que ce soit une façon pour elles d’exprimer leur propre style et leur personnalité. Je dirai que Messika a rendu le diamant plus abordable, plus rock, facile à porter et parfois même plus audacieux, et pas seulement pour les femmes d’ailleurs.
Quels sont vos projets pour la suite en Haute Joaillerie ?
Mon ambition est de continuer à faire des bijoux de Haute Joaillerie qui soient contemporains, modernes, portables. Parce que je pense que si Messika Haute Joaillerie existe, c’est justement parce que nous sommes différents. Nous faisons une Haute Joaillerie qui donne du style et qui est versatile selon les différents contextes.
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Photo à la Une : Valérie Messika ©Nicolas Gerardin