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Bernard Tapie, investisseur frénétique

Bernard Tapie, investisseur frénétique

Bernard Tapie s’est éteint ce dimanche 3 octobre à l’âge de 78 ans. Une vie remplie de nombreuses carrières : homme politique, patron de l’OM, mais aussi d’équipes de cyclisme et de voile, animateur de télévision, acteur de cinéma et de théâtre, écrivain ou encore chanteur. Un CV long comme le bras pour celui qui restera pour beaucoup un homme d’affaires incontournable.

 

L’homme d’affaires aux succès mitigés

 

Businessman flamboyant depuis les années 1980, Bernard Tapie a, au cours de sa vie, multiplié les investissements. Ces cibles préférées : les entreprises au bord du gouffre, proches de la faillite. Si il se démène pour sauver des emplois perdus d’avance, le parcours de Tapie dans les affaires aura été semé d’embuches. Les endettements, les liquidations et les affaires judiciaires prendront le dessus sur les succès de l’homme d’affaires. Rares sont les sociétés qu’il a réussi à faire prospérer comme il le souhaitait.

 

On peut par exemple citer le cas de Manufrance, dont Bernard Tapie obtient l’exploitation en 1980. L’entreprise, icône de la vente par correspondance française, est en train de péricliter. L’opération fait la notoriété médiatique de l’homme d’affaires, mais rapidement, la situation lui échappe. Le plan de restructuration qu’il propose est refusé par les élus locaux et les syndicats, et l’entreprise se doit d’être liquidée en 1986.

 

La Vie Claire, Terraillon et Testut sont d’autres noms synonymes de déception pour le magnat français des affaires. Dans le cas Testut, l’échec va encore plus loin, car Bernard Tapie est condamné en 1996 pour abus de biens sociaux pour sa gestion de l’entreprise.

 

 

En revanche, la société Look, rachetée en 1983 par Bernard Tapie pour un franc symbolique, reste une vraie réussite entrepreneuriale. Sous sa houlette, le fabricant de fixations de ski et d’accessoires de vélo prospère en lançant la pédale de sécurité, avec laquelle Bernard Hinault gagne le Tour de France en 1985.

 

Le passionné de sport

 

Si Bernard Tapie aime les affaires, il apprécie également le sport, dont il est un véritable passionné. Au fil des années et surtout au cours des années 1980, il s’investit dans plusieurs domaines sportifs. Il constitue notamment une équipe cycliste autour de Bernard Hinault, et s’attaque aussi au domaine de la voile en rachetant le voilier Phocéa au navigateur Alain Colas, qui bat, en 1988, le record de la traversée de l’Atlantique Nord en monocoque avec équipe.

 

Mais Bernard Tapie restera surtout associé à l’univers du football. Il rachète l’Olympique de Marseille au milieu des années 1980, un club au bord du gouffre. Grâce à sa gestion, le club reprend des couleurs, et gagne même la Ligue des Champions en 1993 face au AC Milan, qui reste à ce jour la seule édition remportée par un club français.

 

Adidas, la synthèse

 

Fort de tous ses succès, Bernard Tapie décide de reprendre, à l’aube des années 1990, l’équipementier sportif allemand Adidas, en grande difficulté financière, pour un 1,6 milliard de franc, soit 362 millions d’euros. Bernard Tapie, qui considère Adidas comme étant « l’affaire de sa vie », met en place un plan de restructuration comprenant la délocalisation d’une partie de la production en Asie, la redéfinition des politiques commerciales et la relation avec les distributeurs, ainsi que la mise en place d’une nouvelle identité visuelle, plus moderne. L’entreprise se révèle peu à peu grâce à la stratégie Tapie et devient de nouveau rentable à partir de 1993.

 

 

Devenu ministre de la ville, Bernard Tapie charge le Crédit Lyonnais de revendre Adidas pour 2,1 milliards de francs, soit 441 millions d’euros, à un groupe d’investisseurs. Cette vente débouchera sur la fameuse affaire du Crédit Lyonnais, au terme de laquelle un arbitrage attribuera 285 millions à Tapie en 2008 (403 millions avec les intérêts), arbitrage annulé pour fraude en 2015.

 

Bernard Tapie laisse derrière lui l’image d’un homme d’affaires frénétique et aventureux, bien que la réussite n’ait pas toujours été au rendez-vous. Mais malgré cela, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il est indéniable que son tempérament de feu et ses légendaires coups de gueule ont marqué les français, marquant le milieu des affaires comme personne avant lui.

 

 

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Photo à la Une : © Getty Images


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