Le workwear, du vêtement de travail à la véritable tenue de luxe

Devenue une réel source d’inspiration pour les créateurs et stylistes, le workwear fait désormais partie des looks ultime dans le prêt-à-porter de luxe. Comment ces vêtements professionnels conçus originellement pour des usages spécifiques et des métiers précis, sont devenus au fil du temps une des tendances les plus adoptées. Voici l’évolution des pièces les plus iconiques du workwear.

 

La salopette, tenue emblématique de chantier

 

Loin le temps où la salopette était uniquement réservée aux professionnels de chantier. Créée comme vêtement de travail en 1844, il n’aura pas fallu longtemps à cette pièce pour devenir omniprésente dans le dressing unisexe. 

 

La pièce a tout d’abord été imaginée par le lyonnais Louis Lafont, puis perfectionnée et brevetée en 1896 par le petit-fils de celui-ci. À ce moment là, elle est surnommée “largeot”, pour prendre le nom ensuite de »406″ avant d’être récupérée par Levi Strauss. 

 

Le fondateur de Levi’s revisite alors la salopette à son goût et en jean bien entendu. Dès lors, c’est la révolution industrielle du XXème siècle pour le dressing des professionnels : véritable uniforme des travailleurs, elle est adoptée en masse dans les entreprises automobiles, l’agriculture, le monde ouvrier…

 

 

C’est à partir des années 20 que la pièce séduit la gente féminine et devient rapidement une pièce unisexe, qui se décline en jean ou dans des matières plus sophistiquées.

 

Patte d’eph, moulante, parfois courte, la salopette connaît sa seconde jeunesse durant les années 70, elle fait d’ailleurs la couverture de Vogue mais devient aussi la tenue iconique de Coluche qui se l’approprie : un modèle rayé bleu et blanc de chez Oshkosh trouvé en friperie.

 

Dans les années 80, elle connait son succès auprès de Lady Di, qui porte la pièce aux matchs de polo du prince Charles ou dans les jardins de sa maison de Highgrove. La salopette est ensuite adoptée par d’autres membres de la famille royale mais aussi par Mr.T. 

 

À partir des années 90 et jusqu’à maintenant, la salopette est devenue omniprésente dans le vestiaire des célébrités : portée plus large, on la voit à la télévision dans des séries américaines comme « Le Prince de Bel Air » ou encore « Sauvés par le gong ».

 

Ces dernières saisons, c’est en cuir, en jean boyfriend, ajustée, loose, et sous toutes ses formes que la pièce est appréciée.

 

 

Le vêtement qui tient son nom du vieux français « salope » signifiant crasseux connait un succès depuis plus de 170 ans qui ne lasse pas : chaque saison, cette pièce sait se réinventer et nous séduire.

 

Les débardeurs, sous les bleus de travail

 

À l’origine, les débardeurs n’étaient que de simples tissus portés par les ouvriers, notamment sur les ports, sous leur bleu de travail. Leur fonction ? Absorber la sueur de ces derniers.

 

 

Le mot « débardeur » vient d’ailleurs du verbe « débarder », qui consiste à décharger des marchandises à quai.

 

Traditionnellement, le débardeur est 100% en coton, même si avec l’évolution des techniques textiles, il en existe désormais en toile mélangée intégrant du modal ou de la laine. 

 

C’est le premier vêtement de travail à avoir été accaparée par la mode féminine et non masculine comme on aurait pu le penser.

 

Il devient un vêtement clé dans le combat féministe. Vêtement de l’intime, dévoilant les formes du corps, le débardeur dévoile des connotations sexuelles qui brouillent les limites entre ce qui est vu et ce qui est caché, entre masculin et féminin.

 

C’est durant les années folles que le débardeur devient un vêtement phare des femmes qui le porte « à la garçonne », sans soutien-gorge et avec un pantalon moulant. La “débardeuse” forge alors l’image de la femme forte et indépendante, libérée des carcans des vêtements féminins contraignants.

 

Leur utilisation s’étend : Coco Chanel détourne la marinière de son usage professionnel lors de ses escapades. Marie-Laure et Charles de Noailles, qui reçoivent sur les hauteurs d’Hyères, remettent un débardeur de sport à chacun de leurs invités pour profiter de la piscine, du squash et des toits-terrasses de leur villa moderniste signée Mallet-Stevens.

 

Par la suite, le débardeur connait également un franc succès auprès des stars du cinéma et de la musique. Qui n’imagine pas Freddy Mercury sur scène avec son iconique marcel ou encore le célèbre Bruce Lee. 

 

Le jean, pièce originelle 

 

Depuis plus de cinquante ans, le jean est la seule pièce que le monde entier porte sans exception, il est tellement porté d’ailleurs que l’on a rapidement oublié ses cent précédentes années où il n’était que le pantalon de travail pour les garçons d’écurie, terrassiers et autres chercheurs d’or de l’Ouest américain. 

 

À l’époque, ses doubles surpiqûres et ses rivets n’avaient pas été ajoutées dans un but esthétique mais pour solidifier la pièce.

 

Le terme « jean » est apparu dans les années 1800 en référence à un tissu de coton sergé utilisé dans la confection de pantalons. Mais très rapidement, le nom du textile est devenu par extension celui donné au vêtement.

 

 

Les jeans connus mondialement ont été brevetés en 1873 par Jacob Davis, tailleur, et Levi Strauss, propriétaire d’une entreprise textile spécialisée dans la vente en gros et basée à San Francisco.

 

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Ils étaient à l’origine fabriqués dans deux tissus différents, de la toile brune et du denim bleu, mais la création du modèle 501 en 1890 confirma la prédominance du denim.

 

Au fil du temps, le jean a connu de nombreuses améliorations, adaptations, versions, et, au cours des deux derniers siècles, a été adopté par les mineurs, les cow-boys, les célébrités hollywoodiennes, les rebelles, les rock stars, et la haute couture.

 

 

À noter que jusqu’en janvier 2022, la Cité des sciences et de l’industrie expose son histoire et son évolution dans l’industrie de la mode.

 

De bleu de travail à la veste de ville 

 

Le bleu de travail est le premier vêtement professionnel à être massivement adopté par les travailleurs, quel que soit leur métier, durant la révolution industrielle. Les tabliers ne suffisant plus pour la sécurité, c’est cette veste qui a pris leur place.

 

 

Au 19ème siècle, le bleu de travail se compose uniquement d’une simple blouse et d’une ceinture. Par la suite, il prend la forme de combinaisons de travail et de cottes à bretelles. Ces nouvelles salopettes bleu de travail sont jugées plus pratiques et plus protectrices. 

 

Puis au fil du temps, le bleu évolue jusqu’à prendre la forme la plus commune de nos jours : une tenue de travail en deux pièces, composée d’une veste professionnelle et d’un pantalon bleu de travail. 

 

En 1968, le bleu de travail dépasse les frontières traditionnelles de l’usine pour habiller les étudiants. Il est également adopté par les grandes marques de mode, où il fut revisité pour devenir une véritable pièce de créateur.

 

De nos jours, le bleu de travail est toujours utilisé dans un cadre professionnel mais il est également revisité par de nombreux créateurs et marques de prêt-à-porter qui le détournent en un vêtement vintage et tendance.

 

 

 

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Photo à la Une : © Presse


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