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Qatar : une France sous influence ?

Qatar : une France sous influence ?

Le Qatar exerce une influence croissante sur la France, avec des investissements massifs dans divers secteurs économiques et culturels. Doté de ressources financières considérables, le royaume bordant le golfe Persique utilise son fonds souverain pour étendre son influence à l’échelle mondiale, y compris en France. La récente visite d’État de l’émir du Qatar en France souligne l’importance des liens économiques, diplomatiques et culturels entre les deux pays.

 

Situé en bordure du golfe Persique, le Qatar est un pays légèrement plus petit que la région Île-de-France. Doté d’importantes réserves en hydrocarbures, principalement en gaz naturel, le pays a connu une croissance exponentielle à la fin des années 90. À l’heure actuelle, le Qatar dispose d’un fonds souverain totalisant plus de 450 milliards de dollars, répartis dans divers secteurs d’investissement. Ces domaines couvrent un large éventail, allant de la compagnie aérienne Qatar Airways au club de football du Paris Saint-Germain.

 

La France, qui tente de se construire une position stratégique mondiale avantageuse, n’hésite pas à se tourner vers ce bloc puissant pour construire des alliances. L’Hexagone se positionne d’ailleurs en tant que premier investisseur européen au Qatar, avec des investissements totalisant neuf milliards de dollars répartis dans des secteurs tels que l’énergie, l’aéronautique, les infrastructures et le tourisme.

 

Les 27 et 28 février dernier, l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, a ainsi effectué une visite d’État en France qui a mis en lumière les relations étroites entre les deux nations. Cette visite, la première du genre depuis 15 ans, témoigne de l’importance accordée par le Qatar à son partenariat avec l’Hexagone. Elle « constitue un honneur fait à la France et illustre la profondeur des liens qui unissent nos deux pays », a souligné l’Élysée.

 

L’émirat qatari a notamment annoncé des engagements d’investissements massifs en France, à hauteur de 10 milliards d’euros d’ici 2030. Ceux-ci se concentreront sur des secteurs innovants tels que la transition énergétique, les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle et la santé. Cette initiative vise à renforcer les flux d’investissements bilatéraux, soulignant ainsi l’importance croissante de la relation économique entre les deux pays.

 

Notons que les deux nations s’apprêtent également à revitaliser leurs relations culturelles, avec une visite à venir de la ministre française de la Culture, Rachida Dati, au Qatar.

 

Un accord pour la paix

 

Au cœur des discussions entre l’émir et le président français, Emmanuel Macron, se trouvaient les efforts pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza. Le Qatar, jouant un rôle central dans les négociations, s’engage à faciliter la libération des otages palestiniens, tandis que la France met l’accent sur la priorité absolue de la libération de ses ressortissants détenus par le Hamas.

 

Les deux dirigeants « ont reconnu l’urgence et la nécessité d’une augmentation significative de l’accès et des flux d’aide humanitaire dans l’ensemble de la bande de Gaza », souligne l’Elysée. Les deux pays ont ainsi signé une déclaration d’intention pour une coopération humanitaire renforcée, incluant un engagement conjoint de 200 millions d’euros en faveur des Palestiniens. Par ailleurs, l’Élysée a annoncé qu’à destination d’Al-Arish, une ville égyptienne voisine de Rafah, trois avions-cargos franco-qataris ont été affrétés, transportant une aide humanitaire et médicale. Cette assistance comprenait 75 tonnes de fret, dix ambulances, des provisions alimentaires et près de 300 tentes familiales.

 

Cette visite d’État revêt une importance particulière dans le contexte des défis géopolitiques actuels. En tant que médiateur influent dans la région du Moyen-Orient, le Qatar apporte une contribution essentielle à la résolution des conflits et à la promotion de la stabilité régionale. Son partenariat économique avec la France ouvre de nouvelles perspectives de croissance et de coopération dans des secteurs clés de l’innovation et du développement durable.

 

Le football, nerf culturel du Qatar

 

Mis à part la diplomatie, le pays riverain de l’Arabie saoudite dispose de nombreuses cordes à son arc qu’il souhaite activer pour renforcer son influence. La Qatar Investment Authority, un fonds souverain alimenté par les revenus du gaz, permet au pays d’investir toujours plus et dans tous les secteurs à l’international. Et le modèle qatari n’hésite pas à s’appuyer sur le sport. Depuis quelques années, le pays accueille de grands événements sportifs, dont l’exemple le plus marquant a été la Coupe du Monde football en 2022.

 

 

La visite d’État de l’émir a été marquée par des événements culturels et sportifs. Le dîner d’État a réuni des personnalités du monde du sport, de l’économie et de la culturel. Cette rencontre illustre parfaitement la dimension multifacette de la relation franco-qatarie, englobant à la fois les domaines diplomatique, économique et culturel.

 

Parmi les invités figuraient notamment le célèbre footballeur français Kylian Mbappé, le président du Paris Saint-Germain, Nasser Al-Khelaïf, le chef cuisinier Alain Ducasse ainsi que les PDG de LVMH, Qatar Airways et Airbus.

 

Un attrait marqué pour l’immobilier parisien

 

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L‘immobilier de la capitale française a aussi fait l’objet de nombreux et généreux investissements de la part du Qatar. Rappelons que l’émirat détient une participation de 11 % dans le groupe Accor, gestionnaire de nombreux hôtels en France. Mais surtout, au cours des vingt dernières années, le Qatar a acquis plusieurs adresses prestigieuses à Paris.

 

C’est le cas du célèbre Grand Hôtel, érigé en 1861 sur le boulevard des Capucines dans le 9e arrondissement, qui a accueilli des personnalités éminentes telles que Proust et Maupassant. Absorbé par le groupe qatari Constellations en 2014 pour 330 millions d’euros, l’hôtel est désormais connu sous le nom d’Intercontinental.

 

 

En 2007, le gouvernement français a vendu l’Hôtel Peninsula, situé dans le 16e arrondissement, à la société Katara Hospitality, une filiale du fonds souverain qatari. Le Royal Monceau dans le 8e arrondissement, est devenu, la même année, propriété du fonds souverain qatari. En 2010, c’est l’ancien Élysée Palace, situé au 103 avenue des Champs-Élysées, qui a été acquis par le fonds souverain. Il avait auparavant été la vitrine du groupe LVMH puis occupé par la banque HSBC.

 

 

Les adresses sont nombreuses. On relève également l’Hôtel Landolfo-Carcano, devenu le siège de l’ambassade du Qatar à Paris. Sans oublier l’Hôtel du Louvre, acquis en 2012 par le fonds souverain du Qatar, l’Hôtel Kinsky, acheté par la famille régnante du Qatar en 2006, ou encore la Maison Delano, propriété du groupe Katara Hospitality.

 

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Photo à la Une : © Instagram


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