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La grande épopée du luxe (épisode 5) : l’époque contemporaine

La grande épopée du luxe (épisode 5) : l’époque contemporaine

Le luxe a connu une évolution extraordinaire au cours des deux derniers siècles, reflétant les changements sociaux, économiques et culturels de notre monde en perpétuelle mutation. Du faste de l’ère victorienne au minimalisme contemporain, découvrez l’envol du luxe du XIXe au XXIe siècle pendant l’époque contemporaine.

 

Durant tout le XIXe siècle, le luxe entreprend une transition vers ce qui deviendra le luxe moderne. Bien qu’il continue de se nourrir du soutien de l’État (rois, empereurs, Républiques à travers les expositions universelles), il élargit simultanément sa clientèle à la bourgeoisie. Tout en conservant son caractère artisanal, il profite des avancées techniques et des innovations dans le domaine de la reproduction, de la chimie et du travail des matériaux. Finalement, il s’ouvre progressivement à de nouveaux domaines tels que les loisirs, le tourisme et la gastronomie.

 

Le XIXe siècle est ainsi l’âge d’or de la cuisine, grâce aux progrès techniques et aux transports qui ont favorisé l’approvisionnement et la création des marchés de produits alimentaires (comme les halles). De nouveaux produits sont consommés, tels que le foie gras, la truffe et les ananas importés, dans les restaurants qui se multiplient le long des grands boulevards parisiens. Dîner à l’extérieur devient alors une célébration et un rituel, notamment grâce au chef Auguste Escoffier à l’Hôtel Ritz. Mais le XIXe siècle est surtout marqué par deux bouleversements majeurs : la révolution industrielle, puis celle des transports.

 

 

Nouveaux transports

 

La Révolution industrielle a apporté des changements significatifs dans le domaine du luxe, notamment avec la mécanisation de la production textile et de la soie, ainsi qu’avec l’amélioration des techniques de teinture des vêtements. Au début du siècle, la mode était marquée par des lignes strictes et droites, inspirées des uniformes militaires impériaux pour les hommes, tandis que les femmes portaient des robes cintrées (serrées à la taille avec l’utilisation du corset, abandonné au début du XXe siècle) souvent accompagnées d’une petite traîne. À la fin du XIXe siècle, la mode se simplifie pour les femmes avec des lignes strictes et sportives, tandis que pour les hommes, l’habit et le haut-de-forme sont en vogue.

 

 

La mécanisation et l’utilisation de la vapeur dans la production de verres (Baccarat), d’assiettes et de vaisselle en porcelaine (Gien, Limoges) et d’orfèvrerie (Christofle) ont permis une production accrue de grande qualité, rendant ces produits accessibles à une bourgeoisie de plus en plus prospère. La Révolution des transports a, elle, d’abord eu lieu dans le domaine fluvial et maritime, avec le remplacement de la construction navale en bois par celle en métal et le remplacement des voiles par la vapeur. Les navires transportent plus de passagers. En 1842, une loi organisant la constitution de réseaux ferroviaires rayonnant en étoile depuis la capitale est adoptée, permettant ainsi la création d’un réseau ferré français structuré de 1 900 km.

 

 

Le transport n’est plus un luxe réservé à une élite et devient accessible à tous, en particulier avec l’invention de l’automobile (Panhard et Levassor, Daimler, Benz), puis de l’aviation (Clément Ader). Parallèlement,  une offre luxueuse dans la transport se met aussi en place avec la création de trains de luxe, tels que l’Orient-Express, transportant l’élite vers les palaces des stations balnéaires desservies par le train (Le Touquet, Deauville, Trouville, la Côte d’Azur, Biarritz). Pour leurs vêtements et autres effets de voyage, les passagers peuvent compter sur les bagages fabriqués par des marques comme Louis Vuitton ou Lancel.

 

Vers un luxe discret

 

L’euphorie du début du XXe siècle laisse place à l’après Première Guerre mondiale, marqué par les Années folles avec le jazz, les ballets russes et la Côte d’Azur. La classe aisée et bourgeoise aspire à l’oubli et à l’amusement. Cependant, la Deuxième Guerre mondiale met brutalement fin à cette période faste. Mais à la fin du conflit, la joie et la liberté succèdent à nouveau aux privations, marquant l’époque des artistes de Saint-Germain-des-Prés, de la Nouvelle Vague et de l’essor de la mode.

 

 

Après les Trente Glorieuses (1945-1975), le luxe adopte une approche plus conservatrice. Après avoir mis l’accent sur l’ostentatoire, le luxe devient plus discret, sobre et minimaliste. Les marques de luxe s’orientent vers des designs épurés, privilégiant la qualité des matériaux et la perfection artisanale. Cette période voit l’émergence de Maisons de couture telles que Chanel et Dior, qui incarnent l’élégance intemporelle et la sophistication discrète.

 

Grands groupes cotés en Bourse

 

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Le début des années 90 marque un tournant important avec l’émergence du luxe « marketing ». Désormais, des actions sont déployées pour adapter l’offre de produits de luxe à la demande, inversant ainsi la dynamique habituelle. En Occident, on observe alors une recherche de formes de luxe plus immatérielles ou technologiques (téléphone portable, Internet), ainsi qu’un retour à certaines valeurs traditionnelles telles que le bien-manger et les loisirs en plein air.

 

Au début des années 2000, de nouveaux marchés et consommateurs émergent, notamment les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Cela donne naissance à de grands groupes financiers et industriels cotés en bourse, possédant de multiples marques dans divers secteurs du luxe. Le plus exemplaire est  LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy), qui détient plus de 60 marques dans des domaines tels que la maroquinerie (Louis Vuitton), la mode et la haute couture (Kenzo, Fred), les chaussures (Fendi), l’horlogerie (Tag Heuer), la bijouterie (Chaumet), les parfums (Guerlain, Givenchy), les vins et spiritueux (Moët et Chandon, Veuve Clicquot, Château Yquem).

 

 

Parmi les acteurs majeurs, on retrouve également Richemont (Van Cleef & Arpels, Cartier, Lancel, Montblanc…), Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, Boucheron…), Hermès International (Hermès, Jean-Paul Gaultier, Puiforcat, Saint-Louis-Cristallerie de Paris), ainsi que des groupes spécialisés dans les vins et spiritueux de luxe tels que Pernod Ricard (Perrier-Jouët, Mumm, Cognac Martell, Chivas, Suze, Pastis 51) ou Rémy Cointreau (Cointreau, Piper-Heidsieck, Charles Heidsieck). Cette diversification des groupes permet de couvrir différents segments du marché du luxe et d’offrir une gamme variée de produits, créant aussi une compétition féroce.

 

Nouveaux enjeux de la durabilité et de l’éthique

 

Depuis le début du XXIe siècle, le luxe est fortement influencé par les préoccupations environnementales et sociales. Les consommateurs d’aujourd’hui sont de plus en plus sensibles aux questions de durabilité et d’éthique, poussant les marques de luxe à adopter des pratiques responsables. De nombreuses maisons de luxe ont pris des mesures pour réduire leur empreinte environnementale, utilisant des matériaux durables et soutenant des causes sociales.

 

 

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Photo à la Une :© Orient Express


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